AlloCiné : Pourquoi avoir décidé de faire du "Camping" sur grand écran ?
Fabien Onteniente : Aujourd'hui, il y a une véritable addiction à l'information, une surinformation dont le but est purement commercial. La société crée de l'événementiel, de l'extraordinaire. L'envie de faire Camping est consécutive à un ras-le-bol par rapport à cette surcharge d'informations. Je me suis rappelé de moi enfant, il n'y avait pas tout ça, le temps paraissait plus intéressant, moins hystérique, moins frénétique. Très logiquement, l'idée de renouer avec le film de vacances m'est venue, l'idée de redonner le goût du temps, celui où l'on se marre, où l'on est tout simplement bien. Et les vraies valeurs que sont la simplicité et la gentillesse se retrouvent dans le camping. Plus personnellement, Camping est pour moi comme un retour à l'enfant rieur que j'étais. Même si je n'ai pas vraiment changé ! J'adore toujours ces moments en groupe, qui sont des catalyseurs d'émotions. Je suis très sentimental, quand je quitte les gens, j'ai les boules. C'est ridicule, mais quand je suis dans le train du retour, je pleure, et ça m'arrive encore ! (rires)
Claude Brasseur : Si j'ai accepté de jouer dans Camping, c'est tout simplement parce que j'aime faire des choses différentes au cinéma. Si cette comédie est très agréable, très bien écrite, c'est le fait que mon personnage soit différent de ceux que j'interprète ailleurs qui m'a plu. C'est un personnage très populaire, avec toutes les caricatures qui peuvent s'appliquer à ce type de personnage : la casquette Ferrari, le t-shirt, les tongs...
Mathilde Seigner : Parce c'est le genre de films qui, en toute modestie, donne du bonheur aux gens. On va les faire rigoler un bon coup et leur donner un peu de soleil dans ce monde de brutes, c'est aussi simple que ça. Rien de plus. Pour moi, c'est vraiment le meilleur film de Fabien Onteniente. C'est très fort, très bien écrit, avec des répliques monstrueuses ! Pour toutes ces raisons, j'ai accepté de jouer dans le film. Et puis, c'est un bébé où nous avons tous apporté quelque chose, et ce côté familial, un peu à la Splendid, m'a vraiment beaucoup enthousiasmé. On aurait dit une vraie mafia, en fait ! (rires)
Pour participer à l'aventure "Camping", doit-on forcément être un campeur né ?
Fabien Onteniente : Pour mon cas c'est évident, je ne pouvais pas faire Camping si je n'en avais pas fait moi-même. Ce qui a véritablement fait que le film existe, c'est la présence de Franck Dubosc. Lui, il a tout de même fait du camping jusqu'à l'âge de 36 ans ! En fait, Camping était déjà en moi depuis longtemps, d'ailleurs l'action de People Jet set 2 devait même se dérouler dans un camping à la base ! Il y avait la frustration de ne pas l'avoir fait, alors se retrouver avec Franck autour d'une table, nous, deux campeurs confirmés, c'était une revanche sur le sort et un vrai bonheur. Résultat : on a mis seulement trois mois et demi à écrire le scénario, c'était très fluide.
Claude Brasseur : Oh que non ! (rires) Je ne suis absolument pas un campeur. En tout cas, je n'ai jamais fait de camping traditionnel, j'ai juste dormi à la belle étoile durant le Paris-Dakar ! (rires) On aurait pu croire que j'allais être un peu perdu, et pourtant... Moi, en tant que vieux pilier du cinéma français (rires), ce film m'a surtout donné l'occasion de faire des rencontres très agréables. J'ai fait la connaissances de deux, trois acteurs remarquables, notamment Gérard Lanvin et Mathilde Seigner. Ils sont tous les deux formidables. J'ai été très frappé par la justesse et la qualité de leur jeu, mais aussi par leur qualité humaine. Je crois en la définition d'un de mes maitres, Michel Bouquet, qui disait : "C'est l'homme qui fait l'acteur." C'est le regard de Gérard, par exemple, qui fait sa qualité d'acteur.
Mathilde Seigner : Et non ! Je n'aime pas le camping car je n'aime pas la promiscuité, être collé aux gens. Et j'aime pas les bestioles ! Mais il faut dire que mes parents n'en faisaient pas. Cela dit, je n'ai absolument aucun a priori sur les gens qui en font. Et puis même, ça doit être sympa en fait, il y a un côté trip, on se raconte l'année passée... La danse des canards, ça doit être marrant, non ? Finalement, je vais peut-être me mettre au camping ! (rires)
Qu'apprend-on au contact des campeurs ?
Fabien Onteniente : On apprend la fraternité, la solidarité populaire. Je peux bien en parler car c'est d'où je viens. Le camping, et les vacances en général, c'est une parenthèse au milieu de la frénésie du quotidien, une petite bulle de deux ou trois semaine où l'on retrouve des personnes, où tu parles, où tu échanges. Certaines personnes me disent que c'est caricatural, je leur dis non, moi je viens de là, on peut dire que j'ai la licence populaire ! Je me permet même de chambrer les campeurs, car je me sens de leur famille. Le plus important, et c'était la chose la plus importante pour Franck Dubosc et moi, c'était de les respecter.
Claude Brasseur : J'ai appris beaucoup de choses, c'était un univers totalement inconnu pour moi. Ce qui m'a étonné, c'est cette solidarité très forte qui existe entre les campeurs. Mais aussi le fait que vous croisez dans un endroit très cloisonné des personnalités totalement différentes, dont certaines sont carréments extrêmes. Mon personnage, par exemple, est un extrême, il a un sacré mauvais caractère, il est très ancré dans ses habitudes. Un peu comme moi, en fait... (rires)
Mathilde Seigner : De beaux moments, alors que je suis étrangère à ce milieu. Je me suis apercue que le quotidien des campeurs ressemblait au quotidien d'un tournage. Avec des hauts et des bas sur une courte durée. Notre tournage était explosif. On s'est éclatés, on s'est engueulés, c'est la vie. On a tous du caractère, on rigole, des fois ça pète, mais on finit tous par boire un coup, on s'adore tous. C'était vraiment un tournage familial, avec tout ce que les familles connaissent comme bons et mauvais moments. Je pense que c'est exactement pareil pour les campeurs : lorsqu'ils se retrouvent, c'est comme s'ils retrouvaient une famille.
Propos recueillis pas Clément Cuyer