En scénarisant les comédies déjantées Mon beau-père et moi et Zoolander, l'Américain John Hamburg offrait l'écrin rêvé à Ben Stiller pour laisser libre cours à sa fantaisie débridée. Avec Polly et moi, en salles ce 10 mars, il franchit un palier supplémentaire en le dirigeant aux côtés de Jennifer Aniston. AlloCiné l'a rencontré...
AlloCiné : "Polly et moi" est une comédie à la fois humaine et décalée...
John Hamburg : J'ai adoré l'histoire de cet homme qui planifie tout ce qu'il fait, dont le métier est d'étudier les moindres risques de l'existence, et qui se retrouve du jour au lendemain confronté à quelque chose qu'il n'avait pas pu prévoir, paradoxalement. Quelque chose d'absolument imprévisible qui va lui rendre la vie meilleure, et en tout cas plus stimulante ! Ce postulat de départ m'a donné l'opportunité d'écrire un film qui est, je pense, très drôle, sur l'attirance que peuvent avoir deux personnes différentes, deux êtres humains qui sont très vulnérables. Une comédie romantique un peu déjantée, où chacun rencontre pas mal de difficultés sur son chemin, tout plein de choses qui peuvent finalement rendre ce parcours sentimental original et amusant pour le public.
Ce film possède une folie contagieuse, mais se base sur des évènements de la vie quotidienne...
John Hamburg : J'adore me servir des moments de la vie quotidienne comme point de départ pour une comédie. C'est la vie de tous les jours qui recèle les meilleurs moments pour ce genre de film. Et se baser sur le quotidien parle beaucoup au public, car ils s'identifient alors aux personnages. Après, libre à moi d'emprunter un chemin un peu plus sinueux que la routine du quotidien, et c'est là toute la difficulté d'écrire une bonne comédie : savoir s'inspirer de la réalité mais prendre suffisamment de distances pour que cette comédie fonctionne. Dans le cas présent, je me suis servi de propres éléments de ma vie : je n'aime pas danser, donc Ben Stiller n'aime pas danser dans le film. Je lui fait donc danser la salsa de manière ridicule ! Je lui ai un peu fait payer mon aversion pour la danse ! (rires)
Vous avez beaucoup maltraité Ben Stiller durant le tournage ?
John Hamburg : Non, pas trop ! (rires) C'est ma troisième collaboration avec lui et ça s'est très bien passé. C'est un acteur très courageux, le contraire de son personnage dans le film. Il prend des risques, ne se repose pas sur ses acquis. Il est toujours très concentré et travaille très dur, à tel point que ça à l'air facile. Et croyez-moi, ce n'est pas une chose aisée que de paraître facile à l'écran ! Les gens se disent parfois : "Oh, il fait du Ben Stiller", mais pour que ce style soit régulièrement identifiable, il faut un timing comique très précis. Et ses succès récents sont la preuve que cela fonctionne. Il est juste très bon. Et ça a été d'autant plus flagrant pour moi que je le dirigeais pour la première fois après avoir écrit deux fois pour lui. J'ai pu approfondir ma collaboration avec lui et me rendre compte qu'il peut vraiment aller loin dans la comédie, et toujours avec autant de talent.
Qu'est-ce que Jennifer Aniston a apporté au film ?
John Hamburg : On la connait dans Friends, on sait ce qu'elle vaut en tant qu'actrice de comédie, on sait que le succès de la saga lui est en grande partie due. Mais on a pu découvrir une autre facette de son jeu d'actrice dans The Good girl, où elle tentait quelque chose de différent avec beaucoup de talent. J'ai été très impressionné de travailler avec une telle actrice, mais cela a vite été un vrai bonheur lorsque je me suis aperçu à quel point elle n'avait pas d'égo surdimensionné, combien elle était gentille et professionnelle. J'ai pu ainsi sans crainte travailler avec elle ce rôle de femme libérée, décalée, un peu folle, assez éloigné de la Rachel de Friends.
Un petit mot sur le personnage de Claude, un français mi-macho, mi-romantique à l'accent très prononcé, qui va séduire la femme du pauvre Ben Stiller...
John Hamburg : J'ai eu cette idée en vacances à Saint-Barthélémy lorsque j'ai vu un Français se balader à moitié nu sur la plage. J'ai pensé que ce serait sympa de créer le personnage d'un Français doux, amoureux, et ce même s'il pique la femme de Ben Stiller ! Un homme très précautionneux, très romantique, le propre de tout Français il me semble ! C'est ce que j'ai essayé de faire ressortir même si, bien sûr, c'est une comédie et que j'ai pris certaines libertés, que j'ai parfois un peu forcé le trait ! (sourire) De manière générale, j'ai d'ailleurs forcé le trait un peu partout, mais le monde est tellement sérieux aujourd'hui... J'ai essayé de réaliser une comédie universelle, idéale pour passer un bon moment de détente, où l'on puisse se marrer ! Les gens aiment se marrer, et je pense que c'est le genre de film qui peut fait rire n'importe qui, où qu'il vive. (rires)
Propos recueillis par Clément Cuyer
