Le film d’une vie
Un célèbre documentariste canadien, condamné par la maladie, accorde une ultime interview à l’un de ses anciens élèves, pour dire enfin toute la vérité sur ce qu’a été sa vie. Une confession filmée sous les yeux de sa dernière épouse…
Présenté sur la croisette lors de la 77e édition du Festival de Cannes, Oh, Canada est porté par une distribution d’anthologie bien qu’intergénérationnelle, composée de Richard Gere, Uma Thurman, Jacob Elordi ou encore Michael Imperioli. Ce casting de renom s’accompagne d’une écriture soignée et délicate, mêlant avec subtilité les nombreuses étapes d’une vie humaine et les remous d’une époque faite de multiples évolutions.
À l’origine de ce récit transcendant ? Un roman de l’immense Russel Banks, publié en France sous le titre éponyme aux éditions Actes Sud, librement adapté à l’écran par son ami Paul Schrader. Ce nom vous dit quelque chose ? C’est normal : derrière lui se cachent certains des plus grands scénarios du XXe siècle.
Le grand retour d’un conteur de légende
Si sa filmographie a avant tout été marquée ces dernières années par ses réalisations, Paul Schrader est aussi scénariste… et pas des moindres ! Collaborateur mythique de l’immense Martin Scorsese, il se fait connaître en 1976 pour l’écriture de Taxi Driver. Si son association avec Martin Scorsese se poursuit sur des projets tels que Raging Bull ou La Dernière Tentation du Christ, Schrader prête également sa plume à d’autres légendes du 7e art, comme Brian De Palma (pour Obsession) ou encore Peter Weir (Mosquito Coast).
Loin de se satisfaire de son statut de scénariste, Paul Schrader s’attaque à la réalisation dès les années 70 avec Blue Collar, avant d’enchaîner avec plusieurs classiques, notamment American Gigolo (d’ailleurs porté par Richard Gere, que Paul Schrader retrouve dans Oh, Canada près de 45 ans après leur rencontre). Ses derniers long-métrages ont particulièrement attiré l’attention pour la qualité de leur écriture et leur mise en scène aussi maîtrisée que référencée : Sur le chemin de la rédemption, The Card Counter ou encore Master Gardener ont contribué à le faire connaître d’une nouvelle génération de cinéphiles.
Avec Oh, Canada, Paul Schrader livre le film d’une vie, une œuvre somme où se mêlent ses influences et ses gimmicks les plus personnels. Jouant sur différents tableaux temporels, chargé d’un important contexte historique et politique quelle que soit l’époque représentée, Oh, Canada se révèle profondément émouvant malgré la subtilité de sa mise en scène pudique.
Malgré ses soubresauts et ses ruptures, la narration du personnage principal – incarné dans le présent par un Richard Gere brisé – demeure d’une cohérence et d’une fluidité digne de l’un des plus grands scénaristes de l’histoire hollywoodienne et promet une carrière encore longue et semée de merveilles. En effet, à 78 ans, Paul Schrader n’a pas prévu de s’arrêter et travaille encore à deux longs-métrages : Non Compos Mentis et The Basics Of Philosophy.
Oh, Canada, réalisé et scénarisé par Paul Schrader d’après le roman éponyme de Russel Banks, est à découvrir au cinéma dès le 18 décembre.