Sorti il y a presque 100 ans, ce film scandaleux a pourtant révolutionné les moeurs et inspiré des millions de femmes à travers le monde
Olivier Pallaruelo
Olivier Pallaruelo
-Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

Le film "Loulou" de Georg Wilhelm Pabst, sorti en 1929, fit de son actrice Louise Brooks une icône féminine planétaire, en plus d'être entré dans la légende pour son traitement cru des moeurs sexuelles.

Adaptation de deux pièces de théâtre, La Boîte de Pandore et L’esprit de la Terre, du dramaturge allemand Frank Wedekind qui firent scandale au début du XXe siècle, Loulou, signé par le maître Georg Wilhelm Pabst, fit de son actrice principale, Louise Brooks, une véritable icône féminine de la période jazzy des années 20.

Une époque où, traumatisée par la Première Guerre mondiale, la société est plus désireuse que jamais de vivre intensément, comme pour conjurer et oublier les malheurs d'une guerre dont le souvenir hante la mémoire collective.

Alors que les femmes s'émancipent de plus en plus de leur condition, que les jupes se raccourcissent, l'actrice déclenche une nouvelle mode avec sa coupe de cheveux unique, bientôt imitée par les femmes du monde entier, que l'on surnomme les Flappers, les "garçonnes".

Un film qui dynamite les conventions et fait scandale

Dans le film, Louise Brooks incarne une héroïne belle, capricieuse, insouciante et innocemment perverse; une créature qui ne vit que pour l’amour. Elle joue dans une revue que commandite son amant, Ludwig Schön, un puissant magnat de la presse et du music-hall fiancé à la fille du ministre de l’intérieur.

Au soir de la première, Loulou oblige Ludwig à rompre. Elle se fait épouser par Schön, mais le soir des noces, il la surprend dans sa chambre en situation équivoque. Furieux, il veut l’obliger à se suicider, mais dans la lutte, c’est lui qui est tué par accident. Accusée de meurtre, Loulou parvient à s’enfuir…

Tamasa Distribution

Le film est aussi entré dans la légende pour son traitement cru des moeurs sexuelles. Le sexe et le désir viennent dynamiter les conventions bourgeoises : Loulou entretient d'abord une liaison avec un homme d'âge mûr, le docteur Schön, en même temps qu'avec son fils. Puis une femme, la Comtesse Anna Geschwitz (Alice Roberts), semble s'éprendre de la belle.

Largement censuré à sa sortie en 1929, Loulou sera remonté conformément aux souhaits du réalisateur en 1980, offre ainsi le premier personnage ouvertement lesbien de l'histoire du cinéma. La suite de la carrière de l'actrice est moins glorieuse, avec une étoile pâlissant très vite : retirée du circuit alors qu'elle n'a que 32 ans, elle exerce par la suite divers métiers, comme vendeuse dans un grand magasin ou même escort-girl. Publiant son autobiographie au début des années 80, intitulée Loulou à Hollywood, elle décèdera en 1985 d'une crise cardiaque.

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