C'est l'un des plus grands méchants du cinéma : il y a 23 ans, il a fait frémir des millions de spectateurs
Thomas Imbert
Thomas Imbert
-Chef de rubrique - Infotainment
De la Terre du Milieu aux confins de la galaxie Star Wars en passant par les jungles de Jurassic Park, il ne refuse jamais un petit voyage vers les plus grandes sagas du cinéma. Enfant des années 90, créateur des émissions Give Me Five et Big Fan Theory, il écrit pour AlloCiné depuis 2010.

Retour sur l'un des personnages les plus complexes, les plus riches et les plus fascinants de la pop culture, façonné par le génie de J.R.R. Tolkien et magistralement incarné par Andy Serkis dans la trilogie de Peter Jackson.

Nous sommes en 2002. Un an auparavant, le premier volet de la trilogie de Peter Jackson adaptée de l'oeuvre immortelle de J.R.R. Tolkien a déjà fait l'unanimité auprès des spectateurs, et Le Seigneur des Anneaux est désormais confortablement installé dans le paysage de la pop culture cinématographique. Mais Les Deux tours, deuxième opus de la saga, s'apprête à frapper encore plus fort, et à offrir au public un spectacle auquel il n'a jamais assisté.

Rencontre à Emyn Muil

Frodon et Sam, après avoir faussé compagnie à la Communauté pour affronter seuls le sinistre chemin qui les sépare du Mordor, font une halte bien méritée au beau milieu d'Emyn Muil, un vrai dédale de roches accidentées et de falaises à pic. Alors qu'ils dorment apparemment à poings fermés sous le clair de lune, au pied d'une abrupte paroi, une ombre décharnée s'avance sinistrement dans leur direction en maugréant des injures à leur encontre :

"Voleurs ! Sales voleurs, oui sales petits voleurs. Où est-il ? Où est-il ? Ils nous l'ont volé, mon Précieux."

Après avoir réussi à le neutraliser, les deux Hobbits prennent le temps de faire plus ample connaissance avec leur assaillant, et découvrent alors le dénommé Gollum. Une mystérieuse créature qui sillonne les recoins les plus ténébreux de la Terre du Milieu depuis des siècles avec une seule et unique obsession : l'Anneau Unique.

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Un antagoniste pas comme les autres

On pourrait rédiger des thèses entières (et cela a probablement déjà été fait) sur la complexité et sur la richesse de cet antagoniste pas comme les autres, méticuleusement façonné par le génie de J.R.R. Tolkien. Sa troublante dualité, son attachement viscéral à l'Anneau et son lourd passé font de lui un personnage absolument hors du commun, qu'il évolue entre les pages d'un livre ou sur un écran.

Au cinéma, pourtant, son réalisme et sa profondeur sont notamment à mettre au crédit d'un artiste hors du commun : l'excellent Andy Serkis.

Initialement engagé pour prêter sa voix à Gollum en trois semaines d'enregistrement seulement, il a finalement accompagné les acteurs sur le tournage et leur a donné la réplique en interprétant physiquement le personnage, réalisant une véritable performance d'acteur que les artistes digitaux de la Weta ont réussi à habiller numériquement pour donner vie au personnage que nous connaissons.

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"Vous créez la psychologie, son passé, ses émotions..."

Véritablement révolutionnaire dans le domaine de la performance capture (aujourd'hui fréquemment utilisé au cinéma mais qui à l'époque, en était encore à ses balbutiements), Andy Serkis a su percevoir très tôt le potentiel de cette incroyable technologie, comprenant qu'il pouvait interpréter Gollum avec la même passion et le même engagement que s'il s'était trouvé sur une scène de théâtre.

"C'est exactement le même procédé que lorsqu'on crée un personnage filmé traditionnellement, au cinéma, à la télé, ou au théâtre", avait-il ainsi confié à notre micro en 2017 au sujet de la performance capture.

"Vous incarnez ce rôle, vous créez la psychologie, le passé du personnage, ses caractéristiques physiques, ses émotions. Vous travaillez tout du long de la même façon. (...) L'une des parties les plus importantes du processus consiste à apprendre à vous connecter avec votre avatar, le personnage que vous jouez."

"Comme enfiler un costume ou mettre du maquillage."

"Donc sur le plateau de performance capture, vous regardez un écran. L'équivalent dans un film en live-action serait d'enfiler un costume ou de mettre du maquillage. (...) Vous vous regardez dans le miroir et vous commencez à choisir quel costume sera le mieux adapté au personnage. Vous faites la même chose en performance capture lorsque vous commencez à travailler avec votre avatar. Vous vous dites : 'Si je me tiens plus droit, le personnage a l'air plus fort. Si je me courbe légèrement, ça me rend un peu plus vulnérable...' Et vous pouvez voir le résultat en direct sur l'écran. C'est ce retour qui vous aide à créer le personnage."

Mettant à profit tout le potentiel encore méconnu de la performance capture, Andy Serkis a donc su faire vivre Gollum à l'écran de manière troublante, restituant avec brio sa double personnalité et son alter ego Smeagol, se faisant tantôt sinistre et inquiétant, tantôt misérable et attachant, pour arriver à fabriquer l'un des méchants les plus déstabilisants du cinéma.

(Re)découvrez la bande-annonce des "Deux tours"...

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