Marche à l'ombre est sorti il y a 40 ans jour pour jour, le 17 octobre 1984, et qui aurait dit que Michel Blanc ne serait plus là pour fêter cet anniversaire ? Décédé soudainement le 3 octobre dernier, l'acteur du Splendid avait 72 ans.
Inspiré par Macadam Cowboy dont il était un grand admirateur, la première réalisation de Blanc est une réussite. C'est son ami Patrice Leconte (Les Bronzés, Viens chez moi, j'habite chez une copine) qui le convainc de lui-même mettre en scène cette histoire qu'il a lui-même écrite.
C'est l'histoire de deux types en galère, François et Denis, débarquent à Paris. Le premier veut percer dans la musique grâce à un contact un peu flou, le second, hypocondriaque, vit un peu au crochet du premier et l'aide... à sa façon.
Dans le sillage de ce qu'a proposé le mouvement du Nouvel Hollywood aux Etats-Unis durant les années 70, Michel Blanc raconte avant tout l'histoire de ses personnages et de leurs galères mais à travers leur parcours, décrit surtout un Paris caché. Prostitution, trafic, drogue, racisme, marchands de sommeil, on croise tout cela dans Marche à l'ombre, avec toujours en premier plan le vernis agréable de la comédie.
Si le cadrage a été soigneusement pensé (Marche à l'ombre est tourné en Cinémascope), l'image est volontairement sombre, afin de coller à l'atmosphère générale de ce Paris de grisaille et de dangers.
Avec 6,1 millions d'entrées en salles à sa sortie, Marche à l'ombre reste le deuxième meilleur box-office de Michel Blanc derrière Les Bronzés 3, amis pour la vie. Il reçoit également deux nominations aux César : Meilleur espoir féminin pour Sophie Duez et Meilleure première œuvre, qu'il perd face à Richard Dembo pour La Diagonale du fou.
C'est toutefois avec Marche à l'ombre que le public a eu la confirmation que Michel Blanc pouvait se passer du Splendid (ce qu'il avait déjà prouvé par le passé) mais aussi de son mentor Patrice Leconte, pour faire rire tout en montrant une certaine réalité sociale. C'est passé, et pas sur un malentendu !