Dans l'avalanche de films américains sortis durant la décennie des années 90, certains sont malheureusement restés dans l'ombre. Pour diverses raisons d'ailleurs : sorties confidentielles et / ou films jugés pas assez grand public; films mal vendus par les équipes marketing des studios; calendrier de sortie malheureux parce qu'en concurrence frontale avec un rouleau compresseur du Box Office...
Ou, plus simplement encore, des oeuvres jugées un peu trop hâtivement comme mineures, sous-estimées à l'époque de leur sorties, que le temps s'est parfois -et heureusement- chargé de réévaluer. Mais pas toujours. En voici une belle : Suture.
Irrigué des influences des formidables Un crime dans la tête et du méconnu Seconds - l'opération diabolique (1966) de John Frankenheimer, avec une large rasade du Visage d'un autre, très beau film noir et blanc et étrange du japonais Hiroshi Teshigahara sorti cette même année, Suture est un film assez inclassable, fou et unique, totalement passé sous le radar au Box Office à sa sortie en 1993.
Un scénario absolument diabolique
Le synopsis ? Diabolique. Homme puissant, antipathique, sûr de lui et blanc, Vincent (Michael Harris) rencontre son demi-frère Clay, afro-américain (Dennis Haysbert) ayant un train de vie nettement plus modeste, à l'enterrement de leur père, mort assassiné. Malgré leurs apparences différentes, Vincent est frappé par les similitudes qu'il partage avec son demi-frère.
Suspecté de meurtre, Vincent décide d'assassiner celui-ci, et d'échanger son identité avec la sienne. Mais Clay survit miraculeusement à la tentative d'assassinat. Souffrant d'amnésie et pensant désormais être Vincent, Clay doit prouver qu'il n'est pas le tueur... Avant qu'il ne soit condamné à la prison à vie pour un crime qu'il pense ne pas avoir commis !
Un film rare
Si vous n'avez à peu près rien compris au synopsis de Suture, c'est normal ! Dans le genre récit torturé à souhait, Suture frappe fort. C'est d'ailleurs en voyant un premier grossier montage du film que Steven Soderbergh, très enthousiaste, proposa au duo de réalisateurs David Siegel et Scott McGehee d'être producteur exécutif du film.
Présenté en 1994 au réputé Festival du film de Sundance d'où il repartira auréolé du prix de la meilleure photo, et celui de de Sitges, duquel les réalisateurs obtiendront le Prix du meilleur premier film, Suture est une vraie pépite. Il n'a été vendu qu'en bundle DVD avec un autre film du duo de réalisateur, Bleu profond, il y a 21 ans...