Il est impossible de nier la conquête du box-office – et de la culture pop – de Jurassic Park lors de sa sortie en salles en 1993. C’est un euphémisme de dire que le film de Steven Spielberg a connu un énorme succès, dépassant de près de 140 millions de dollars le box-office annuel de son concurrent le plus proche. Et une récente réédition en 3D lui a permis de franchir le seuil légendaire du milliard de dollars dans le monde entier.
Et plus de 31 ans plus tard, la franchise est toujours vivante, avec un nouveau film Jurassic World en préparation.
Mais le succès du tout premier Jurassic Park a éclipsé un autre film de dinosaures qui est lui aussi sorti en 1993, un mois avant pour être précis : Carnosaur de son titre original. Comme Jurassic Park, Carnosaur suit un scientifique – ici une scientifique – qui décide de ramener les dinosaures à la vie et comme Jurassic Park, l’histoire est vaguement basée sur un roman de science-fiction du même nom (qui a été publié bien avant d’ailleurs !). Et là encore, il a lui aussi eu droit à deux suites.
Mais les différences majeures entre les deux premiers volets : leur budget et leur succès. Le premier Carnosaur, signé Adam Simon et Darren Moloney, a coûté 75 fois moins cher que Jurassic Park, et Carnosaur n’a pas marqué les esprits – bien que le film ait rapporté 1,7 million de dollars pour un budget de 850 000 dollars ce qui lui offrira deux suites, en 1995 et 1996.
Une autre différence : le ton. En effet, Carnosaur mise sur l’horreur (et sera d’ailleurs interdit au moins de 18 ans lors de sa sortie), là où Jurassic Park mêle moments d’émerveillement et moments effrayants.
Qui est arrivé le premier ?
Si le roman Carnosaur a devancé Jurassic Park de six années, ses origines sont toutefois douteuses.
“En 1983, un collègue journaliste de cinéma, Alan Jones, est revenu d’une visite à Hollywood avec la nouvelle que la prochaine grande tendance hollywoodienne serait les films de dinosaures. Il m’a dit qu’il y avait toute une série de photos de dinosaures sur les planches à dessin”, a écrit l’auteur John Brosnan, qui a publié Carnosaur sous le nom de plume de Harry Adam Knight (via The Week). “J’ai donc immédiatement élaboré un plan astucieux. J’ai rapidement élaboré un plan sur la création de dinosaures génétiquement modifiés dans un zoo privé appartenant à un aristocrate dérangé dans le fin fond du Cambridgeshire.”
L’ami de Brosnan s’est avéré avoir tort sur le moment exact où l’engouement pour les dinosaures aurait lieu à Hollywood. Mais lorsque Jurassic Park est sorti huit ans plus tard, Carnosaur était alors intéressant. Les droits ont été achetés par Roger Corman, qui a produit le film comme une attaque directe contre Jurassic Park, rapporte The Week.
Et Carnosaur n’a pas hésité, dans sa promotion, à lancer des pics à son concurrent : “Il y a soixante-cinq millions d’années, ils régnaient sur la Terre. Ils sont de retour, et ce n’est pas un parc d’attractions !” disait l’un des slogans du film. Son pari le plus risqué de tous : sortir juste avant Jurassic Park, profitant de la campagne publicitaire de son rival. “Nous voulions délibérément être là une semaine avant”, a admis Corman dans une interview de 1999 avec The AV Club. Carnosaur a même confié à Diane Ladd, la mère de la star de Jurassic Park, Laura Dern, l’un des rôles principaux…
De quoi ça parle exactement ?
Quant au film lui-même : imaginez un Jurassic Park moins cher, plus stupide, plus sanglant et plus fou avec un personnage génial et d’autres pas du tout. Diane Ladd vole d’ailleurs la vedette dans le rôle du Dr Tiptree, la scientifique folle qui possède un laboratoire dans une ferme de poulets et qui veut ressusciter les dinosaures et leur permettre de reprendre le contrôle de la planète. Sa méthode est remarquablement efficace : un virus qui permet aux femmes de tomber enceintes de dinosaures. Lorsque plus tard, un dinosaure génétiquement modifié et affamé finit par semer le chaos, un veilleur de nuit cynique et une charmante écologiste idéaliste doivent surmonter leurs différences pour empêcher l’extinction de la race humaine...
Toutefois, selon les fans, Carnosaur se joue de son scénario quelque peu kitsch et devient alors l’un de ces films ne se prenant pas au sérieux et qui finissent par nous amuser – un “incontournable” pour certains.
“Premier opus d’une trilogie exceptionnelle par bien des aspects, la nullité de ce film le rend incontournable. Tout dans ce film est ridicule et hilarant... Les acteurs sont incroyablement mauvais, les effets spéciaux dignes d'un film du 16e siècle et le scénario est à mourir de rire. Mention spéciale à la scène d'intro sur fond vert qui est unique en son genre !”, peut-on lire dans les commentaires publiés sur notre site pour ce film noté 1,4 sur 5 par les spectateurs d’AlloCiné…
Si vous souhaitez vous faire votre propre avis, il va falloir se tourner vers les potentielles éditions DVD de ce cher Carnosaur... Jurassic Park (1993) est, quant à lui, disponible sur Prime Video.