Hiver 1944, dans les Ardennes belges. Confrontées à la poussée massive des Alliés, les forces allemandes mènent une contre-offensive aussi féroce que désespérée. Directement sous leur feu, le lieutenant Costa et son peloton connaissent à deux reprises des pertes sévères, faute du soutien du capitaine Cooney, un officier aussi lâche qu’incompétent.
Redoutant le comportement criminel de son supérieur, Costa jure, en s’engageant dans une nouvelle mission, de lui faire payer le prix du sang de ses hommes s’il les abandonne à nouveau. Revenu vivant d’un front qui recule dangereusement, il pourrait joindre le geste à la parole…
On ne dira jamais assez à quel point Robert Aldrich fut un immense réalisateur. Irréductible et inclassable, radical et viscéral, celui que l'on surnommait le "Tarass Boulba d'Hollywood" a souvent été en porte-à-faux avec les studios hollywoodiens, qui lui reprochaient ses outrances et sa brutalité.
Estampillé spécialiste des films de guerre, dont le plus connu reste incontestablement Les 12 salopards, qui fut d'ailleurs un immense succès populaire, il a en réalité touché à tous les genres. Sa filmographie est d'ailleurs émaillée de chefs-d'oeuvre. Thriller (En quatrième vitesse). Plusieurs westerns (Vera cruz, Fureur Apache, Bronco Apache...). Le glaçant et extraordinaire Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? qui offrait un face à face au sommet entre Bette Davis et Joan Crawford. Les non moins réussis Chut, Chut, chère Charlotte, Faut-il tuer Sister George ?...
Un immense cinéaste dopé par un manque de moyens
Après l'avoir engagé une première fois pour tourner Le Grand couteau, Aldrich sollicite à nouveau un an plus tard Jack Palance pour lui confier le rôle principal de son film Attaque. Véritable gueule de cinéma, visage marmoréen taillé à la serpe, Jack Palance fait des merveilles dans ce sensationnel film de guerre qui dresse un sombre tableau de l’influence corruptrice de la guerre, de la brutalité des combats, ainsi que de l’incompétence et de la corruption des hauts fonctionnaires. Un ton et un message qui ne furent pas du goût du ministère américain de la Défense, qui refusa d'apporter son concours à la réalisation du film.
"Il est difficile, avec un petit budget, de se passer de figuration et de matériel" commenta Aldrich en 1956, dans un entretien mené avec François Truffaut dans les Cahiers du cinéma. "Les deux tanks que vous avez vu passer et repasser sont encore dans mon garage; j'ai dû les acheter moi-même ainsi que deux motocyclettes. J'ai loué deux half-tracks et une camionnette japonaise que j'ai fait maquiller en ambulance américaine. Il a fallu que je m'arrange pour ne montrer tout ce matériel à la fois que dans une seule scène".
Dopé par un manque de moyens évident, Aldrich renonce à la couleur, épurant son intrigue pour aller à l'essentiel : livrer un film de guerre viscéral et très réaliste, porté haut par de fabuleux comédiens, dont Eddie Albert et Lee Marvin, qui campe des militaires lâches.
Soit l'exact opposé de ce qu'ils furent durant la guerre d'ailleurs, dans une vraie ironie. Eddie Albert avait participé au sauvetage, sous le feu ennemi, de soixante-dix Marines. Marvin, quant à lui, fut grièvement blessé à la terrible bataille de Saipan en juin-juillet 1944. Une expérience traumatisante qui hantera l'acteur jusqu'à la fin de ses jours.
Attaque !, à voir (ou revoir !) sur Prime Video.