Coincé entre un pur chef-d'oeuvre, Lettres d'Iwo Jima, sorti en 2006, et une autre sacrée pépite sortie quant à elle en 2008, Gran Torino, le film L'Echange de Clint Eastwood est une oeuvre un peu mal aimée. Ce ne sont d'ailleurs pas ses résultats au box office international qui diront le contraire. Produit pour 55 millions de dollars, il n'en a rapporté qu'un peu plus du double. Un résultat évidemment très décevant.
S'il ne figure pas au sommet de l'immense filmographie de Clint, il mérite pourtant largement le coup d'oeil, ne serait-ce que pour la composition d'Angelina Jolie, qui porte à bout de bras le film. D'autant plus intéressant qu'il s'agit en prime d'une histoire vraie.
Celle de Christine Collins. Un matin de l'année 1928, elle dit au revoir à son fils Walter et part au travail. La routine. Lorsqu'elle rentra à la maison, celui-ci avait disparu. Une recherche effrénée s'ensuivit et, quelques mois plus tard, un garçon de neuf ans affirmant être Walter lui était restitué. Christine le ramena à la maison mais au fond d'elle, elle savait qu'il n'était pas son fils... En signalant sa disparition, Christine Collins allait mettre en lumière les agissements plus que douteux d'une police corrompue...
Une expérience "très, très difficile"
Avant de lire le scénario, Angelina Jolie avait hésité à accepter le rôle, car elle sortait du tournage d'un film éprouvant dans lequel il était déjà question de kidnapping : Un coeur invaincu (elle y incarnait l'épouse de Daniel Pearl, journaliste enlevé et assassiné). "Finalement, c'est l'obstination de Christine, sa ténacité qui m'ont fait changer d'avis. J'aime tout spécialement cette histoire à cause de la manière dont elle dénonce la corruption des hommes de pouvoir", confia la comédienne.
Dans une interview promotionnelle donnée à l'occasion de la sortie de L'Echange, Angelina Jolie expliquera que l'expérience du tournage du film de Clint fut très éprouvante. "J’ai souvent travaillé sur des films qui demandaient beaucoup d’émotion et un réalisateur qui ne la comprenait pas. Vous commenciez la scène et faisiez dix prises… avec Clint, vous lui exposez simplement les choses, et il comprend". Le cinéaste était d'autant plus à l'écoute et au diapason avec la comédienne qu'il est notoirement réputé pour faire très peu de prises.
Étant elle-même mère, l'actrice a admis que ce rôle lui tenait à cœur. Imaginer la douleur de perdre un enfant, en particulier l'impuissance ressentie par Christine, a rendu l'expérience encore plus personnelle. "La perte d'un enfant, et ne pas savoir où il est, est probablement la pire chose qui soit... Donc le film a été très, très douloureux".