Florence Quentin sur les fondements du scénario
J'ai écrit ce scénario avec mon fils Alexis. C'est basé sur une histoire vraie. Alexis m'avait dit un jour : " Tu sais, on devrait raconter cette histoire de ce chauffeur et de son patron que l'on connaît." Entre eux existait une relation vraiment étonnante. Le patron était complètement différent de Gérard, c'était un industriel parisien tout à fait charmant. Tous les amis de ce PDG adoraient son chauffeur qui rendait un tas de services. Puis un jour, il a pris sa retraite. C'était un personnage étonnant. Sa femme était cuisinière et travaillait également chez ce patron. On est parti de ça, puis on a brodé l'histoire et les personnages.
Florence Quentin sur le mimétime entre le chauffeur et le patron
Ramon est un chauffeur qui se comporte comme un camaléon par rapport aux goûts de son patron, que ce soit en matière de musique, de vins, d'art moderne. Il est complètement sous l'emprise de son patron. Dans la deuxième partie du film, Alexis et moi voulions que l'élève dépasse le maître. Ramon et Carmen vont ainsi beaucoup plus loin que leurs employeurs, ils ont le goût de la démesure. Ils ont une maison ultra-moderne, construite par un grand architecte. Détaché de son patron, Ramon est redevenu lui-même.
Gad Elmaleh sur son come-back au cinéma
Après Chouchou, on m'a proposé principalement des comédies. Moi, je sortais d'un film dont j'étais fier et j'avais envie de faire quelque chose de différent. Je n'ai rien trouvé qui m'a véritablement intéressé jusqu'à ce que me parvienne le scénario de Florence. Il était élégant, drôle sans être un film à gags, il me permettait de faire quelque chose que j'avais rarement fait au cinéma jusqu'à présent. J'avais aussi très envie de tourner avec Gérard, et c'est plus tard que j'ai découvert les femmes. (rires)
Sabine Azéma sur la composition de son personnage
Florence est une dialoguiste très affirmée, très douée. Je n'avais qu'à respecter le texte à la lettre. Et après, il fallait que je m'envole, que je fasse ma propre création. J'ai cherché son allure, sa tenue vestimentaire, son rythme. On pense aussi à certaines femmes que l'on voit en se baladant avenue Montaigne. J'ai remarqué que beaucoup d'entre elles portaient des fourrures, je les ai regardées puis je les ai imitées un peu. Et quand arrive le tournage, il y a quelque chose qui jaillit grâce à l'environnement dans lequel vous baignez et aux acteurs qui vous entourent. Il y a un mélange de tout ça. Quand on aime jouer la comédie, on aime avoir des rôles excentriques. Plus c'est bizarre, plus c'est fou, plus je suis contente. Il ne faut jamais avoir peur de rater, sinon on ne fait jamais rien de bien. Ce qui est amusant, c'est d'oser.
Florence Quentin sur sa collaboration avec Gérard Depardieu
Je pensais que j'allais souffrir avec Gérard. J'étais anxieuse, j'avais peur de tourner avec ce grand acteur. C'est quelqu'un qui m'inspirait. Il a très vite accepté de jouer, dès la lecture du scénario. Ce qui m'a beaucoup touché, c'est qu'il a lu tous les rôles. Il m'a parlé de leurs répliques et de comment ils existaient. Je trouve que c'est formidable quand un acteur ne s'intéresse pas qu'à son rôle. Et dès le premier jour de tournage, il s'est montré très gentil. Il a été véritablement chaleureux et m'a protégé sur le film. On a beaucoup ri. C'est un homme en fin de compte très généreux.
Sabine Azéma sur sa "première fois" avec Gérard Depardieu
Enfin, c'est fait ! (rires) Dans le film, on ne se croise qu'assez rarement, car je suis souvent au lit. Je regrette de ne pas avoir tourné plus avec lui. C'est une personnalité tellement unique, il a une présence forte et un naturel incroyable. Je rêverais de rejouer face à lui des rôles durs, émouvants, dramatiques. Ca a d'ailleurs failli se faire grâce à Bertrand Blier qui, à une époque, m'invitait à déjeuner et me parlait d'un scénario qu'il écrivait pour Gérard et moi. Mais ça ne s'est jamais fait et j'ai regretté.
Valeria Golino fan de Gérard Depardieu
Toutes les fois que Gérard joue dans un film, je cherche un moyen d'en faire partie. Je l'aime beaucoup, depuis toujours, comme acteur. J'ai même accepté de jouer dans San Antonio simplement pour tourner avec Gérard. J'avais toutes mes scènes avec lui, mais je n'ai jamais pu lui donner la réplique, car il a laissé le rôle du commissaire à Gérard Lanvin.
Valeria Golino sur son accent espagnol
Le Français est une langue difficile en soi, alors jouer avec un accent espagnol en plus, ça n'a pas été facile au début. Au cours de mes premières scènes, à la fin de chaque prise, tout le monde me regardait avec de grands yeux et me demandait : "Mais qu'est-ce que tu as dit ? On n'a rien compris." Gad plaisantait : "Si vous voulez connaître le vrai texte de Valeria Golino, tapez 1. Si vous voulez savoir ce qu'elle a dit en Italien, tapez 2." Je ne savais pas moi-même ce que je racontais. Après, j'ai commencé à comprendre, et en même temps, cet accent m'a beaucoup aidé, parce qu'il m'a donné les gestes du personnage, sa façon de bouger, son rythme. La langue, c'est tout dans un personnage.
Florence Quentin sur l'idée de Xavier Couture
C'est mon directeur de casting Stéphane Foenkinos qui m'en a parlé. Peu de grands acteurs auraient accepté d'incarner Delahaye, un personnage dont on parle beaucoup mais qu'on voit très peu. Et Xavier avait cette espèce d'élégance, cette nonchalance qu'on recherchait. Il était tellement à l'opposé de Gad que ce dernier pouvait en devenir jaloux. On lui a posé la question et il a accepté de jouer, chose qu'il n'avait jamais faite auparavant. Gérard l'a beaucoup aidé et l'a mis très à l'aise.
Gérard Depardieu sur sa cure d'amaigrissement
Vous savez, j'ai perdu 300 kilos en dix ans (rires). Mon poids n'arrête pas de monter, de descendre. Ce sont les contrariétés. On gonfle, on dégonfle.
Gérard Depardieu sur l'avenir de sa carrière
Je ne renonce pas au cinéma, c'est le cinéma qui renonce. C'est une élucubration que j'ai du faire un jour de cuite (rires). J'ai plein de projets, mais je n'ai envie de les concrétiser qu'avec des gens que j'aime énormément. Sinon, je fais pas mal de choses, je voyage beaucoup, je cuisine, je rencontre des gens vraiment intéressants, des créateurs, des artistes, je lis le Saint-Augustin, j'écris Rimbaud pour Guillaume et Julie qui va se faire bientôt. J'ai de plus en plus de mal à me caser. Après 170 films, on commence à lasser. J'y vais tranquille, je ne sais rien à l'avance. Comme disait Marcello Mastroianni, "je ne veux plus passer trois mois à me faire chier avec un metteur en scène." Alors il ne tournait qu'avec des gens qu'il aimait bien. Je pense qu'il n'avait pas tort. C'est un métier merveilleux quand les gens restent humains.
Guillaume Martin