AlloCiné : Y-a-t-il d'autres personnages historiques que vous aimeriez interpréter ?
Scarlett Johansson : Eh bien je vais jouer prochainement Mary Queen of Scots, donc la réponse est facile pour moi. C'est un peu dans la même lignée que ce film, mais quelques années plus tard. Cela me fascine vraiment de jouer de telle figures humaines ayant marqué ainsi l'Histoire.
Natalie Portman : Quant à moi je ne sais pas trop. Disons qu'il me semble que dans le passé il y avait beaucoup plus de femmes "chefs" qu'aujourd'hui. Mais aucune femme en particulier ne me vient à l'esprit en ce moment.
Dans ce film on voit une famille qui tente de “vendre” ses filles, de les caser pour s'enrichir ; on dirait que rien n'a changé aujourd'hui dans certains milieux...
Natalie Portman : Oui, c'est vrai. Je ne sens pas cette pression en ce qui me concerne, mais c'est vrai que l'on voit ce genre de mariage “arrangé” encore assez souvent dans certains milieux nobles ou dans la jet set. C'est pour ça que ce film est contemporain, moderne, et parle d'un sujet toujours d'actualité.
Scarlett Johansson : Absolument, il y a d'ailleurs toujours ce qu'on appelle le "bal des débutantes” où les jeunes gens de grandes familles sont sensés se rencontrer et sceller des amours futures qui se transformeront en mariages et alliances stratégiques. Evidemment, pour moi tout ceci et à des lieues de l'environnement dans lequel j'ai grandi.
Natalie Portman : Quand vous pensez que le mariage est un contrat legal, cela me fait frémir. D'ailleurs le mot “mari” en Anglais vient de “dominer”, “dompter”; comme si le mari était le “chef” dans un couple ! C'est épouvantable comme concept. Cette idée de “propriété de la femme”, trop longtemps présente chez les hommes, me révolte.
Pensez-vous que les jeunes d'aujourd'hui savent qui est Anne Boleyn ?
Natalie Portman : Je pense que ceux qui auront vu la série The Tudors avant de voir ce film comprendront mieux qui est qui. Mais je ne suis pas certain que la plupart des spectateurs connaissent les personnages de notre film. Moi-même je ne savais pas qui étaient ces filles avant le film.
Scarlett Johansson : Je me souviens à peine avoir étudié cette partie de l'Histoire en cours. C'est vrai qu'en dehors des spécialistes, peu de personnes reconnaitront ces personnages. La seule chose dont je me souvienne de cette période Historique et de la monarchie Anglaise est cette succession “mariage, divorce, décapitation, mariage, divorce, décapitation”... C'est tragique, non ? Etudier l'Histoire est une chose fascinante qui, je crois, permet de mieux comprendre qui nous sommes. J'espère qu'avec ma presence et celle de Natalie dans ce film, les jeunes prendront goût à l'Histoire. On dit aussi que l'Histoire se répète toujours et malheureusement c'est vrai. Voyons si elle continue de se répéter ou si nous pouvons sortir de certains cycles infernaux.
Vous êtes-vous battues pour savoir qui jouerait quel rôle ?
Scarlett Johansson : J'ai rejoint ce film est parce que je savais que Natalie avait le role d'Anne, donc nous ne nous sommes jamais battues pour savoir qui jouerait qui. De plus, c'était vraiment un rêve de jouer sa soeur et ainsi d'avoir une experience d'actrice intime avec Natalie.
Natalie Portman : Pour moi ce fut en effet assez simple : j'ai lu le script, je l'ai adoré et j'ai dit oui pour le rôle d'Anne. De plus, ma condition était que Scarlett : en fasse aussi partie. Nous voulions vraiment travailler ensemble. De plus, dans notre métier, c'est tellement rare de pouvoir jouer avec quelqu'un d'aussi talentueux que Scarlett, et qui a le même âge que moi... C'était vraiment une occasion unique.
Pouvez-vous nous en dire plus à propos de votre collaboration sur ce film ?
Natalie Portman : Ce fut un plaisir total ! Quel rêve que de travailler avec Scarlett ! C'est quelqu'un de totalement concentrée, motivée, et qui donne tout ce qu'elle a en elle. Vraiment, ce fut l'un de mes tournages favoris.
Scarlett Johansson : Et bien nous avons collaboré à 100% pendant le tournage. Même entre les scènes, nous passions la plupart du temps ensemble pour donner vraiment l'impression d'une symbiose totale entre nous, comme si nous étions vraiment soeurs. De plus, nous avons tourné le film en Haute définition, ce fut également à ce titre une experience cinématographique unique. Et puis, malgré les changements de costumes, les conditions climatiques parfois rudes et un emploi du temps bien rempli et donc fatigant, nous avons vraiment passé un moment mémorable ensemble. Je ne suis pas près d'oublier ce film et je suis prête à jouer à nouveau avec Natalie quand elle veut.
Recherchez-vous des rôles qui montrent les femmes sous un jour positif, qui les mettent en valeur ?
Scarlett Johansson : Cela m'arrive d'y penser.
Natalie Portman : Pour moi il s'agit de faire des films qui parlent aux gens, qui disent la vérité des choses. Il y a toutes les sortes de femmes sur la planète, donc pour moi c'est important d'interpréter des femmes très différentes, avec leurs forces et leurs faiblesses, leur joies et leurs peines, leur petitesse et leur grandeur. C'est vrai que parfois je suis vraiment inquiète et dégoûtée par certains scripts qui tentent d'exploiter l'image de la femme, de la déformer. Il y a tellement de scénarios avec des rôle de prostitués, de strip-teaseuses... Pouvoir jouer une femme forte est donc vraiment quelque chose de rare et de bienvenu. J'aimerais bien faire une comedie, mais à chaque fois ce sont toujours des femmes clichés, qui veulent se marier et s'habiller plus glamour que glamour. Mais bon, je ne vais pas me plaindre car dans l'ensemble, en cherchant bien, je trouve toujours un scénario qui me convient et qui me permet de me donner à fond dans mon art.
Scarlett Johansson : Je suis totalement d'accord avec Natalie. Evidemment, c'est toujours une bonne chose de montrer des femmes fortes au cinema, mais ce n'est pas ce que je cherche en premier lieu. De toute manière je vais toujours y mettre ma force. Je crois qu'il y a de la force en nous tous et dans tous les rôles qui sont écrits. C'est à chacun de se prendre en main et d'imposer cette force, cette confiance en soi.
Propos recueillis à Los Angeles par Emmanuel Itier