Wladyslaw Szpilman, brillant pianiste juif polonais, échappe à la déportation. Contraint de vivre au cœur du ghetto de Varsovie, il en partage les souffrances, les humiliations et les luttes. Il parvient à s’échapper et à se réfugier dans les ruines de la capitale. Un officier allemand va l’aider et lui permettre de survivre...
A la lecture de ce qui précède, vous avez certainement reconnu le synopsis du Pianiste, sorti en 2002 et signé Roman Polanski.
En évoquant le bouleversant destin du pianiste juif polonais Wladyslaw Szpilman, parqué dans le ghetto de Varsovie dont il partage les souffrances, les humiliations et les luttes héroïques durant la Seconde guerre mondiale, le cinéaste exorcisait son douloureux passé, celui d'enfant rescapé du ghetto de Cracovie, en Pologne.
Palme d'or à Cannes, couronné par trois Oscars dont celui du Meilleur réalisateur, Le Pianiste est porté par un extraordinaire Adrien Brody, plus transfiguré et habité que jamais. Le comédien y jouait ni plus ni moins le rôle de sa vie. Au prix d'un engagement et d'une dévotion impressionnante.
"Cela m’a en quelque sorte ouvert à une compréhension profonde du vide et de la faim"
Il a d'abord perdu 14 kg, puis s'est mis à apprendre le piano pendant des mois, à raison de 4h de pratique par jour. Suite à cela, il estima qu'il devait se perdre autant que son personnage, s'isoler au maximum.
Il opta pour une solution radicale : il lâcha son appartement, coupa tous ses téléphones, vendit sa voiture, et partit en Europe comme un itinérant sur les routes, avec seulement deux sacs...
Pendant ce temps de préparation, "tout le monde et toutes les bonnes choses me manquaient", déclara-t-il dans une interview donnée à la BBC en janvier 2003. Il s'était tellement isolé, à se plonger aussi dans les mémoires du pianiste survivant de l'Holocauste, qu'il lui a fallu six mois pour se réacclimater avec la "civilisation".
Pour autant, même le film loin derrière lui, il n'en avait pas fini d'en payer le prix. Dans une récente interview accordée à Vulture pour assurer la promotion de son film The Brutalist, l'acteur évoque une douloureuse période post tournage.
"C'était une transformation physique nécessaire à la narration", raconte-t-il. "Mais ensuite, cela m’a en quelque sorte ouvert, spirituellement, à une compréhension profonde du vide et de la faim d’une manière que je n’avais jamais connue".
Ajoutant : "J'ai eu un trouble alimentaire pendant au moins un an" après avoir terminé le film. C'est peu dire que son Oscar du Meilleur acteur fut largement mérité.