AlloCiné : Il paraît que vous avez battu Nicolas Cage lors d'un casting au lycée ?
Jon Turtletaub : Je ne sais pas si je peux dire que j'ai été un acteur, car je n'ai jamais été payé comme acteur. (Rires) Je voulais être acteur, mais j'étais vraiment mauvais. Nicolas Cage était un bon acteur. Mais quand nous étions au lycée ensemble, Nicolas et moi avons été en compétition pour une pièce, et j'ai décroché le rôle ! Mais c'est parce qu'au lycée, il suffit d'être grand et de sourire pour être considéré comme un bon acteur... (Rires) Nicolas Cage était toujours très sombre et très mystérieux, et c'est pourquoi il a fini comme un bien meilleur comédien je pense.
Benjamin Gates est un héros d'un nouveau genre, plus porté sur la réflexion que sur l'action...
Je voulais faire un film qui renvoie aux vieux films d'aventure, mais situé à notre époque. Et je voulais créer un personnage qui doit s'en sortir grâce à son instinct et son intelligence : il n'aime pas utiliser des armes et ne souhaite pas le faire. Peu de comédiens parviennent à conjuguer ces éléments tout en restant héroïque et en se balançant au bout d'une liane si besoin. Nicolas Cage fait passer l'humour et l'humanité mais aussi ce côté aventurier de Benjamin Gates.
Peut-on selon vous le comparer avec Indiana Jones ?
Les gens comparent Benjamin Gates à Indiana Jones car ils ne peuvent le comparer à rien d'autre, dans la mesure où il n'y a pas assez de films d'aventures qui sont réalisés de nos jours. C'est peut-être mieux, car les gens aiment Indiana Jones et sont donc attirés par notre film. Les gens pourraient également le comparer à Lara Croft, mais apparemment, Nicolas Cage ne resemble pas à Angelina Jolie... (Rires)
Ce qui est frappant dans le film, c'est que vous êtes parvenu à mettre en scène une aventure mais en pleine ville...
Dès le départ, nous sommes demandés comment faire un film différent. Effectivement, les films d'aventure se déroulent toujours dans le passé –souvent durant les années trente- et se déroulent toujours dans le désert, dans la jungle... Du coup, nous nous sommes dit : "Pourquoi ne pas mettre en scèhne une aventure, mais dans la ville ? N'y a t-il pas une vraie Histoire dans les villes américaines ?" Il y a tant d'Histoire aux Etats-Unis, en terme de culture, d'architecture ou de Politique avec la Guerre d'Indépendance... Est-ce qu'on ne peut pas tourner une vraie aventure à l'ancienne en pleine ville ? C'était un vrai challenge, mais c'est ce qui différencie Benjamin Gates et le trésor des templiers des autres films du genre.
C'est aussi un bel hommage à l'Histoire des Etats-Unis...
Dans les films d'aventure, l'Histoire américaine est toujours laissée de côté. Et nous voulions changer cela. Nous nous sommes dit que notre Histoire recelait peut-être des mystères. Quand nous avons commencé à travailler sur le film, nous avons alors fait beaucoup de recherches, nous avons trouvé ces signes étranges au dos des billets de un dollar, les messages laissés par les Francs-Maçons car George Washington et Benjamin Franklin faisaient partie de sociétés secrètes... Et au final, c'était un vrai challenge car cela aurait été plus facile d'aller tourner une aventure à l'étranger. C'est peut-être aussi que le monde devient plus petit : il n'est plus aussi difficile qu'avant d'aller dans la jungle ou en Egypte, ce n'est plus aussi loin. Vous devez donc regarder plus près pour trouver l'aventure...
Et on découvre les grandes cités américaines avec un autre oeil...
J'ai pu constater que les gens ne voient pas la richesse des villes dans lesquelles ils vivent. Philadelphie, par exemple, est considérée comme une ville mineure des Etats-Unis alors qu'elle recèle une richesse historique incroyable. Je voulais vraiment que les gens redécouvrent leur ville. A New York, les gens sont trop occupés, trop pressés, et ils ne réalisent pas qu'on trouve des catacombes sous Trinity Church. Quand nous avons fait des repérages pour le film, nous y sommes allés et l'un des employés nous a emmené sous l'église : nous y avons découvert, sous des rochers, une pièce remplie de squelettes ! Et nous avons repris cette idée dans le film. C'est donc la réalité, mais personne à New York ne réalise que c'est là. C'est la même chose pour vous à Paris : vous passez devant les monuments tous les jours et vous ne les voyez plus : il faut réouvrir les yeux.
Le film est un succès outre-Atlantique : vous n'avez pas peur que tout le monde se mette à creuser en plein New York ?
(Rires) Vous savez, chaque fois qu'un nouveau bâtiment est construit, le sol est creusé et l'on y retrouve pleins de choses d'importance. J'aimerais que les gens se rendent compte que quelqu'un a vécu ici avant eux, et qu'ils doivent à ces gens un peu de leur vie.
En France, le titre du film n'est plus "National Treasure" mais reprend le nom de votre héros suivi d'un sous-titre. Cela pourrait-il signifier qu'une suite va voir le jour ?
Seulement en France alors, car c'est le seul pays où le film s'intitule de la sorte ! (Rires) Aux Etats-Unis, nous l'appellerons International treasure du coup...
Vous pourriez tourner au Louvre...
Si l'aventure a lieu en France, nous ne pouvons pas faire cela au Louvre car un autre film adapté d'un célèbre roman va s'y tourner... Mais pourquoi pas Notre-Dame ? Nous verrons bien !
Propos recueillis par Yoann Sardet