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    Wanted, Eric & Ramzy

    AlloCiné a réussi à coincer Eric et Ramzy, deux des bandits manchots et idiots des "Dalton". Pour nous, les deux compères passent aux aveux... sans langue de bois.

    AlloCiné : avant de parler des "Dalton", nous voulions revenir avec vous sur l'affaire "Double zéro" dans la mesure où votre attitude étonne beaucoup de gens. Que s'est-il passé ?

    Eric : C'est scandaleux ce film, tout simplement. C'est un film que nous n'avons pas écrit comme nous avions pu le faire sur La Tour Montparnasse infernale, et qui a été réalisé par quelqu'un qui ne nous a pas choisis, qui ne nous aime pas et qu'on ne fait pas rire une seconde !

    Ramzy : Un réalisateur qui ne nous a rencontrés qu'une seule fois avant le tournage, et qui n'avait pas voulu nous rencontrer avant...

    Eric : Au niveau de la comédie, Gérard Pirès n'a rien préparé avec nous. Quand on a commencé à écrire des scènes et à apporter des choses au niveau du scénario -dont nous n'étions pas fan- comme on nous l'avait demandé, ils nous a dit de faire ce qu'on voulait. Au final, le "Put the coconut down !" est l'une des seules de nos idées qui a été gardée... Il a tourné Double zéro à sa manière : pour lui, c'est comme ça que doit être le film. Ce film ressemble beaucoup à Gérard Pirès d'ailleurs, et à sa vision de la vie.

    Ramzy : En gros, on ne veut pas que les gens se disent "Ah ben si Les Dalton c'est du même acabit que Double zéro, non merci !" C'est le jour et la nuit. Et pour ça il n'y a pas tellement de moyens, à part le dire...

    Alors que "Les Dalton", c'est vraiment votre bébé...

    Eric : Grave ! Nous sommes super fiers des Dalton. Nous sommes dans le processus depuis le lancement du projet : nous avons choisi le scénariste Michel Hazanavicius, un mec hilarant qui avait réalisé le film-culte Le Grand détournement, puis nous avons rencontré plusieurs réalisateurs, dont Philippe Haim, et nous avons planché sur les scènes et les costumes avec lui. Bref, c'est vraiment un projet que nous avons porté du début jusqu'à la sortie. C'est pourquoi on n'hésite pas à dire que c'est le film dont nous sommes le plus fier : après, les gens peuvent nous vanner ou détester le film, on ne peut pas faire plus... Ou alors, c'est notre talent qui est remis en question, et on veut bien comprendre qu'on n'en a pas ! (Rires)

    Comment avez-vous débarqué sur ce projet ?

    Eric : Jamel Debbouze avait fait racheter les droits par UGC, mais il n'a pas pu faire le film. Les gens d'UGC sont ensuite venus nous voir et nous ont demandé si on voulait le faire. "Mais vous êtes malades ??? Bien sûr qu'on veut le faire ! De suite !" Les personnages sont vraiments déments : Goscinny et Morris ont inventé un truc incroyable : tout le travail a été fait par eux.

    Ramzy : Quand on nous a proposé le projet, nous nous sommes replongés dans la BD pour nous rafraîchir la mémoire. Et là, c'était une évidence : c'était trop pour nous en fait.

    Eric : Dans le sens on n'y arrivera jamais ? Qu'on aurait pas pu le faire, c'est ça ?

    Ramzy : Non, mais c'est vrai, quand on regarde la BD. Ils sont quatre frères, mais tout se passe entre Joe et Averell, le petit nerveux et le grand idiot. Et c'est trop pour nous ça !

    Eric : Ca veut dire on ne peut pas, c'est trop, c'est le maximum ?

    Ramzy : Il tombe toujours dans le piège. (Rires)

    Sur un projet comme "Les Dalton", vu les personnages et l'univers très cartoonesque de Morris, est-ce qu'on ne se dit pas à un moment qu'il y a un risque d'en faire trop ?

    Eric : Je suis d'accord avec ce que tu dis, il y a clairement le risque d'en faire trop mais je ne sais pas si c'est un risque. Tu vas voir Les Dalton au cinéma, quoi ! Si tu ne fais pas Joe qui trépigne et Averell qui confond des saucisses et des femmes, c'est que tu n'es pas Les Dalton et que tu as fait un autre film.

    Ramzy : Au passage, c'est quasiment la même chose une femme et une saucisse... (Rires) J'ai eu la même crainte. Quand nous sommes arrivés pour essayer les costumes, on a vu ces couleurs criardes et on s'est un inquiétés : "Il est pas un peu trop jaune Lucky Luke ? Et nous, on est pas un peu trop verts ?" (Rires) Et Philippe Haim nous a dit de ne pas nous inquiéter, qu'on comprendrait une fois le film fini. Et c'est vrai que quand tu vois le film, il fallait ces couleurs pour que le tout soit cohérent. Le travail sur les couleurs a été phénoménal.

    Eric : Tu connais Mortadel et Filémon ? Et bien je trouve qu'on a fait ça, enfin que Philippe Haim a fait ça parce que c'est vraiment lui qui a décidé de l'univers du film. Les Dalton c'est vraiment du Mortadel et Filémon : très flash, très BD. Et les personnages ne pouvaient pas exister dans un monde normal : tout sonnerait faux. Donc soit on fait Les Dalton de cette façon, soit on fait un autre film. Visuellement, Philippe Haim a fait le "trop" dont tu parles : tout est souligné consciemment au stabylo. Pour ceux qui rentrent dans l'univers, c'est un régal.

    Toujours concernant les costumes, c'était la première expérience cinématographique capillaire d'Eric. Alors ça fait quoi de jouer avec des cheveux ?

    Eric : C'est comme jouer avec un masque. C'est très libérateur. J'avais l'impression de tout pouvoir me permettre. Ce qui est marrant, c'est que j'avais les pattes et la moustache pour le film, et donc ces faux cheveux. Mais en fin de journée, il faut enlever la perruque. Et là, j'avais un look de dresseur d'ours ! Avec les filles, aucune cote pendant le tournage : par contre, avec les ours, les chevaux, les animaux, ça y allait ! (Rires)Ramzy : Et puis les rencontres masculines... surtout en Allemagne. (Rires)

    Parmi les rencontres masculines justement, il y a vos deux acolytes, Romain Berger et Saïd Serrari. Parce qu'on parle beaucoup de vous, mais il faut être quatre pour camper "Les Dalton"...

    Ramzy : Ce sont deux comédiens, Romain Berger et Saïd Serrari. Romain Berger a commencé au théâtre, et il a décidé de faire du cinéma : deux mois plus tard, il tourne Les Dalton avec nous ! Quant à Saïd Serrari, il avait un duo "Saïd et Rachid". Ils se sont séparés et il nous a rejoints sur le film.

    Eric : C'était dur pour eux. Dans la BD, on ne retient que Joe et Averell. Jack et William, non seulement on ne se souvient jamais de leurs prénoms, mais ils ont surtout un rôle limité dans le style "Du calme Joe, du calme !". Mais Romain et Saïd ont une vraie présence physique, et c'était un vrai défi burlesque pour eux. Pendant le tournage, on était vraiment les frères Dalton. On n'arrêtait pas de se faire des crasses. On était un peu chiants pour les techniciens d'ailleurs je pense...

    Ramzy : Il n'y en avait qu'une qui arrivait à nous mettre des baffes : c'était Marthe Villalonga. Pas Ma Dalton, qui elle nous mettait des baffes pour le film, mais la comédienne Marthe Villalonga ! Pour qu'on se tienne droit, qu'on finisse notre assiette... Toute l'équipe y était vraiment, et nous nous étions quatre idiots. Et comme on passait vingt-quatre heures sur vingt-quatre ensemble, on était devenus affreux, sales et méchants.

    Eric : C'est pour ça quand tu me dis "trop", c'est certainement trop mais c'est super-sincère comme "trop". On est à fond dans la BD dans ces moments là. On a jamais lâché nos personnages. On se frappait, on se crachait dessus...

    Ramzy : Et on se faisait mal ! Et en dehors du tournage, c'était la même chose ! En Allemagne et en Espagne, personne ne nous connaît. On se baladait toujours tous les quatre, et avec nos têtes, on faisait peur à tout le monde ! On ne rentrait nulle part, que ce soit en boîte, dans les bars, dans les boutiques. Même dans les boutiques, ils ne voulaient pas que je paie : "Non, non monsieur, elle passe pas votre carte !". Ca nous faisait marrer. On était vraiment Les Dalton.

    Et à vos trousses, Lucky Luke...

    Eric : Lucky Luke est le Lucky Luke de la BD : classe, cool, sympa. C'est une menace pour les Dalton. Mais comme dans la BD, ce n'est pas le personnage que l'on suit. Lucky Luke n'apparaît que de temps à autres dans les albums des Dalton, et inversement.

    Ramzy : Lucky Luke tout seul, ça ne fonctionne pas. Il n'y a qu'à voir le Lucky Luke de Terence Hill. Il n'est pas drôle Lucky Luke, il est trop parfait.

    Eric : Ce sont tous les personnages autour de Lucky Luke qui sont marrants. Lui-même raconte l'histoire et vit une aventure, mais tout l'humour repose sur les personnages périphériques.

    En parlant d'humour, vous allez imanquablement vous exposer à des critiques du genre "En gros, ils ont pris leur humour d'Eric & Ramzy" et ils l'ont transposé dans l'univers de Lucky Luke..." C'était la critique qui revenait le plus après la présentation d'un extrait du film au Congrès des Exploitants à Bordeaux, celui où vous tentez de passer la frontière déguisés en Mormons et que Eric fait le Chinois. Qu'est-ce que vous avez envie de répondre à cela ?

    Eric : C'est typiquement le plus mauvais extrait à choisir... Cette scène est un aboutissement de plein de choses : les Dalton dérobent des Mormons car ils ont besoin de passer la frontière incognito, ils se font faire de faux papiers par un ami chinois qui leur fait des papiers chinois, et ils doivent agir en conséquence et se faire passer pour des Asiatiques, malgré leurs déguisements mormons... Si tu le sors de son contexte, c'est clair que c'est Eric et Ramzy qui font leur truc. Pour la première fois, c'est pas nous qu'on voit à l'écran comme dans Double zéro ou La Tour Montparnasse infernale : ce sont de vrais personnages.

    Dernière question : vous avez vraiment proposé le rôle de Lucky Luke à Jim Carrey ???

    Eric : En gros, nous avons sympathisé avec Michel Gondry. On voulait travailler ensemble, sur Moyen Man notamment, mais il a eu une proposition américaine avec Jim Carrey (Eternal sunshine of the spotless mind, NDLR). Je me rappelle que son fils lui a d'ailleurs demandé : "Mais pourquoi tu ne fais pas un film avec Eric et Ramzy et Jim Carrey" Et nous on a fait "Mais ouais !!! C'est une super bonne idée ça !!! (Rires) Nous sommes donc allés sur le plateau de Eternal sunshine of the spotless mind, et on a rencontré Jim Carrey dans l'espoir de lui proposer le rôle de Lucky Luke. On a commencé à discuter avec lui, on lui dit qu'on travaillait sur l'adaptation des Dalton mais il ne connaissait pas... Donc on ne lui a même pas proposé ! Genre "Ah oui... Hum... Euh... et Sinon, ça va vous ?" (Rires) Mais c'était dément comme rencontre.

    Propos recueillis par Yoann Sardet

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