De quoi parle Fario ?
Léo, jeune ingénieur brillant et fêtard qui vit à Berlin, doit rentrer dans son village du Doubs pour vendre les terrains agricoles de son père à une entreprise de forage de métaux rares. Il retrouve sa mère, sa petite sœur, ses copains et son cousin, en désaccord avec le projet de mine. Rapidement, Léo observe d’étranges comportements chez les farios, ces truites qui peuplent la rivière. Il se lance alors dans une enquête hallucinée…
Une incursion dans le merveilleux
Présenté en sélection officielle au 77e Festival du film de Locarno et dans la catégorie "Premiers rendez-vous" au dernier Festival du film francophone d’Angoulême, Fario est le tout premier long-métrage de la réalisatrice Lucie Prost. À découvrir dès aujourd’hui en salle, ce film, dont elle signe également le scénario, s'inscrit dans la veine du cinéma de genre qui s’est fait une place de choix sur nos écrans ces dernières années.
“Si je me suis autorisée à faire une incursion dans le cinéma de genre, c’est grâce au film Petit Paysan de Hubert Charuel, qui a ouvert la porte. Le Règne animal est sorti en salles lorsque j’étais en post-production, mais sur certains aspects en effet, des thématiques se rejoignent. Après il me semble que Fario relève plus du merveilleux que du fantastique,” explique-t-elle.
De retour dans sa ville natale pour vendre des terrains légués par son père après la mort de celui-ci, Léo observe des phénomènes anormaux chez les truites et commence à mener son enquête. L'implantation d’une entreprise de forage de métaux rares, qui souhaite justement racheter ses terres, attise la méfiance de ses proches, et lui-même commence à s’interroger sur le lien qu’elle pourrait avoir avec le comportement étrange des poissons…
À travers les recherches de Léo, et les craintes de son entourage, le long-métrage livre un important message écologique, soulevant notamment la question de la pollution des rivières, et mettant en lumière les difficultés du monde agricole. “La question du vivant était vraiment le point de départ du film, défendre l’idée que les êtres humains ne possèdent pas le vivant mais sont le vivant.
Comme je ne voulais pas faire un film purement militant, j’ai tracé une ligne sous-terraine plus intime autour du suicide d’un agriculteur. Les agriculteurs ont un lien privilégié avec la planète et ses ressources. Et j’ai mis en scène une famille, un fils et une fille, un neveu, ceux qui restent,” souligne Lucie Prost.
Caché sous la surface
Car Fario va en effet bien au-delà de ce message écologique, qui n’en reste pas moins essentiel. Le film raconte aussi et surtout la trajectoire intime d’un jeune homme confronté, sans tout à fait le réaliser, au deuil et à la dépression. Léo, qui a quitté son village natal peu de temps après la mort de son père, revient tout à coup dans ce lieu chargé en souvenirs et auprès de ces gens qui sont eux restés.
“Ce retour est compliqué pour lui et pour ceux qui savent ce qu’il a vécu. Il va bouleverser l’écosystème dans lequel il arrive, renvoyer un miroir à chacun. Et comme il est parti juste après le suicide de son père, il s’est enfermé dans le déni. Pour moi, c’est un personnage qui a clivé, qui a mis son trauma de côté pour ne pas s’effondrer. Le chemin pour accueillir la dépression et se reconstruire va passer par l’acceptation du trauma et l’expression de sa fragilité,” explique la réalisatrice.
Si le long-métrage tend vers le merveilleux, le deuil et la souffrance sont bien là, cachés sous la surface, invisibles à l'œil nu, mais on ne peut plus réels. Les truites de la rivière sont-elles en train de muter pour s’adapter à leur environnement ? Une chose est certaine, c’est que Léo, lui, va peut-être devoir en faire autant pour surmonter cette épreuve de la vie.
C’est l’acteur Finnegan Oldfield, récemment à l’affiche de Coupez ! et Vermines, qui a été choisi par Lucie Prost pour porter son film : “J’ai aimé sa personnalité, son tempérament nerveux mais aussi sa part féminine. Parfois en société il se blinde et devient un peu Léo. Il a ce paradoxe-là et je trouvais que c’était chouette pour le personnage”.
À ses côtés, on retrouve Florence Loiret Caille (Le Bureau des légendes), la toute jeune Léna Laurent et Megan Northam (Les Passagers de la Nuit), qui incarnent respectivement sa mère, sa petite sœur et une amie d’enfance. Le retour de Léo et son enquête vont lui permettre de renouer avec chacune d’entre elles.
Découvrez Fario, le premier long-métrage de Lucie Prost, au cinéma.