AlloCiné : Quel a été la genèse de ce projet très particulier ?
Robert Rodriguez : C'est Quentin qui m'a fait découvrir ce genre très spécial. Il m'a montré plein de double et triple-programmes chez lui, des choses qu'il a vues en salle gamin ou qu'il a découvertes plus tard. Je ne savais pas vraiment quoi faire avec tout ça, et puis il y a trois ans, j'ai commencé à me demander : "Ce serait pas cool de réaliser, aujourd'hui, un double-programme comme ceux de l'époque ?" J'avais envie d'essayer un truc qui emmenerait les gens au cinoche pour une expérience vraiment spéciale. Je suis devenu dingue de cette idée. Et puis un jour, j'étais chez Quentin, et par terre, il y avait l'affiche du film Rock All Night, la même que j'avais chez moi. Ca a été le déclencheur. Je me suis dit que je devais m'inspirer de cette affiche pour mon double-programme, que je devais réaliser une des parties et Quentin l'autre. Il était OK et a suggéré l'idée des fausses bandes annonces. A chaque fois qu'il me montrait ce type de show chez lui, il insérait toujours des fausses bandes annonces entre les films. L'expérience n'aurait pas été parfaite sans elles.
Quentin Tarantino : C'est vrai, je choisis ces bandes annonces que j'inclus entre les programmes, je suis un peu un maître dans ce genre de petits mix ! Je décide l'ordre dans lequel les placer. Elles sont soit en rapport avec les genres des deux ou trois programmes que je montre, ou bien en rapport avec les personnages des films, ou même carrément en rapport avec quelqu'un du public ! (rires)
Comment avez-vous décidé quel film serait joué en premier ?
Quentin Tarantino : Nous n'avons jamais véritablement réflechi à ça, c'était assez naturel en fait. Et on n'a même pas réfléchi au pourquoi du pourquoi c'était naturel ! (rires) Ce que je peux dire sur ces deux programmes, en terme de contenu, c'est que celui de Robert est un peu plus léger, il a une veine plus humoristique que le mien.
Si le film est un succès, pourrait-il y avoir des suites ?
Robert Rodriguez : C'est un concept tellement bon... Dès que nous avons eu l'idée, avec Quentin, de ce double-programme intitulé Grind House, ça a été comme un parapluie s'ouvrant et dévoilant des tas de projets possibles, un champ de possibilités énorme. Et tout, c'est vraiment très excitant.
Quel est le premier film Grindhouse que vous ayez vu ?
Quentin Tarantino : C'est une bonne question. Le premier véritable film Grindhouse que j'ai vu au cinéma, c'est ma grand-mère qui m'a emmené le voir. C'était au cinéma Gardmar de Montebello, il y avait un film qui s'appelait The Doberman Gang. Il était en double-programme avec The Twilight people de Eddie Romero, dans lequel on pouvait voir Pam Grier en femme panthère. Et c'est ma grand-mère qui m'a emmené voir ça, vous imaginez ? (rires)
Quentin, un petit mot sur votre collaboration avec Kurt Russell...
Quentin Tarantino : J'ai toujours été un grand fan de ce type. Si vous êtes de ma génération ou de celle de Kurt, et bien... C'est une icône incroyable ! C'est Snake Plissken dans New York 1997, MacReady dans The Thing, Rudy Russo dans La Grosse magouille, c'est Jack Burton, c'est est une incroyable figure de cinéma, un type que j'ai toujours adoré en tant qu'acteur. Et puis j'adorais en particulier le fait qu'il forçait sa voix, qu'il s'amusait à sonner très Clint Eastwood, très John Wayne... Il voyait le fait d'être acteur comme un vrai jeu, il s'amusait et s'amuse toujours beaucoup devant une caméra. Il a un sens du jeu que seuls les très bons acteurs peuvent posséder, c'était donc un rêve de travailler avec lui.
Propos recueillis par Emmanuel Itier