On vous sait passionné pour combattre les injustice et vous mobiliser pour les causes humanitaires, comme au Darfour. Est-ce que cela a inspiré votre personnage de Michael Clayton ?
George Clooney : J'ai grandi dans une famille très engagée et donc, forcément, j'ai ça dans le sang de me battre pour les autres ! Ma mère a été maire et mon père a fait campagne pour le Congrés Américain, et ainsi j'ai toujours été exposé à un engagement politique et social. Cet engagement a pris un poid important dans ma vie, privée et publique. Cela n'a pas forcément eu d'influence sur mon personnage qui est par nature une bête politique. Tony Gilroy, le réalisateur de Michael Clayton, m'a montré pas mal de documents sur les faits abordés dans le film. J'ai lu des documents qui disaient : "Si vous faites appel, cela coûtera 300 000 dollars, mais cela sauvera aussi 300 vies humaines. Si vous ne faites rien, vous économiserez de l'argent mais vous perdrez des vies." Donc, dans la vie, il faut oser perdre de l'argent pour sauver des vies humaines. Vous ne pouvez pas risquer de virer 30 000 personnes dans une entreprise et voir 300 personnes mourir de ceci. Ce personnage de Michael Clayton existe au-delà de moi, mais on partage les mêmes points de vue.
Avez-vous fait "Michael Clayton" parce que c'est un film à message ?
C'est l'histoire d'un type imparfait qui se rend compte de ses erreurs et tente de les modifier, de changer le cours fatal qu'il a engagé. C'est cela qui m'a vraiment fasciné avec Michael Clayton, le parcours humain de la remise en question de cet hommme, comment il pousse la limite de ce qui est moral jusqu'à un point puis revient dessus et contre-attaque contre le sytème, contre lui-même. J'aime ce genre de film même si cela a déjà été abordé au cinéma sous d'autres formes. J'aime qu'on s'attaque aux companies américaines qui sont en effet responsables de nombre de misères humaines. Parce que Michael Clayton est plein de vérités et sonne comme un cri d'alarme, j'ai répondu à ce message et c'est ce qui m'a poussé à jouer dedans.
Est-ce que ce film fait parti d'un duo politique avec "Good night, and good luck." ?
Non, pas du tout. C'est simplement un concours de circonstance que je fasse encore un film hautement politique. Enfin, ce n'est pas totalement de la circonstance puisque j'aime ce genre de film. Et puis c'est vraiment dur de trouver un bon script à Hollywood, donc quand vous tombez sur quelque chose de béton, il ne faut pas hésiter. En lisant le script de Michael Clayton, j'ai tout de suite su qu'il fallait que ce film se fasse. Cela doit partir d'une envie profonde et sincère, et à l'arrivée, vous espérez juste avoir un bon film...
Dans "Michael Clayton", il y a des tirades chocs, on dirait du George Clooney. Avez-vous participé à l'écriture des dialogues ?
J'aurais adoré prendre un crédit d'écrivain mais je dois avouer que je n'ai touché à aucun des dialogues. Quand un script est aussi bien écrit que celui-ci, il n'y a aucune raison d'y toucher. Et ce n'est pas la première fois que j'ai affaire à un script béton. Cela s'est passé de la même manière sur O'Brother et Hors d'atteinte. Vraiment, deux scripts superbement écrits. Quand c'est le cas, il faut juste se mettre au service du script et ne rien toucher.
Est-ce que ce film vous a changé en tant qu'acteur ? Qu'y avez vous mis de vous ?
Je n'ai rien eu à ajouter de George au personnage de Michael Clayton, c'était superbement écrit, comme je l'ai dit. Je fais vraiment ces films, les The Good German et autres Good Night, and Good Luck., par passion et non pour l'argent. Je les fais parce que j'espère qu'ils apportent autre chose au public qu'un simple divertissement. Ceci dit, je ne suis pas là pour prêcher et chacun y trouve ce qu'il veut.
On vit dans une société qui se soucie parfois plus du personage public, du côté people des stars, que de leur travail. Qu'en pensez-vous ?
Aujourd'hui, je ne crois pas que le problème soit uniquement pour les stars de cinema, car avec la télé on peut aussi parler de stars. Je pense que depuis toujours, les gens ont pris l'habitude de voir des Clark Gable, des Spencer Tracy, des Humphrey Bogart ou des Cary Grant jouer des rôles qui sont vraiment eux, il n'y a jamais eu vraiment de ligne marginale entre un acteur à l'écran et à la ville. Pour les gens, c'est la même chose. Peut-être que parfois les "stars" d'aujourd'hui arrivent parfois à faire oublier à l'écran qui elle sont, et encore. Et puis il y aussi les "stars" qui n'ont rien fait de notable depuis un bout de temps mais qui bizarrement joue le jeux de la "célébrité". C'est vraiment un monde bizarre. Il faut faire avec.
Comment voyez-vous la situation au Darfur évoluer ?
Je pense que cela évolue enfin dans le bon sens. Même la Chine commence à faire des remous. Depuis deux ans, les pouvoirs semblent enfin se mobiliser pour résoudre cette situation. Même le Pape tente d'intervenir en s'y rendant pour parlementer avec les décisionnaires de ce pays. Je crois que la France fait également preuve d'une grande efficacité, comme elle fait aussi preuve de bravoure en se montant contre l'Iran. Alors je veux croire que l'on va tout droit vers un traité de paix qui mettra un terme à ce génocide. Je veux y croire en tout cas.
Propos recueillis par Emmanuel Itier le 8 Septembre 2007 au Festival du Cinéma de Toronto