Après quelques années sur les planches et des premiers pas sur grand écran dans des productions hexagonales telles qu'Irène ou Michel Vaillant, la Française Agathe de La Boulaye passe la vitesse supérieure. Avec Alien vs. Predator, en salles ce 27 octobre, elle découvre le paysage hollywoodien le temps de croiser deux des monstres les plus effrayants qu'ait jamais engendrés le septième art. Autant de raisons-chocs qui ont poussé AlloCiné à la rencontrer dans l'atmosphère feutrée d'un grand palace parisien. AlloCiné vs. Agathe : round 1 !
AlloCiné : Que ressent-on lorsque l'on se retrouve entre deux monstres de légende : Alien et Predator !
Agathe de La Boulaye : On est vraiment ravis ! C'est un OVNI qui m'est tombé dessus. C'est trop marrant. Hier, je faisais un plateau télé, ils montraient la bande-annonce et j'étais morte de rire ! On me regardait bizarrement, mais franchement, c'est parce que je trouve ça énorme et drôle de me retrouver en face de ces mythes ! Je me suis retrouvée dans cette aventure par hasard, en participant à un casting. Je n'ai vu aucun des Predator, et ce serait un mensonge de dire que j'étais une grande fan de la saga Alien. Alors au début, c'était un peu flou pour moi, je pensais juste à l'Alien, car j'étais particulièrement attachée à l'univers de cette saga. Mais quand Paul Anderson m'a dit "Welcome, tu es choisie", mes potes m'ont appris pas mal de choses, ils m'ont gueulé dessus en me disant que la saga Predator aussi, c'était culte, qu'il y avait un jeu vidéo et qu'on voyait même une tête d'Alien dans Predator 2 ! (rires) Je me suis rematé tous les Alien pendant un week-end et j'ai à nouveau eu la confirmation que le premier film était un chef d'oeuvre qui n'a pas vieilli d'une ride.
Comment s'est déroulée ta collaboration avec Paul Anderson, un féru de cinéma fantastique ?
Je n'avais aucun a priori sur lui avant le tournage. J'ai juste vu, pendant qu'il travaillait, un homme de 39 ans avec les yeux d'un gamin de 8 ans qui joue à un jeu vidéo. Il était super content, très enthousiaste ! Il avait pourtant la pression des studios qui voulaient que le film sorte absolument en août. Dans le plan de travail, on commençait ainsi par les scènes qui avaient besoin d'effets spéciaux, pour que le travail sur ordinateur puisse tout de suite commencer.
Film très attendu, cross-over de deux des plus célèbres franchises fantastiques, sortie majeure de la Fox : comment as-tu vécu cette pression ?
Je ne l'ai pas trop ressentie en fait. Mais même si Paul Anderson, qui est très élégant, faisait tout son possible pour mettre une barrière entre nous et cette pression des studios, on était un peu tendus. Comme lorsqu'on est arrivés sur le lieu du tournage, à Prague, et qu'il y a eu une lecture à l'hôtel, dans une salle de réunion, devant lui, les auteurs et les gens de la Fox. Donc, on essaie de mettre cette pression dans un petit coin de notre tête, de juste écouter Paul, d'intégrer sa vision et d'essayer de faire le meilleur. Mais oui, la pression est tout de même un peu là, dans notre tête. C'est un peu une sorte d'Alien, cette pression ! (rires)
Est-ce difficile de faire exister un personnage qui n'est là finalement que pour se faire dévorer par une bestiole ?
C'est une bonne question. La plupart des personnes qui nous interrogaient à Prague nous demandaient de parler de notre personnage. C'est très dur de leur répondre que c'est un prétexte, qu'on est juste là pour être bouffé. Il faut être lucides. Donc, on jouait un peu le jeu de la promotion : "I'm a special agent, and, hum, in a security team, you know, i'm training et blablabla..." (rires) Mais bon, quel que soit le destin ou l'importance d'un rôle, j'adore rentrer dans un personnage. Même si certains vont dire que je n'en ai pas besoin avec un si petit rôle, je leur réponds que si. Ce sont des petits détails. Et puis on a effectué un entraînement intense, comme à l'armée, qui nous a bien fait rentrer dans l'action. Alors c'est vrai que je meurs assez vite, mais je vous assure que si j'avais eu un entraînement physique contre un alien, je l'aurais déglingué grave ! (rires) Cela dit, j'étais ravie d'avoir cette mort-là, avec la poitrine explosée par un petit alien : je me sentais proche de John Hurt, du coup !
Inévitable question : en tant que Française, comment as-tu vécu ce tournage hollywoodien de l'intérieur ?
Ce qui était un peu troublant, ce sont ces contrats à l'américaine qu'on nous fait signer. On achète quatre mois de notre disponibilité. Pour certains qui tournent, comme moi, 20 jours au total, c'est assez bizarre. Et encore, je n'ai pas à me plaindre car j'habite Paris, à seulement 1h30 d'avion ! Mais pour ceux qui sont à Los Angeles... Il faut être là. J'arrivais à faire quelques aller-retour pour revenir chez moi, mais quand je revenais sur le plateau, c'était Shining, il y avait des Jack Nicholson partout ! (rires) C'est très bizarre psychologiquement de se dire : je suis payé, mais je fous rien ! Pendant dix jours, je fous rien ! C'était comme une prise d'otages pour moi ! Cela m'a en tout cas permis de regarder les coulisses, j'ai adoré voir comment tout se fabrique, comment les effets spéciaux sont créés, comment le basketteur qui se glisse sous le costume du Predator et qui est très timide, devient tout d'un coup effrayant. J'adore les monstres, surtout lorsqu'ils ont une part d'humanité, comme dans Elephant Man.
Au final, quel regard tu portes sur ce "Alien vs. Predator" ?
Tout ce que je vois, c'est que c'est un grand divertissement, une grande BD géante. Tout comme mon personnage, qui est un vrai personnage de bande-dessinée. Il ne faut pas s'attendre à voir du Bergman quand on va voir Alien vs. Predator ! Et il ne faut pas s'attendre non plus à voir la continuité des deux sagas. Ce n'est pas Alien 5. Dans les quatre premiers Alien, il y avait plus d'interaction entre l'humain et la bête. Dans Alien vs. Predator, l'humain ne fait que créer la rencontre des deux bêtes, c'est LEUR rendez-vous et c'est ça qui est intéressant.
Propos recueillis par Clément Cuyer et Yoann Sardet