AlloCiné : En quoi les approches de Paul Verhoeven et d'Ed Neumeier sont-elles différentes ?
Casper Van Dien : Edward Neumeier est très calme et n'élève jamais la voix, alors que Paul Verhoeven crie et s'agite beaucoup. C'est quelqu'un de très passionné. Il vous montre littéralement ce que vous devez faire et comment vous devez dégommer les insectes. Quand nous tournions le premier film, les insectes n'étaient pas là : du coup, c'est sur Paul que nous tirions ! Il a joué les arachnides pour nous aider... Ed était scénariste sur Robocop et Starship Troopers : il était donc sur le plateau chaque jour et a pu apprendre auprès de l'un des plus grands cinéastes actuels.
Le fait d'avoir travaillé sur le premier film vous a-t-il aidé pour mieux appréhender le travail sur les séquences CGI ?
Effectivement, ça aide. Comme ça a aidé Ed qui a écrit le deuxième film, mais dans lequel je ne jouais pas.
D'ailleurs, pourquoi n'étiez-vous pas dans le deuxième opus ?
Ils ne me l'ont pas proposé. Phil Tippett, le réalisateur de Starship Troopers 2: Héros de la Fédération, souhaitait partir dans une autre direction. Il faudrait que vous lui demandiez en fait : moi, j'étais plus que partant, tout comme Ed. Mais Phil ne voulait pas de Johnny Rico.
Voilà 11 ans que le premier volet est sorti : quel regard portez-vous sur votre évolution en tant qu'acteur ?
Sur le premier film, c'était vraiment un rêve de gosse qui devenait réalité. J'étais payé pour m'amuser comme un gosse et jouer au soldat ! Mais même si cela fait quasiment vingt ans que je fais ce métier, je m'éclate toujours autant et je suis vraiment conscient de ma chance. J'adore ce métier.
Y a t-il un acteur qui vous a pris sous son aile sur le premier film ?
Michael Ironside m'a beaucoup influencé et soutenu. De la même façon que mon personnage le fait dans le film, je le regardais souvent et je m'inspirais de lui comme acteur. Il m'a beaucoup apporté, comme Clancy Brown et Marshall Bell. Ce sont des gens dont vous vous inspirez forcément, même Rue McClanahan qui n'a tourné qu'une seule journée.
Comment s'est passé le tournage en Afrique du Sud sur ce "Starship Troopers 3" ?
Tout le monde a énormément donné, car tout le monde adore le premier film. Il y a par exemple de nombreuses citations du roman sur les décors et les accessoires. Des inscriptions que les spectateurs ne verront peut-être même pas ! C'est incroyable ce sens du détail. Même les drapeaux sur les murs... Je connais bien le roman, je le lis depuis que j'ai 12 ans, je l'ai relu pour le premier film et je l'ai re-relu pour ce film : et bien j'avais vraiment l'impression d'être au coeur du roman quand je me baladais au milieu du décor. Beaucoup de ces détails n'ont même pas été filmés, mais ça prouve la passion de cette équipe. Et du coup, c'est forcément motivant.
Ed Neumeier parle du premier film comme d'une analogie avec la Première Guerre mondiale, et de celui-ci comme d'un parallèle avec la Guerre du Vietnam...
Nous vivons une guerre sans fin. Le film pourrait aussi bien se rapporter à la guerre actuelle. Après, Ed a sa propre vision des choses, c'est normal. C'est le scénariste de la saga et le créateur de cet univers cinématographique. Sa vision n'est donc pas la même que celle du roman. Il s'est basé sur le livre, mais il a voulu apporter sa propre vision. C'est aussi un grand fan des films de John Ford et de John Wayne. Il y a donc un peu de ça aussi...
Vous êtes fan du roman. Que répondez-vous aux lecteurs qui reprochaient au premier film ses divergences avec le livre... et qui risquent encore une fois de râler avec celui-ci ?
Ed ne pouvait pas ne pas faire de lien avec le premier film. On y retrouve donc de nombreux thèmes du premier volet. J'aimerais me dire que plus jeune, j'ai adoré le roman à cause de son point de vue politique et militaire, mais je dois avouer que j'ai surtout aimé à cause des uniforme des Marauders. C'est quelque chose qui manquait dans le premier film, et que nous avons dans ce troisième volet. Je suis donc ravi.
Quels autres éléments du roman retrouve t-on dans ce nouveau film ?
Certains dialogues et le Sanctuaire.
Seriez-vous partant pour une quatrième mission ?
Plus que jamais. Egalement pour une sérié télé si cela se fait.
Une série est en projet ?
Non, mais beaucoup de gens me posent la question et je pense effectivement que ce serait une bonne idée. Je ne sais pas si on pourrait être aussi sombre quand dans les films, mais il y a clairement matière à suivre cette société militaire sur petit écran.
Comment réagissez-vous au fait que "Starship Troopers" soit soutenu par la Droite et la Gauche... pour des raisons différentes ?
Ce film parle à tout le monde. Aux pro-guerres comme aux anti-guerres. A Gauche comme à Droite. Des extrémistes aiment ce film. L'autre jour, Karl Rove (l'ancien secrétaire général adjoint de la Maison Blanche, NDLR) était dans le même avion que moi et est venu me dire à quel point il aimait le film ! A l'inverse, les verts, clairement pacifistes, ont organisé une projection à Santa Monica en disant "Nous n'avions pas vu ça à la première vision, mais regardez combien ce film est réussi : c'est un film anti-militariste". Ed et moi-même sommes même intervenus après la projection. C'était surréaliste. Et c'est étrange, car des soldats viennent me voir aussi. C'est incroyable de voir le nombre de gens qui adorent ce film : beaucoup passent à côté mais beaucoup -au sein du même "camp"- l'apprécient. Je ne sais pas comment expliquer ça. Tous les réalisateurs que j'ai rencontrés adorent. Quentin Tarantino nous en a parlé durant trois heures et demi, en nous disant à quel point c'était l'un des plus grands films jamais réalisés.
Propos recueillis à Los Angeles par Emmanuel Itier