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    "Arsène Lupin" : rencontre avec Romain Duris

    A l'occasion de la sortie ce 13 octobre d'"Arsène Lupin", conversation avec celui qui s'est glissé dans la peau du gentleman cambrioleur : Romain Duris.

    "C'est le plus grand des voleurs / Oui, mais c'est un gentleman...". A la table d'un grand hôtel parisien, nous avons rendez-vous avec Romain Duris, qui incarne, avec l'élégance de rigueur, le légendaire cambrioleur dans Arsène Lupin, la superproduction de Jean-Paul Salomé en salles ce mercredi 13 octobre. Aussi décontracté que Tomasi, le héros du Péril jeune (son premier film, tourné il y a dix ans), l'acteur évoque pour AlloCiné ce rôle et ce tournage hors du commun. Cette rencontre est également l'occasion de revenir avec lui sur une année particulièrement chargée, entre la présentation à Cannes d'Exils, le tournage du nouveau film de Jacques Audiard, et ses retrouvailles avec Cédric Klapisch pour Les Poupées russes, la suite de L'Auberge espagnole... "Gentleman cambrioleur / Est un grand seigneur..."

    AlloCiné : Il y a tout juste un an commençait le tournage d'"Arsène Lupin". Que représentait pour vous ce personnage, avant qu'on ne vous propose ce rôle ?

    Romain Duris : C'est étrange : je n'avais vu ni les séries télévisées ni les films, je ne me souviens pas avoir lu les bouquins, mais quand on m'a filé les textes pour la scène d'essai, j'avais le sentiment que le personnage était très proche de moi. J'ai l'impression que c'est pareil pour beaucoup de gens. C'est étonnant de voir à quel point il fait partie de nous, de notre patrimoine.

    Avez-vous fait un long travail de préparation ?

    J'avais besoin de voir des films de l'époque, de savoir comment les gens bougeaient avec le haut-de-forme, la canne, le costume, pour ne pas tomber dans la caricature. L'élégance d'Arsène Lupin passe par le physique, ça fait partie intégrante du personnage. J'ai appris à monter à cheval, le maniement de l'épée, du bâton, j'ai pris des cours de boxe, de combat, mais j'ai aussi vu un danseur classique qui m'a donné quelques trucs pour me tenir droit, sans avoir l'air coincé et rigide.

    Vous avez souvent joué des personnages plutôt observateurs, presque passifs. Arsène Lupin, lui, doit au contraire toujours avoir un coup d'avance sur les autres...

    Je n'y avais pas vraiment pensé, mais c'est vrai qu'il y a souvent cette dimension-là dans les rôles que j'ai joués : le héros de L'Auberge espagnole est un personnage banal, qu'on peut croiser tous les jours, et à qui il arrive plein de trucs, celui de Gadjo Dilo aussi... Arsène Lupin intervient plus, c'est sûr. Mais quand je joue, je pense toujours à être actif, d'ailleurs je dis souvent à Cédric [Klapisch] de faire attention à ça.

    Selon Cédric Klapisch justement, vous avez longtemps pensé qu'un acteur devait interpréter un personnage exceptionnel pour se sentir vraiment acteur... Avec Arsène Lupin, vous êtes servi.

    C'est vrai. Mais j'étais déjà servi avec L' Auberge espagnole, un film qui a changé beaucoup de choses pour moi. Ce succès m'a donné confiance, du coup j'ai enchaîné des films dans lesquels je me suis un peu plus transformé. Et puis je prends ce métier plus au sérieux : avant, même si j'y allais à fond, les films étaient juste pour moi des expériences. Cela fait seulement trois ou quatre ans que je me considère vraiment comme un comédien.

    Dans une grande production comme "Arsène Lupin", où tout est très précis, pouvez-vous, en tant qu'acteur, faire des propositions ?

    Oui, tout le temps, justement. Quand il y a une grande entreprise comme ça, tout le monde a sa part d'action dans le film : les costumes, la déco, la mise en scène, eh bien moi j'avais envie de faire valoir celle des comédiens (sourire). Je sentais qu'il fallait que je prenne des risques tout le temps, d'autant plus que dans les bouquins, Arsène a cette énergie, cette générosité. J'avais envie de tenter des choses qui me faisaient marrer, que je trouvais modernes : une façon de courir, de regarder les gens avec un petit geste de la tête...

    A l'opposé d'"Arsène Lupin" sortait au printemps dernier "Osmose", un film de copains fauché...

    C'est vachement important pour moi de tourner avec des jeunes réalisateurs. On ne leur fait pas confiance, on ne leur donne plus d'argent, du coup, il n'y a presque personne dans la génération des 20-30 ans. Par ailleurs, passer d'un film à petit budget comme Osmose à Arsène Lupin, qui est une grosse production, c'est ce que j'aime dans le cinoche. Aller d'un univers à un autre, c'est ça qui est passionnant, qui fait qu'on ne s'ennuie jamais.

    Au mois de mai, vous présentiez pour la première fois un film en compétition à Cannes : "Exils" de Tony Gatlif.

    Ce que je trouvais surtout génial, c'était d'y aller avec un film de Tony, qui fait ses films avec des bouts de ficelle, en restant très intègre. Pour le tournage, on part sur les routes à 5-6, on travaille avec les Marocains, les Algériens, les Espagnols. C'est pas du documentaire, mais on est proche de l'humain. Les films de Tony, c'est des bijoux à part, qui sentent la nature, la poussière... C'était super pour ce film d'être à Cannes, et en même temps je crois que le Festival a besoin de films comme ça. Je trouve ça magnifique qu'un mec qui a fait un film sur le retour à son pays soit accueilli comme ça : Tarantino [le Président du jury] a applaudi debout pendant un quart d'heure, le public pareil. On avait tous des larmes... Et puis le Prix de la mise en scène, ça a été la cerise sur le gâteau.

    Pendant que Tony Gatlif recevait son prix, vous tourniez le nouveau film de Jacques Audiard, "De battre mon coeur s'est arrêté". Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

    C'était hallucinant, ce tournage. Jacques, comme Tony, filme l'instant. Leur mise en scène est très contrôlée, ils font un travail de préparation, et puis il y a un moment magique qui arrive, on ne sait pas pourquoi... d'un coup, waow, on atteint un moment de grace. Jacques ne fait pas du cinéma conventionnel, il fait une oeuvre d'art. Tout est toujours en construction, rien n'est jamais à la même place. Il tourne en plans-séquences, souvent caméra à l'épaule : pour un comédien, c'est magnifique. Dans le film, je joue le rôle d'un mec qui vend des appart', qui n'est pas bien dans sa peau, et qui va être sauvé par la découverte du piano. C'est un des rôles les plus profonds psychologiquement que j'aie pu jouer.

    Ensuite, vous avez retrouvé Cédric Klapisch pour le tournage des "Poupées russes"...

    C'était fabuleux aussi, d'une autre manière. C'est la suite de L'Auberge espagnole, donc j'avais l'appréhension de retrouver le personnage, il ne fallait pas faire la meme chose. Comme j'ai enchaîné les films cette année, je n'ai pas vraiment eu le temps de me preparer, donc tout s'est fait naturellement, je me suis fait plaisir, et tout le film s'est deroulé comme ça. Cédric m'a surpris, et le film ne ressemble pas à L'Auberge... : je pense que ca va être encore plus intéressant.

    Recueilli par Julien Dokhan

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