De quoi ça parle ?
C’est un pan de l’Histoire irlandaise qui se dévoile aujourd’hui dans Ne Dis Rien, une série que Disney+ vient d’ajouter à son catalogue. Basée sur le best-seller de Patrick Radden Keefe, sorti en 2018 et récemment classé au 19e rang des 100 meilleurs livres du XXIe siècle par le New York Times, cette production prend comme point de départ un fait divers : celui de la disparition en 1972 de Jean McConville. Cette mère célibataire de dix enfants a été enlevée chez elle à Belfast et n'a jamais été revue vivante.
La petite histoire dans l’Histoire
Ce fait divers, qui a trouvé sa conclusion bien des années plus tard, ne sert que de “prétexte” à l’auteur et à la série pour faire un état des lieux politique du pays et de l’implication de l’Armée Républicaine Irlandaise (IRA) dans la mort et la disparition de nombreuses personnes, connues collectivement sous le nom de "disparus".
L’histoire, qui est donc inspirée de faits réels, est racontée du point de vue de Dolours Price (jouée par Maxine Peake et Lola Petticrew), ancienne membre de l’armée, qui explique face à un journaliste, comment elle s’est laissée embrigader dans un cercle de violences, elle qui militait pacifiquement pour les Catholiques.
La série raconte le parcours de plusieurs de ces membres sur une large période, permettant aux spectateurs de comprendre les tenants et aboutissants du conflit nord-irlandais, une période que les Historiens appelleront "The Troubles".
On regretterait presque que Disney+ n’ait pas assez communiqué sur cette série auprès de ses abonnés tant elle mérite le coup d’oeil. Pour ceux qui ne connaîtraient rien de l’histoire de ce conflit armé, Ne dis rien offre un éclairage captivant et sans concession sur l’IRA : son mode de fonctionnement, ses méthodes et son dérive radicale. Surtout que la qualité de la photographie, le mode de narration (très littéraire) et le jeu des acteurs permettent de plonger la tête la première dans son univers.
Certains pourraient peut-être lui rapprocher de rendre son héroïne, Dolours Price et sa sœur Marian Price, trop attachantes aux regards des crimes qu’elles ont commis au sein de le l’Organisation et on peut comprendre.
Même si les deux femmes ont depuis fait leur mea culpa auprès des différentes familles qu’elles ont lésées - comme celle de Jean McConville - Ne dis rien nous montre surtout comment la prédominance d’un état sur un autre a pu faire autant de mal. Un sujet d’actualité dans une autre partie du monde…