Le dernier week-end de l'Etrange Festival a été très chargé pour les festivaliers. Le cinéaste Eloy De La Iglesia est arrivé vendredi 5 septembre à l'occasion de la projection agitée de L'Enfer de la drogue 2 , le film n'ayant commencé qu'une heure après l'heure prévue. Le réalisateur espagnol, très loquace, a présenté ses films avec un grand enthousiasme regrettant que Les Amants bulgares, présenté en avant-première française le 8 septembre, n'ait pas pu être sous-titré en français à temps.
Masato Harada à l'honneur
Quant à Masato Harada, ses cinq films présentés durant la manifestation ont permis aux spectateurs de se familiariser avec un réalisateur à la filmographie éclectique mais résolument tourné vers des sujets de société (l'immigration, la corruption politique dans Kamikaze Taxi, le phénomène des ko gals dans Call girls ou bien encore les réactions gouvernementales face au terrorisme dans Face à son destin). Dans Kamikaze taxi notamment, l'oeuvre qui a obtenu le plus grand retentissement à l'étranger, le réalisateur japonais observe avec précision les problèmes et les enjeux liés au sujet qu'il aborde : quelle réponse apporter à l'immigration venu d'Amérique du Sud, quand la plupart des immigrés sont des Japonais d'origine ? Il combine cette interrogation avec le film de yakusas et une violente diatribe contre la corruption politique pour un résultat détonnant.
Une deuxième nuit dédiée à Miike
La patience des organisateurs a payé : Takashi Miike a eu enfin l'honneur d'une nuit Dead or alive durant laquelle les trois opus de sa saga (attendus dans les salles à la fin de l'année) ont été diffusés devant un public enthousiaste et venu en nombre. Jean-Pierre Dionnet est venu en personne présenter les films en révélant au public que le réalisateur japonais, qui a pris le soin de faire une petite présentation filmée de ses films, serait sur le point de mettre en scène une comédie romantique, l'un des seuls genres auquel il ne se soit pas encore confronté.
Dernières découvertes
Par ailleurs, la thématique Wonder Women s'est conclue avec Insoumises, un "sexploitation" aux velléités féministes produit par Roger Corman, dans lequel le metteur en scène du Silence des agneaux Jonathan Demme, fait ses débuts derrière la caméra en tant que réalisateur de la deuxième équipe. La carte blanche à Gaspar Noé s'est également achevée sur un film de guerre majeur injustement oublié en France, La Bataille d'Alger, qui dénote avec le reste de la programmation de l'Etrange Festival. Avec ce film récompensé par le Lion d'Or à Venise en 1966, le cinéaste italien Gillo Pontecorvo illustre sans aucun parti pris et avec le maximum de réalisme historique la naissance de la nation algérienne dans un style visuel unique.
Ce 9 septembre, l'Etrange Festival ferme ses portes avec Hic (de crimes en crimes), une comédie satirique hongroise annoncée comme un mélange entre Microcosmos, le peuple de l'herbe et Twin Peaks.
Olivier Cugny
