Le 8 décembre 1964, sort au cinéma un film porté par une actrice qui est à l'époque une star encore davantage en Italie qu'en France : Michèle Mercier. Elle qui tient les premiers rôles des Trois visages de la peur de Mario Bava ou du Boucanier des îles se retrouve la tête d'affiche d'un film qui va changer sa vie et connaître de nombreuses suites, Angélique, marquises des anges.
Près de 3 millions d'entrées !
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Adapté de la série littéraire d'Anne Golon qui compte alors huit livres, ce premier film Angélique est réalisé par Bernard Borderie. Ce dernier a connu le succès avec son diptyque des Trois mousquetaires porté par Gérard Barray (4,4 millions à eux deux), puis deux aventures du Chevalier de Pardaillan, toujours avec l'acteur (3,2 millions d'entrées à la clé), on lui propose donc logiquement de travailler sur Angélique, qui va nécessiter son savoir-faire en termes de gestion de gros budget.
Michèle Mercier incarne Angélique Sancé de Monteloup, tandis que Robert Hossein joue le mystérieux Joffrey de Peyrac, Jean Rochefort l'avocat Desgrez et Giuliano Gemma (acteur qui n'avait pas encore explosé avec le western italien) Nicolas, l'amour de jeunesse d'Angélique. Le point de départ est simple : Angélique aime Nicolas, mais son père ayant des difficultés d'argent, la marie de force à Joffrey de Peyrac, un noble très riche, versé dans l'alchimie et blessé de guerre.
Les deux personnages vont difficilement s'apprivoiser et lorsque l'amour naît enfin, Joffrey est injustement brûlé en place publique pour sorcellerie. Le film se termine alors qu'Angélique trouve des alliés (dont Nicolas) à la cour des miracles de Paris, avec un désir fort de prendre sa revanche. Car oui, il était déjà prévu qu'en cas de succès, un deuxième long métrage serait lancé.
4 suites sont arrivées !
Avec 2,95 millions d'entrées, Angélique, marquise des anges séduit le public et la même équipe tourne très vite et sort dès l'été suivant : Merveilleuse Angélique (1965). Cet épisode est dans la lignée du premier opus, avec toutefois des détours pas toujours très heureux - comme cette auberge ouverte par Angélique mais brûlée quelques minutes de film plus tard. Quant aux intrigues au sein de la Cour des miracles, elles retardent sans cesse l'avancée de la vengeance d'Angélique.
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Trois autres épisodes suivront, avec plus d'aventure, d'érotisme soft et d'exotisme, dont le meilleur reste peut-être Angélique et le roy (1966). En revanche, l'intrigue d'Indomptable Angélique (1967) traine pour rien, tandis qu'Angélique et le sultan (1968) copie tant (et maladroitement) l'esthétique et la musique de Lawrence d'Arabie sorti six ans plus tôt que cela en devient ridicule, en plus de ne rien raconter d'intéressant.
Après ce cinquième épisode et un succès qui ne se dément pourtant pas, Michèle Mercier arrête les frais, lassée de ces scénarios écrits à la va-vite, de sa mauvaise paye malgré les bonnes recettes des films, et de la tournure prise concernant le traitement de son personnage. Pourtant pleine d'ambition, de force de caractère, de courage et d'intelligence, Angélique devient au fil du temps rien de plus qu'une chair que l'on viole, fouette, enlève, vend aux enchères et maltraite.
A partir d'Indomptable Angélique, subissant l'action davantage qu'elle ne l'initie, le personnage perd de sa force et donc de sa crédibilité, renforçant la déception du spectateur fidèle.
Pour les curieux, la suite du feuilleton
Voici, très résumées, la suite des aventures d'Angélique après Marquise des anges :
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- Merveilleuse Angélique (2,3 millions). La vengeance d'Angélique commence, mais la Cour des miracles lui reproche ses liens avec l'avocat Degrez - depuis devenu policier. Suite à une rivalité chez les bandits, Nicolas est tué et Angélique se retrouve en fuite. Angélique ouvre une chocolaterie et envisage d'épouser son cousin, le marquis de Plessis-Bellières, pour renouer avec la noblesse. Elle se ravise, mais le cousin lui force la main, et elle est mariée par le roi lui-même.
- Angélique et le roy (2,1 millions). Angélique perd son époux à la guerre et se voit confier par le roi une mission secrète : convaincre l'ambassadeur de Perse de signer un traité avec les Français. Elle y parvient non sans mal, et l'ambassadeur demande au roi la main d'Angélique. Colbert crée la stupéfaction car, pour sauver la jeune femme de ce mariage forcé, il annonce qu'elle est la favorite du roi, Louis XIV ! Créant des jalousies, la vie d'Angélique est menacée et elle trouve refuse dans la propriété de son défunt mari, Joffrey de Peyrac. Ce dernier, qui a visiblement survécu à son exécution dans le premier film, lui écrit pour lui expliquer qu'il est en vie mais qu'il l'a laissée vivre sa vie.
- Indomptable Angélique (1,9 millions). Angélique recherche Joffrey et embarque pour la Sardaigne. Son navire est attaqué par un pirate appelé le "Rescator" et elle saute à l'eau, ignorant que le Rescator n'est autre que Joffrey. Repêchée par un autre pirate, D'Escrainville, Angélique est conduite en Crête pour être vendue dans un marché aux esclaves. Elle y est achetée par un inconnu en fait envoyé par Joffrey et retrouve enfin son défunt mari. Leur idylle ne dure pas car Angélique est enlevée par D'Escrainville.
- Angélique et le sultan (1,78 millions). D'Escrainville vend Angélique au sultan de Mikenez. Elle tente de le tuer, et se voit condamnée au fouet. La favorite du sultan attente également à sa vie, mais Angélique survit, s'évadant avec deux autres prisonniers. Joffrey rencontre le sultan, mais arrive hélas après l'évasion. La traque de sa bien-aimée reprend. De leur côté, les prisonniers traversent le désert, et seule Angélique reste en vie. Lorsque la troupe du sultan est prête à la capturer, elle s'évanouit et reprend conscience sur le bateau de Joffrey. L'amour reprend ses droits.
La saga se terminera en 1968 avec ce dernier épisode, concluant la saga sur grand écran et laissant l'autrice Anne Golon développer le personnage d'Angélique sur papier plutôt qu'au cinéma. Quoi qu'on en pense, la saga aura permis de montrer, dans ses premiers opus, un personnage inspirant qui a été à l'origine de l'un des plus grands succès populaires du cinéma français. Alors, chapeau Angélique et chapeau Michèle !
