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    "Friends with Money" : rencontre avec Nicole Holofcener

    A l'occasion de la sortie de la comédie dramatique "Friends with Money" ce 27 septembre, AlloCiné a rencontré la réalisatrice Nicole Holofcener. Morceaux choisis...

    AlloCiné : En étudiant votre carrière, on peut remarquer que tous vos films tournent autour des femmes et en dressent des portraits très intimes. Etre vous-même une femme vous aide t-il à parler de la condition de votre sexe dans la société et au sein de la famille ?

    Nicole Holofcener : Non, absolument pas. Je ne pense pas à ça quand j'écris. Je pense à ma vie, à mes amis, mais pas à la condition de la femme. Je pense juste au regard que je porte sur la vie. C'est effectivement un regard de femme, mais ça en reste là.

    "Friends with Money" parle aussi de l'argent et de son impact au coeur des relations amicales et amoureuses. Que pensez-vous du proverbe : "L'argent ne fait pas le bonheur" ?

    Je pense que c'est vrai. Mais en même temps, je pense que plus de gens pourraient accéder au bonheur s'ils avaient plus d'argent. On peut être heureux sans argent, mais nous n'avons pas alors les mêmes opportunités que ceux qui en ont. Par conséquent, dire que l'argent ne sert à rien est complètement stupide et fou. Cependant, il est évident que l'argent ne peut pas acheter le bonheur. Ce que je veux dire dans mon film, c'est que parfois l'argent peut énormément aider. Si vous avez un bon mariage, des enfants que vous aimez et que vous avez de l'argent... Oh mon Dieu ! Quelle vie ! Il y a tellement d'opportunité de voyager, d'être généreux, de vivre une vie magnifique...

    Votre film se focalise surtout sur les points de vue féminins. Pensez-vous que "Friends with Money" se destine alors à un public essentiellement composé de femmes ?

    Pas de mon point de vue. Je pense que c'est très réaliste, mais évidemment les femmes iront voir Friends With Money plus que les hommes. Je pense malgré tout que les hommes l'apprécieront de la même manière. J'ai déjà eu de bons échos masculins par rapport au film. La promotion du film s'est effectivement focalisée sur les femmes. Vous savez une affiche avec quatre femmes dessus... Mais je pense que tout le monde peut apprécier ce film, ce n'est pas un film fait uniquement pour les femmes.

    Dans ce film, le personnage d'Olivia (Jennifer Aniston) est le seule qui connaît des difficultés financières en opposition à ses amies. Pensez-vous qu'une véritable amitié soit possible entre des personnes ayant un statut social différent ?

    Je pense que c'est possible, mais qu'en vieillissant cela devient plus difficile. Les gens grandissent en prenant des directions différentes. Par exemple : tous mes amis proches ont des enfants, et d'un seul coup je rencontre quelqu'un qui n'en a pas. Mes enfants font tellement partie de ma vie que c'est difficile de voir cette personne à part à chaque fois, même si je l'adore aussi. Il m'arrive de dire "emmène tes enfants", mais dans ce cas précis ce n'est évidemment pas possible. Sinon, j'ai des amis qui n'ont pas d'argent, dans ce cas de figure cela devient difficile et inconfortable lorsque l'on souhaite sortir dîner, par exemple. Si vous proposez un restaurant, ils n'ont pas de quoi payer. Si vous proposez de le faire pour eux, ils refusent. Alors on décide de faire un simple repas à la maison. Ce n'est pas évident, mais si vous aimez vraiment cette personne, vous arrivez à trouver un moyen pour la garder dans votre vie. Vous trouvez d'autres points communs, d'autres liens qui vous unissent. Je pense que les problèmes d'Olivia (Jennifer Aniston), dans Friends With Money, sont tellement gros et différents par rapport à ceux de ses amies que cela créé un grand fossé entre eux, mais ce n'est pas tant lié à l'argent.

    En parlant des personnages de votre film, vous avez à cette occasion rassemblé un casting impressionnant. Comment avez-vous choisi vos acteurs ?

    Catherine Keener est mon amie et une brillante actrice, j'ai écrit le personnage de Christine en pensant à elle. Elle a ensuite lu le script et a tout de suite voulu participer. Elle était prête à jouer tous les personnages, mais je voulais absolument qu'elle incarne Christine. Et je pense d'ailleurs que son personnage était le plus dur à jouer. Frances McDormand a vu Loving and Amazing, je l'ai rencontrée et elle voulait être dans mon nouveau film. Ce fut la même chose pour Jennifer Aniston. Donc ça s'est fait plus ou moins tout seul. Et pour Joan Cusack, je désirais travailler avec elle depuis quinze ans déjà. Je la trouve si drôle et vulnérable. J'ai fait des tas de listes, j'ai parlé à plusieurs personnes, il a tout de même fallu du temps pour que le casting se forme. Pour les hommes, Simon McBurney qui joue Aaron a été le rôle le plus dur à trouver. Je ne savais pas qui je voulais pour ce personnage. C'est Frances McDormand qui le connaissait et nous a présentés. Dès que je l'ai rencontré, je l'ai voulu pour ce rôle. Il est Aaron ! Il a un coeur énorme, tellement homo mais pourtant complètement hétéro ! (rires) Enfin bref, il était juste parfait. Scott Caan (Mike) en le voyant passer la porte, j'ai tout de suite su... Oh mon Dieu, il était parfait. Ensuite pour les deux autres rôles, j'ai juste fait passer des auditions, jusqu'à ce que je trouve les acteurs faits pour ces personnages.

    Est-ce que vous vous sentez vous-même proche de l'un des personnages du film ?

    Pas un en particulier. Je pense que je serais plutôt un mélange de Christine (le personnage joué par Catherine Keener, Ndlr) et Jane (Frances McDormand). Mais aussi un petit bout d'Olivia (Jennifer Aniston), parce qu'elle représente toutes mes craintes concernant ma vie personnelle : que se serait-il passé si je ne m'étais pas mariée ? Si je n'étais pas capable d'écrire ? Comment je me sentirais si mes amis réussissaient dans la vie alors que je galère ? Oui, c'est donc un film très personnel, où j'ai donné beaucoup de moi-même : Je suis divorcée, j'ai des enfants, la quarantaine, de l'argent et je me sens coupable (rires) !

    Pouvez-vous nous parler de vos influences, de vos références en tant que cinéaste ?

    J'adore la filmographie et les thèmes que traite Mike Leigh. J'aime vraiment la manière dont il parle de vrais personnes, ainsi que le fait qu'il n'embauche pas des stars pour jouer dans ses films. J'aime aussi Woody Allen, Hal Ashby et surtout Martin Scorsese . Lorsque j'étais en école de cinéma, je n'avais d'yeux que pour lui. Je suis également une admiratrice des films de François Truffaut.

    Quels sont vos prochains projets ?

    Je n'en ai pas vraiment... Je suis en train d'écrire un scénario, mais c'est beaucoup trop tôt pour que j'en parle maintenant. J'ai également lu quelques livres que je trouverais intéressants d'adapter. Mais pour le moment, je ne suis sûre de rien : je suis quelqu'un de très lent ! (rires)

    Propos recueillis à Paris par Ravith Trinh et Emilie Lefort le 6 juillet 2006

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