Vous aimez l'horreur et les surprises ? Vous allez vous éclater devant Companion !
Maximilien Pierrette
Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

Premier long métrage de Drew Hancock, "Companion" saura ravir les fans d'horreur grâce aux nombreuses surprises qu'il contient. Et ce qu'il cache derrière.

Ça parle de quoi ?

La mort d'un milliardaire est le point de départ d'une série de péripéties pour Iris et ses amis, pendant un week-end dans la maison de ce dernier au bord d'un lac.

Surprise sur prise

Comment peut-on parler d'un film quand l'une de ses plus grandes forces réside dans sa capacité à surprendre le spectateur qui ne saurait rien de ce qu'il contient ? Si vous n'avez vu ni photo, ni bande-annonce de Companion, et que vous ne savez pas ce dont il est question dans le premier long métrage de Drew Hancock, veuillez donc passer votre chemin. Pas tout de suite, histoire que l'on vous donne quelques arguments susceptibles de vous convaincre d'aller en salles.

Scénariste sur des séries telles que Suburgatory ou Blue Mountain State, Drew Hancock passe donc au grand écran et à la réalisation avec cet opus qui mêle horreur, romance et science-fiction. Avec un côté ludique et amusant, qui implique le public et lui évite l'étiquette de "petit malin", et un sens de la satire que l'on retrouvait déjà dans les shows sur lesquels il a travaillé.

Warner Bros. Pictures

On sent également qu'il est un amateur du cinéma de genre, désireux de jouer avec les codes que tout le monde connaît, pour mieux surprendre ses spectateurs, alors que la question des apparences est justement partie prenante de ce film produit par Zach Cregger, réalisateur de Barbare qui a, un temps, envisagé de mettre ce script en scène. Et on peut comprendre son attrait pour le projet, lui qui est aussi parti d'une situation a priori familière pour prendre un virage à 180 degrés.

Maintenant, un choix s'offre à vous : partir découvrir par vous-mêmes les mystères de Companion, convaincu par ce que vous venez de lire. Ou rester. Car vous avez vu la bande-annonce qui dévoile le premier gros twist du récit, ou que vous êtes tout simplement curieux de savoir ce dont il en retourne.

ATTENTION - La partie ci-dessous contient des petits spoilers sur "Companion", car il évoque quelques-uns de ses rebondissements, présents dans le matériel promotionnel. Veuillez donc passer votre chemin si vous n'avez rien vu et souhaitez ne rien savoir.

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I, Robot

Avec ses couleurs vives, sa rencontre amoureuse qui navigue entre coup de foudre et maladresse, et même sa voix-off, Companion semble sauter à pieds joints dans les clichés de la comédie romantique dans sa première scène. Jusqu'à ce qu'Iris, le personnage principal, raconte avoir été heureuse à deux moments dans sa vie : "La première fois, c'est le jour où j'ai rencontré Josh. Et la seconde, quand je l'ai tué."

Bien aidé par le générique qui suit cette réplique, où les cartons rose bonbon sont mouchetées par des gouttes de sang, le ton est donc donné. Et il marque le point de départ d'une session de montagnes russes dont le premier looping intervient lorsqu'on nous révèle qu'Iris est… un robot. Le fameux Companion du titre, destiné à combler la solitude de celui qui le possède, en étant conforme au moindre de ses goûts, capable d'assouvir ses désirs et doté de souvenirs artificiels.

Avec ce twist, et lorsqu'il ne cite pas très ouvertement Terminator 2, le long métrage marche alors sur les traces des Femmes de Stepford ou encore Westworld, qui se servait notamment de son point de départ pour évoquer les violences faites sexistes et sexuelles à travers les personnages joués par Evan Rachel Wood et Thandiwe Newton.

Westworld : derrière la SF, une série résolument féministe

Une série dont Companion se rapproche puisqu'il se sert d'Iris pour évoquer l'objectification des femmes, la misogynie et l'emprise, ou se moquer de la masculinité toxique de ceux qui les voient et utilisent comme des trophées. Ou comme une manière de les faire se sentir supérieurs, à travers une scène très amusante autour du pourcentage d'intelligence qu'il a attribuée à l'héroïne, quand il n'est pas (littéralement) question de "gaslighting", manipulation mentale dans laquelle une information est déformée pour favoriser l'abuseur, ou faussée dans le but de faire douter la victime de sa mémoire, de sa perception de la réalité et de sa santé mentale.

Incarnée par Sophie Thatcher, nouvelle star de l'horreur qui brille une fois de plus dans ce film après Le Croque-mitaine et Heretic, Iris devient rapidement la "final girl" d'un récit qui évoque parfois You're Next d'Adam Wingard : celle que le public espère voir survivre, à l'issue d'un film qui prend le contrepied des préoccupations récentes d'Hollywood, où l'intelligence artificielle est devenue le nouveau méchant en vogue.

"Et si nous avions une histoire dans laquelle l'IA tourne bien ?"

"Il y a beaucoup de film sur l'IA, et je pense que le premier réflexe de chacun est d'imaginer une histoire dans laquelle les choses tournent mal avec elle", dit Drew Hancock dans le dossier de presse. "Je me suis alors dit 'Et si nous avions une histoire dans laquelle l'IA tourne bien ?' Et, une fois cette pensée en tête, j'ai décidé de jouer autour de cette idée et voir où cela nous menait."

"Puis, dès que j'ai trouvé la base du récit - ces trois couples dans cette maison en forêt - j'ai immédiatement commencé à m'identifier à Iris. J'ai repensé à toutes les fois où j'ai rencontré la famille et les amis de mes copines, et à quel point ce sentiment est aliénant. Plus je m'identifiais à elle, plus je me disais 'Et si le robot était la personne la plus emphatique de l'histoire ?'"

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Au-delà de sa manière de jouer avec les codes habituels et nos attentes, et de faire preuve d'un humour efficace en utilisant à bon escient des éléments placés dans le récit peu de temps auparavant, avec une énergie de sale gosse, Companion s'élève au-dessus de la masse grâce à son fond. Derrière son apparence de film de genre ludique, il cache l'histoire d'émancipation d'une femme qui ne se sent pas à sa place et dans le monde et prend conscience de ses forces, jusqu'ici entravées.

Des qualités qui peuvent rendre un second visionnage intéressant, une fois les surprises connues, pour mieux voir certains détails prendre encore plus de sens. Et comme le casting est des plus sympathiques, avec Jack Quaid (The Boys), Harvey Guillen (What We Do in the Shadows), Lukas Gage (Smile 2) ou Megan Suri (Mes premières fois), il ne sera sans doute pas nécessaire d'insister auprès de celles et ceux qui l'auront aimé la première fois.

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