C'est un film qui a fait l'effet d'un séisme à sa sortie en 2009. Avec Gran Torino, Clint Eastwood fait plus que réaliser et jouer dans un film à succès : il signe un adieu symbolique à l'une des facettes les plus emblématiques de sa carrière d'acteur. Il récolte d'ailleurs la moyenne exceptionnelle de 4,5 sur 5 de la part des spectateurs sur AlloCiné.
Dans ce film, Eastwood incarne Walt Kowalski, un vétéran grincheux de la guerre de Corée, reclus et raciste, qui finit par se sacrifier pour protéger une famille Hmong vivant à côté de chez lui. Ce rôle marque une rupture avec les personnages durs et violents qui ont jalonné sa carrière, notamment le légendaire Harry Callahan, alias L'inspecteur Harry (Dirty Harry, en anglais).
La fin d’une ère : adieu Dirty Harry
Clint Eastwood a déclaré au moment de sa sortie que Gran Torino serait son dernier rôle en tant qu'acteur, une décision lourde de sens, car ce film incarne le rejet définitif de l'image de l'homme blanc solitaire et vengeur qui l'a accompagné durant des décennies. Heureusement, il a rompu cette promesse avec Une nouvelle chance et La Mule.
Si Dirty Harry, figure du policier brutal des années 1970, était le symbole d'une Amérique blanche effrayée et en colère, Walt Kowalski, bien que tout aussi bourru, entreprend une transformation profondément morale. Dans une scène finale pleine de symbolisme, Walt choisit de sacrifier sa vie pour sauver ses voisins immigrés, plutôt que de sombrer dans la violence qui a caractérisé tant de ses anciens rôles.
Un désaveu de la violence et du racisme
Le personnage de Walt, qui lance des insultes racistes tout au long du film, reflète encore les préjugés ancrés dans certaines parties de la société américaine. Cependant, au fur et à mesure que l'intrigue avance, Walt commence à comprendre et à accepter ses voisins, se détournant de son comportement initial pour finalement protéger ceux qu’il avait d’abord rejetés.
Comme le souligne un critique du Guardian au moment de la sortie, "Gran Torino est un désaveu absolu de la vengeance et du racisme qui avaient caractérisé les films de Clint Eastwood tels que Dirty Harry."
Un adieu symbolique et sincère
Et avec Gran Torino, Eastwood rend également hommage à deux figures majeures de sa carrière : John Wayne et Don Siegel. Le film rappelle Le Dernier des Géants (1976), l'ultime film de John Wayne, où celui-ci interprète un ancien héros qui refuse de laisser les jeunes générations continuer dans la violence. Un film réalisé par Don Siegel, qui a dirigé plusieurs des films de Clint, dont le premier Dirty Harry.
Eastwood s’inscrit dans cette continuité, où il offre une réflexion sur le passage à une époque où la violence n’est plus nécessaire pour définir la masculinité.
Gran Torino représente donc bien plus qu'un simple drame : il s'agit de la conclusion de tout un pan de sa carrière, marquée par la représentation de la violence et de la justice expéditive. En renonçant à cette violence, Clint Eastwood offre un rôle empreint de regrets et d'espoir, tant pour lui-même que pour ses personnages.
Grand Torino est disponible jusqu'au 31 octobre sur Netflix.