Sharon la provocante
Sharon Stone : Par rapport à l'époque de Basic instinct, la notion de provocation a bien changé dans les moeurs. Hélas... Mais quoi qu'il arrive, je pense que l'une des choses les plus belles dans notre métier est d'essayer d'aller toujours plus loin. Donc, j'ai demandé qu'on remette des scènes coupées au montage final. Parce que je pensais que le côté sexuel, provocateur, faisait partie intégrante du film, mais également parce que cela renforçait le coté intense du thriller. Par ailleurs, l'humour est également très présent dans Basic instinct 2, c'est un élément essentiel au film. Je voulais qu'il soit très présent et qu'il ajoute au côté provocateur de l'ensemble.
Ce que "Basic Instinct" a changé dans sa vie...
Basic instinct a forcément bouleversé mon existence. Il y a eu des changements énormes. Dans l'immédiat, le premier changement fondamental a été que je n'ai plus du tout eu de vie privée. Il a fallu que je gère l'arrivée très rapide de ce succès. Je pensais que cela allait passer en quelques semaines... J'ai eu peur au début, mais avec le recul, en passant toutes ces années sous le feu des projecteurs, je me rend compte que le succès m'a éparpillé, mais m'a aussi apporté des satisfactions immenses. J'ai eu des opportunités que je n'aurais à l'évidence pas eues sans Basic instinct.
La nouvelle Catherine Tramell
C'est un personnage puissant. Difficile à jouer. Après avoir joué dans près de quarante films, je sais que chaque personnage possède son propre rythmle vocal, sa propre composition psychologique. Celle de Catherine Tramell est très complexe, elle est dénuée de toute compassion, elle observe, elle réfléchit. C'est une femme très dangereuse à jouer. J'espère que les spectateurs auront autant de fascination à l'observer que j'ai eu de bonheur à l'interpréter. Il m'a fallu énormément de discipline pour capter toutes les nuances de Catherine. Elle a vieilli, elle est plus sophistiquée, plus puissante intellectuellement et j'espère... toujours aussi érotique !
Après Michael Douglas, David Morrissey
Pour Catherine, la relation avec le personnage masculin est une sorte de danse, de ballet. Le casting de David Morrissey était donc primordial. C'est un acteur extraordinaire. J'avais en face de moi un danseur qui me répondait : il fallait que je sois toujours très attentive. David est tout en subtilité, ce qui fait que pour Catherine, c'est une proie, mais une proie dangereuse. Aucune danse ne serait belle s'il n'existait pas de dynamique entre les deux danseurs. Que David soit à la foie proie et adversaire ajoute à la tension inhérente au scénario. Je pense que le film oscille entre folie et intelligence. Il est sur la ligne de démarcation entre l'humour et le danger.
Une genèse mouvementée
Il s'est passé beaucoup de choses depuis Basic instinct. J'ai tout de suite été séduite par l'idée de faire une suite. Mais les compagnies qui étaient attachées au premier film ont connu beaucoup de changements. Carolco est devenu C2, MGM était en négociations de vente et jouait le chaud et le froid pour gagner du temps. Finalement, le projet capotait, ça devenait très agaçant, et j'ai fait le forcing pour que Basic instinct 2 voit finalement le jour. Je n'allais tout de même pas attendre d'avoir 73 ans...
Sharon et le CPE
Je comprend les raisons de ce mouvement social. La loi est inadaptée, il n'y a pas d'intégrité. Celui ou celle qui travaille doit comprendre pourquoi il est engagé et pourquoi il est viré. Ce n'est pas juste de se servir de cette faiblesse. Je me bat contre ces choses évidentes.
Propos recueillis par Clément Cuyer
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