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    "Casablanca driver" : rencontre avec Maurice Barthélémy

    Avec la comédie burlesque "Casablanca driver", le Robin des bois Maurice Barthélémy réalise son premier long-métrage et s'intronise pire boxeur de tous les temps. Rencontre sur le ring...

    Premier Robin des Bois à relever le défi de la réalisation, Maurice Barthélémy impose un univers personnel et atypique avec Casablanca Driver. Dans cette comédie burlesque, il incarne le pire boxeur de tous les temps, un homme venu de nulle part que personne ne comprend et qui va se retrouver confronté, en cette année 1969, au champion de l'époque Jimmy La Renta. A l'occasion de la sortie de ce film traité à la manière d'un documentaire, oeuvre tour à tour désopilante et touchante, AlloCiné a eu le temps de monter sur le ring pour rencontrer Maurice Barthélémy juste avant le K.O. technique. "Todo Mach !"

    D'où t'es venue l'idée de faire un film sur le plus mauvais boxeur du monde ?

    Maurice Barthélémy : C'est en voyant le documentaire When we were kings, sur Mohammed Ali au Zaïre. Je me suis dit que si je prenais le contre-pied de ça, si je racontais l'histoire du plus mauvais plutôt que celle du meilleur, ce serait amusant. Raconter l'histoire du plus mauvais, ça me paraissait totalement absurde et comme en France, il n'y avait pas vraiment eu de faux documentaires, je me suis dit qu'il y avait un truc à créer qui ne soit pas exactement un fake documentary dans l'esprit de Spinal Tap. Mon but était d'être à la fois dans le documentaire et dans la fiction, de mêler les deux.

    Comment as-tu préparé le film ?

    J'ai regardé beaucoup de films de boxe. Ca m'intéressait de voir quel type de narration était employée dans les documentaires, ce qu'on utilisait comme archives, comment le scénario était structuré, comment la boxe était filmée... Je me suis entraîné pendant deux mois et demi et me suis immergé dans ce milieu auquel je ne connais fondamentalement rien à la base. J'ai appris à aimer ce sport qui demande beaucoup d'agilité, de présence d'esprit, mais aussi de résistance et de courage. Ce qu'ils endurent physiquement est insoutenable. C'est également un univers super beau à filmer qui se prête beaucoup à l'univers du burlesque. Tous les maîtres du genre, comme Chaplin ou Keaton, ont abordé ce sport.

    Au-delà de la comédie pure et du burlesque, on sent un vrai hommage à la discipline...

    Je ne voulais pas faire n'importe quoi. J'ai pris des cours avec d'anciens professionnels de la boxe. C'était très sérieux, je posais des tonnes de questions. Je ne voulais surtout pas me foutre de la gueule de la boxe, je voulais me prendre des coups, transpirer ! Autant je peux me moquer du personnage que je joue, qui est un mauvais boxeur, autant je voulais aborder la boxe de manière très sérieuse afin de créer le contraste. Mais c'est vrai qu'au départ, j'avais un réel manque de crédibilité auprès des pros. Je suis quand même l'homme le moins musclé du monde... après François Hollande ! (rires)

    Comment décrirais-tu Casablanca Driver ? C'est un personnage vraiment particulier...

    Le personnage de "Casa" a une manière de s'exprimer que personne ne comprend, ce qui en fait un personnage dans la lignée des héros burlesques à l'ancienne. Il est tellement incompréhensible qu'il en devient presque muet. Je me suis inspiré de mon beau-père, qui est Cubain et qui s'exprime comme lui, qui est aussi fou furieux que lui. Je me suis aussi inspiré de Mohammed Ali, son côté éxubérant, ce côté showman fou, ainsi que de sa manière très spectaculaire de boxer. Disons que Casablanca Driver, c'est un peu un mélange de Buster Keaton, de Mohammed Ali et de mon beau-père ! (rires)

    Le film est drôle, mais il est aussi émouvant...

    Il y avait un grand danger avec le personnage de Casablanca Driver au départ, c'est qu'il était très linéaire. Il fallait lui apporter plus de choses. Au fil de l'écriture, il est devenu un peu lunaire, un peu à là Forrest Gump. Il est tel qu'on en vient à se demander si c'est lui qui est fou ou bien si c'est le monde qui est fou ! Je voulais qu'il ait plusieurs facettes. Je voulais que les gens se marrent devant ce film, qu'ils se foutent de la gueule de Casa, mais qu'à d'autres moments, ils aient peur pour lui, qu'ils aient envie qu'il gagne, qu'ils s'attachent à lui, aux autres personnages également. C'est important de se marrer dans ce film, mais il y a plein d'émotions différentes qui passent.

    Tu imposes avec ce film un univers atypique assez éloigné de l'esprit des Robins des Bois...

    C'est vrai. J'ai plein de références et avec ce film, j'ai pu exprimer ce que j'aime dans la comédie et qui n'est pas forcément ce qu'aimeraient les Robins. Des influences anglaises, comme les Monty Python, mais aussi Woody Allen, le trio Zucker/Abrahams/Zucker, Ben Stiller, Adam Sandler... Punch-drunk love, d'ailleurs, est pour moi l'une de meilleures comédies de ces dernières années, qui mélange la comédie, le burlesque, le visuel, mais aussi, le pathétique, le grave, le profond et le romantique. C'est le cinéma qui se rapproche le plus de ce que j'ai envie de faire...

    Propos recueillis par Clément Cuyer

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