AlloCiné : Quelles différences y a-t-il avec le premier "Alien vs. Predator" ?
Colin Strause et Greg Strause : Tout d'abord nous avons révisé et affiné les costumes des créatures, notamment ceux des Predators. Je pense que vous les trouverez plus menaçants et agressifs. Mais Aliens vs. Predator - Requiem est la suite immédiate du précédent film donc il ne s'agissait pas de réinventer tout ce qui avait été fait auparavant.
De quand date votre envie de passer à la réalisation ?
Cela nous trottait dans la tête depuis le premier Alien vs. Predator. On avait même essayé de convaincre, en vain, la Fox de nous laisser la mise en scène. Heureusement après plusieurs films comme X-Men 3, Les 4 Fantastiques et le Surfer d'Argent et Le Jour d'après, nous avons développé de très bons rapports avec toutes les équipes créatives du Studio. Nous avons eu une semaine pour vraiment les convaincre de notre vision. Et après deux ou trois réunions nous avons finalement eu le poste. Quel rêve!
Quel a été le plus gros défi à relever?
De satisfaire tous les publics de ce type de films : à la fois les fans purs et durs qui suivent la franchise depuis les temps mémorables des films de Ridley Scott et James Cameron et un public neuf qui veut juste passer un bon moment et se défouler sans trop se prendre la tête. Ce n'était pas facile d'allier l'un à l'autre. Tout est dans le rythme : il faut une bonne dose d'effets gores toutes les 5 minutes, ou presque ! Evidemment on ne va pas mentionner le défi de réussir à créer des effets spéciaux jamais vus à l'écran, et malgré notre expérience dans ce domaine nous avons essayé d'aller au delà de ça et de réaliser un film qui vous prend par surprise à tout moment.
Par ailleurs, en tant que réalisateur il nous a fallu également donner des directives aux acteurs sur le plan émotionnel, c'était vraiment nouveau pour nous qui sommes surtout des techniciens ayant à résoudre des problèmes très terre-à-terre. En même temps c'est fascinant de travailler avec la nature humaine et non avec des créatures mécaniques ou des images de synthèse. De plus il a fallu garder une narration, comme dans les précédents films, qui se déroule dans l'obscurité, sous la pluie, afin que l'on ne puisse pas voir totalement et clairement les créatures. Car si vous les éclairez de front et en plein jour on perd l'illusion du monstre et on finit par voir l'acteur dans un costume. Il nous a fallu aussi trouver des décors à la hauteur des monstres et de leurs combats. C'est pour cela que nous avons choisi des lieux comme une usine électrique et des toits pour certains affrontements. Un autre défi que nous avons dû relever était de ne pas donner un ton trop amusant au film. Dans une même franchise, il y a parfois la tendance de ne plus se prendre au sérieux et de tout tourner à la dérision. Au contraire nous ne voulions pas faire de ce film une farce, une satire des autres films. Le défi consistait donc à garder un ton sérieux et une atmosphère effrayante. On voulait vraiment pondre un film aussi bon que le remake de Massacre à la tronçonneuse. Ce film est adulte et plus "noir" que le précédent qui était plus léger et destiné aux ados.
Pensez-vous déjà au volet suivant des combats entre Aliens et Predators ?
Absolument ! Et même s'il nous faut attendre les résultats au box-office, on parle déjà avec nos scénaristes d'un prochain épisode d'"Alien vs. Predator". Vu les progrès de la technologie et l'évolution de la franchise, nous pensons que le prochain film se passera dans l'espace. Un retour aux sources d'Alien en quelque sorte...
Comment travaillez-vous à deux sur le tournage?
Nous travaillons d'une seule voix mais deux fois plus vite ! C'est vrai que nous discutons de tout avant d'arriver sur le tournage. Une fois que l'on tourne, il n' y a aucune hésitation ni confusion. Nous sommes en accord total et c'est d'une voix commune que nous communiquons nos instructions. Ce qui est génial c'est que si l'un de nous est fatigué, l'autre peut prendre le relais. De plus nous avons tourné à Vancouver dans des conditions parfois intenses et donc c'est rassurant qu'au moins un de nous deux est là pour affronter tout ce qu'il y a à faire ! De plus nous avons eu plus de 42 lieux différents de tournage donc la fatigue s'est vite accumulée et à la fin du tournage nous étions totalement lessivés !!
La bande-originale est un mélange de la musique trouvée dans les films précédents...
Tout à fait... Et surtout d'Alien, le huitième passager et Alien 3, ainsi qu'une touche du premier Predator. C'est un peu une façon de rendre hommage à cette franchise que nous adorons... Il y a évidemment une musique originale par Brian Tyler qui vient de signer la musique du nouveau Rambo, vous allez voir, ça déménage!
Quel a été le vrai tournant de votre carrière?
Sans hésiter ce fut lorsque nous avons vu Terminator 2. Nous étions des fans depuis longtemps de James Cameron et quand nous avons vu ce film, alors que nous vivions et travaillions sur Chicago, nous avons décidé qu'il était temps de bouger sur Los Angeles et de prendre d'assaut l'industrie cinématographique ! Et à ce jour nous sommes toujours des fans de James Cameron. Et d'ailleurs nous avons eu la chance d'entretenir de bonnes relations avec lui puisque nous avons travaillé sur Titanic et Terminator 3.
Quel est le futur des effets spéciaux selon vous ?
Les effets 3D comme dans La Légende de Beowulf. On a vraiment hâte de voir ce que James Cameron va faire avec son prochain projet 3D. Et ce genre d'effets ne peut être apprécié que sur un grand écran, ce qui est rassurant quant au futur du cinéma. Grâce aux performances des machines, on pourra bientôt simuler totalement l'apparence humaine, la peau humaine, l'émotion humaine...
Propos recueillis par Emmanuel Itier