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    "L'empathie disparaît quand il y a une crise" : comment est née la série Families Like Ours sur Canal+ ?
    Mégane Choquet
    Mégane Choquet
    -Journaliste
    Journaliste spécialisée dans l'offre ciné et séries sur les plateformes quel que soit le genre. Ce qui ne l'empêche pas de rester fidèle à la petite lucarne et au grand écran.

    En diffusion sur CANAL+, "Families like ours" est la première série de Thomas Vinterberg ("Festen", "Drunk"). Le scénariste et réalisateur nous raconte comment est née cette fiction choc.

    C'est l'une des nouvelles séries prestigieuses et coup de poing de CANAL+ : Families like ours est la première fiction télévisée de Thomas Vinterberg, scénariste et réalisateur danois connu notamment pour ses films La Chasse, Festen, La Communauté ou encore Drunk, lauréat de deux Oscars (meilleure réalisation et meilleur film étranger).

    En 7 épisodes, Families like ours raconte le parcours d'une famille danoise en proie à un bouleversement majeur : une catastrophe naturelle irréversible oblige le gouvernement à évacuer le pays avant qu'il ne soit entièrement inondé.

    Families Like Ours
    Families Like Ours
    Sortie : 2024-10-20 | 52 min
    Série : Families Like Ours
    Avec Amaryllis April August, Albert Rudbeck Lindhardt, Nikolaj Lie Kaas
    Presse
    3,8
    Spectateurs
    3,0

    Le peuple danois se disperse et laisse derrière lui maisons, écoles et rues désertes. Alors que familles et amis sont séparés, en un instant, plus rien n’a de valeur, les destins changent et la chance sourit seulement à quelques exilés.

    Un projet de longue date

    Si l'intrigue de Families like ours semble si actuelle, elle a pourtant été pensée par Thomas Vinterberg il y a déjà 7 ans lorsqu'il habitait à Paris. Une expérience compliquée pour lui car il avait le mal du pays et surtout un terrible manque de sa famille.

    C'est ce sentiment qui a nourri l'idée de la série, qui s'inscrit naturellement dans ces oeuvres très intimes, tournées vers des drames familiaux face à l'adversité. Pour les personnages de Families like ours, le réalisateur s'est tourné vers un entourage précis comme inspiration :

    "L'expérience ici consiste à prendre des gens privilégiés et à leur retirer leurs privilèges et à voir comment ils se comportent. Par ailleurs, je pensais que c’était une série qui se déroulerait dans le futur. C'est entouré d'une expérience de pensée, donc ça doit être ancré dans quelque chose de très crédible. Et donc, j’ai parlé à des gens que je connais et qui sont mes voisins, qui sont aisés et quasiment tous banquiers".

    Manuel Claro / Zentropa Entertainments / StudioCanal / CANAL+ / TV 2

    Ce souci d'authenticité dans les personnages est égal au sentiment de réalisme qu'il voulait introduire dans le contexte de bouleversement catastrophique auquel ils sont confrontés. Pourtant, Thomas Vinterberg a eu cette idée dans un autre monde, il y a sept ans.

    "A cette époque, le monde était très différent", explique le réalisateur, "Il n’y avait pas eu de guerre en Ukraine, il n’y avait pas eu de pandémie et il y avait beaucoup moins d’eau dans nos régions du monde".

    Et on peut dire que son idée n'a pas été très bien reçue par son entourage et ses partenaires qui estimaient que l'idée était folle et impensable. "Et maintenant, ils pensent que c'est très actuel, très opportun".

    Une expérience humaine intense et authentique

    Thomas Vinterberg avait fait ses recherches à l'époque, qu'elles soient scientifiques ou politiques pour le scénario de Families like ours, toujours dans un souci d'authenticité, afin que le public s'identifie aux personnages et se questionne sur ces problématiques :

    "Nous avons parlé à beaucoup de gens à l'époque et nous avons demandé si c'était un scénario possible et ils ont répondu non. Il s’agit entièrement d’une expérience de pensée. Mais c'était il y a 7 ans, dans un monde différent. Je ne sais pas ce qu'ils vont répondre maintenant. Cela dit, nous avons toujours su qu'il s'agissait d'une expérience visant à étudier les êtres humains, leurs comportements et leurs choix existentiels. Et nous voulions rendre cela aussi réel que possible."

    Per Arnesen / Zentropa Entertainments / StudioCanal / CANAL+ / TV 2

    Parmi les réponses les plus accessibles et palpables dans ces recherches se trouvent notamment les questions gouvernementales, la paperasse et les actions politiques : "Une grande partie de nos recherches portaient donc sur l’État", confie le réalisateur, "Comment l’État réagit-il face aux réfugiés ? Comment obtenir la nationalité française ? Comment obtenir la citoyenneté en Roumanie ? Comment traitent-ils les réfugiés, comment voyagent-ils ?"

    Ces recherches ont éclairé certains choix scénaristiques pour Thomas Vinterberg, comme le fait de ne pas montrer la catastrophe en question à Copenhague. L'essence même de Families like ours restait le fait de décortiquer les sentiments humains, les interactions bonnes ou mauvaises et les questionnements sur l'avenir, que le réalisateur voit paradoxalement assez positivement.

    "L'empathie disparaît quand il y a une crise, mais une fois la crise passée, elle revient aussitôt. C'est la nature humaine. Nous sommes nés en tant que créatures sociales qui collaborent et interviennent les unes avec les autres. Et c'est quelque chose que je trouve très prometteur.

    Si l’on regarde la planète, je n’ai aucune raison scientifique d’espérer, mais j'ai confiance dans la façon dont l'humanité va se réinventer, s'adapter et faire face à ces choses. Mais il est si difficile de changer. Nous sommes dans une sorte de spirale passive.

    La solidarité est ici mise à l’épreuve. Comment réagirez-vous en cas de crise ? Qui vivrez-vous, qui placerez-vous dans votre canot de sauvetage ? Cela a à voir avec la solidarité ou le manque de solidarité également."

    Propos recueillis par Mégane Choquet le 9 décembre lors d'une table ronde virtuelle avec d'autres journalistes.

    Les deux premiers épisodes de "Families like ours" sont disponibles sur myCANAL. Le reste de la série sera diffusé sur CANAL+ à raison de deux épisodes par soirée les lundis.

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