Jacques Chirac, Président de la République : "Je ressens une profonde émotion. Avec Philippe Noiret, c'est un géant qui nous quitte, l'un des maîtres de la scène et de l'écran, l'une des figures les plus marquantes et les plus attachantes du théâtre et du cinéma."
Dominique de Villepin, Premier ministre : "Il avait su saisir et exprimer quelque chose de l'âme française. Avec sa disparition, c'est toute la famille du théâtre et du cinéma français qui se trouve orpheline."
Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la Culture et de la Communication : "Philippe Noiret était une immense figure du 7e art mais aussi l'un des acteurs les plus aimés et les plus respectés des Français. En tant qu'acteur, il a contribué à écrire les plus belles pages du cinéma de ces cinquante dernières années. Sa personnalité imposante et impressionnante, capable de la plus grande tendresse et de la plus haute exigence, a imprégné les très nombreux rôles qu'il a incarnés au théâtre, comme au cinéma. Nous garderons le souvenir de son élégance, dans tous les sens du terme, de sa voix incomparable et reconnaissable entre toutes."
Bertrand Delanoë, maire de Paris : "Avec lui s'éteint un immense comédien dont le talent aux multiples facettes s'est exprimé à travers des rôles qui ont marqué le public français. Il laissera la trace d'un artiste élégant, mais aussi d'un homme de son temps dont le regard lucide inspirait un humour toujours en éveil."
Lionel Jospin, ancien Premier ministre : "C'était un immense comédien, au-delà des générations. Il avait une façon extraordinaire d'habiter ses rôles, tout en intériorité et en puissance. Et puis, il avait cette voix exceptionnelle."
Jean-Pierre Mocky, réalisateur : "C'était un homme plein de joie de vivre. Il fallait le voir, avec ses deux copains Jean-Pierre Marielle et Jean Rochefort : ils étaient comme les doigts de la main. Quand ils passaient dans la rue, c'était des géants ! Il était très studieux, Philippe, et puis, c'était un père tranquille, pas un people. Il venait aux Césars, mais pas en représentation. Il restait très bonhomme. (...) Il laisse un vide immense."
Michel Drucker, animateur : "C'est une grande page du cinéma français qui se tourne. Je pense beaucoup à son épouse Monique Chaumette et à leurs enfants. Je connaissais bien Philippe Noiret, car nous avons été voisins. On se retrouvait parfois au Café de l'Alma. Je lai souvent reçu dans mes émissions, et sa grande exigence m'a fait progresser. Il était un peu ours, il n'aimait pas trop la promo télé, mais s'il disait oui, il jouait le jeu, toujours avec tact. Il avait un humour décapant."
Jean Rochefort, acteur : "C'était un grand seigneur. Il m'a adoubé à l'élégance. Il y a quatre ou cinq jours, je suis avec lui, je rentre dans sa chambre. Il était chez lui sous la surveillance admirable de sa femme Monique Chaumette et de Frédérique, sa fille. Je suis bouleversé de le voir et il me dit : "Ah, ne pleure pas, ça ne nous ressemble pas !" Il m'a donné du courage. Au bout d'un instant, je lui ai tenu la main. On était comme deux imbéciles la main dans la main. Un jeune médecin est entré et il a souri en nous voyant, deux vieux comme ça, la main dans la main : ça m'a donné du courage, le sourire de ce docteur. Le courage de lui demander : "Est-ce que tu as peur ? Est-ce que tu es angoissé ?" Il m'a répondu : "C'est assez emmerdant comme ça, si en plus j'étais angoissé !" Pendant cette heure, il n'a cessé de me faire rire. C'est une élégance, celle d'un seigneur."
Stéphane Freiss, acteur : "Je me souviens qu'à la cantine de Chouans !, quand il vous invitait à sa table, c'était parce qu'il vous aimait beaucoup. Sinon, il ne vous invitait pas. Je le revois encore sortant ses propres couverts, puis son étui à cigares à la fin du déjeuner, et son coupe-cigares. C'était un sacré gentleman. Il y avait chez lui de la majesté, de l'élégance, de la classe. C'était un homme qui aimait les chevaux, les cigares, les beaux costumes. Mais tout le monde l'aimait. Il avait une grande popularité. C'était Monsieur Noiret."
Bertrand Tavernier, réalisateur : "C'était un ami, c'était un frère, c'était quelqu'un sur qui je pouvais compter dans toutes les aventures, et que j'ai essayé de servir en lui donnant des personnages différents. J'ai passé mon temps à pleurer, je lui dois ma carrière, c'est lui qui m'a permis de faire L'Horloger de Saint-Paul, c'est lui qui m'a soutenu quand on faisait Que la fête commence et qu'on était rejetés par beaucoup, beaucoup de distributeurs. Il a été tout le temps à mes côtés, quand on se battait pour imposer Coup de torchon, La Vie et rien d'autre. C'était un homme libre dans ses choix, dans sa manière de travailler, dans son absence de préjugés. C'était un seigneur, il était royal et je lui dois parmi mes plus belles émotions de metteur en scène et de spectateur."
Lambert Wilson, acteur : "Philippe Noiret était un homme charmant, sain, attentif à la qualité de la vie des autres et à la sienne. En tant que comédien, il était associé à l'histoire de ma famille, à travers mon père, Georges Wilson, avec lequel il avait joué au TNP de Jean Vilar. Je suis très ému d'en parler. Nombre de ses rôles m'ont marqué, en particulier Le Vieux Fusil et Cinema Paradiso. Il n'avait jamais été pris en défaut de médiocrité."
Patrice Leconte, réalisateur : "J'avais tourné un film, Les Grands ducs, avec les trois monstres sacrés, Noiret, Marielle et Rochefort. C'était un baron du cinéma. Il avait un côté notable mais avec des folies derrière, c'est ça que je retiendrai de lui."
Bertrand Blier, réalisateur : "ll a compté dans ma vie. C'était comme un deuxième père. Il avait un côté très paternel. C'était l'homme le plus délicieux, le plus charmant, le plus généreux. Il était très convivial. Il était bienveillant vis-à-vis des auteurs et des metteurs en scène, toujours prêt à prendre des risques."
Charles Berling, acteur : "C'est épouvantable, j'ai perdu un immense ami et un père. C'était un homme d'une immense culture. Avec un goût extrêmement fin, allié à une grande joie de vivre. Il était hors clan, hors norme, hors des sentiers battus."
Pierre Arditi, acteur : "J'éprouve une immense tristesse, c'était un ami. J'avais tourné avec lui dans Pile ou face, en 1980, avec Robert Enrico. Il était fin, cultivé, grâcieux, élégant et tout cela ressurgissait dans sa manière de jouer. Pour moi, il faisait partie de la bande des trois acteurs cultes avec Rochefort et Marielle."
Christian Clavier, acteur : "Sur le plateau, d'entrée, Philippe Noiret m'avait beaucoup impressionné par son élégance, son allure de gentleman, son humour, mais aussi par sa voix énorme."
Ornella Muti, actrice : "Philippe était un grand acteur, une qualité que nous avons eue la chance d'apprécier en Italie. C'était un compagnon de travail incroyable, de grande classe, généreux, une personne délicieuse."
Clément Cuyer avec AFP et Le Parisien