En 2021, les sociétés Moana Films et Sony Pictures s'associaient pour lancer Parasomnia Productions, un nouveau label dont la vocation est d'encourager et promouvoir le cinéma de genre français à petit budget. Au programme de ce Blumhouse tricolore donc : films fantastiques, d'horreur, thrillers et science-fiction.
Le Blumhouse français
Lors de l'annonce du lancement de Parasomnia, nous avions interrogé Marc Missonnier, le DG de Moana Films et Stéphane Huard, le Président de Sony Pictures France. Ces derniers revenaient sur la nécessité de la création d'un tel label : "Il y a des talents en France fans de films de genre et qui ne demandent qu’à s’exprimer. Je ne dirai pas que la France a un retard dans ce domaine, mais elle peut certainement en produire plus. Du nombre provient la diversité, et c’est la diversité qui rend possible les bonnes surprises." nous déclarait ainsi Marc Missonnier.
Stéphane Huard ajoutait : "Le marché français regorge de talents volontaires pour développer les films de genre et en même temps dans les salles de cinéma en particulier, la croissance d’un public de plus en plus large pour voir ces films."
Concernant la comparaison avec le studio américain créé par Jason Blum, Marc Missonnier précise : "Blumhouse est évidemment une référence très intéressante, mais ce n’est pas la seule. J’ai créé il y a quelques années un label de films de genre, Bee Movies (Un Jeu d’Enfants de Laurent Tuel, Maléfique d’Eric Valette, etc) et je suis heureux d’y revenir aujourd’hui aux côtés de Sony."
Un thriller intense comme premier film
Aujourd'hui le label présente son premier long métrage, le thriller 37 : l'ombre et la proie.
Mis en scène par Arthur Môlard, dont c'est le premier long métrage, le film est porté par Guillaume Pottier et Mélodie Simina, tous deux prénommés pour les Révélations aux César 2025.
Dans le long métrage, Guillaume Pottier incarne Vincent, un chauffeur-routier, qui prend en stop une jeune femme qui prétend s’appeler Trente-Sept (Melodie Simina). Très vite, son comportement étrange éveille les soupçons du routier. Mais Vincent lui-même n’est peut-être pas aussi innocent qu’il n’y paraît... Entre le chauffeur et sa passagère s’engage alors un jeu diabolique qui va bientôt devenir totalement hors de contrôle.
Le metteur en scène Arthur Môlard tire les influences de ce huis-clos intense et tendu, des films culte Duel de Steven Spielberg et Hitcher de Robert Harmon auxquels les cinéphiles penseront forcément durant le film. Il explique d'ailleurs dans le dossier de presse que Duel a servi d'influence pour sa manière de personnifier le camion et d'en faire une figure monstrueuse, tandis que Hitcher fascine le réalisateur pour sa "ligne narrative très claire, très épurée. La mise en scène fait que les personnages, qui sont des figures très simples, deviennent progressivement des icônes, des figures quasiment mythologiques".
Parmi les autres influences, le metteur en scène cite Le Voyage de la peur, "un très bon thriller routier qui possède lui aussi cette ligne narrative claire, avec des incursions dans l’étrange", et Sorcerer, "pour la bascule progressive du réalisme vers un climat halluciné, vers un paysage de plus en plus intérieur."
Un budget minime
Tourné en 21 jours pour un budget minime d'un million d'euros, 37 : l'ombre et la proie est un thriller efficace. Et c'est en partie grâce à ce petit budget, puisqu'il a fallu "économiser" des jours de tournage.
Le cinéaste explique ainsi : "Un mois avant le tournage, le scénario faisait 90 pages : il contenait plusieurs flashbacks sur le parcours de Trente-Sept. [...] on a donc dû enlever toute cette partie et on l’a finalement résumée dans un dialogue. On a ainsi resserré l’unité de temps, et je pense que le film y a gagné en intensité : nous n’avons gardé que l’essentiel de l’action."
Il en résulte un film intense avec un sous-texte politique. 37 : l'ombre et la proie est à voir au cinéma.