De quoi ça parle ?
Une romancière solitaire débarque au Maroc, dans une prestigieuse résidence pour écrivains, en espérant y surmonter sa panne d’inspiration. C’est là qu’elle fait la connaissance d’un jeune homme qui accompagne sa petite amie écrivaine. Tandis que celle-ci se laisse fasciner par ce milieu enivrant – tout nouveau pour elle – d’intellectuels mondains, le garçon trouve refuge dans son amitié naissante avec la romancière solitaire. Une relation qui cède la place à une histoire d’amour ravageuse bouleversant leur vie à tous les deux...
Lonely Planet, un film écrit et réalisé par Susannah Grant avec Laura Dern, Liam Hemsworth, Diana Silvers...
Un nouveau phénomène à Hollywood
Hollywood et les sociétés occidentales en général seraient-elles en train de changer ? La femme dite "d’âge mûr" aurait-elle enfin le droit d’exister ? Mieux encore, d’être désirable et de désirer ? Cela semble être le cas si l’on en croit la légère tendance qui se dessine ces derniers mois.
Une vague de films destinés au grand public mettant en scène des femmes de 45 ans ou plus qui vivent de belles et grandes histoires d’amour avec des hommes beaucoup plus jeunes qu’elles. Il s’agit du phénomène appelé May-December – expression anglo-saxonne désignant une relation entre deux personnes ayant une grande différence d'âge.
On a eu L'Idée d'être avec toi avec Anne Hathaway qui s’entiche d’un chanteur de boys band. Nicole Kidman qui craque pour Zac Efron dans Les Dessous de la famille. Sans oublier le film May December de Todd Haynes avec Julianne Moore.
Une séduction à schémas inversés
À présent c’est Laura Dern qui fait tourner la tête de Liam Hemsworth dans Lonely Planet de Susannah Grant. La scénariste d’Erin Brockovich – et plus récemment de l’excellente série Netflix Unbelievable – poursuit ce mouvement avec ce que Rachel Handler, journaliste chez Vulture, a appelé non sans humour "l'année du nouveau cinéma pour les MILFs". (On laissera le soin aux lecteurs ignorant cet acronyme de faire leur recherche tous seuls).
Ainsi, Catherine Loewe, jouée par Laura Dern, est une romancière à succès mais dont la vie privée est en train de péricliter. C’est une femme d'un certain âge, au-delà de ce que la société considère généralement comme sexuellement viable ou même simplement valable. Et elle doit faire face à la crise de la cinquante – séparation, rejet, stagnation créative, c'est quoi la suite ? – en faisant une retraite d'écrivains au Maroc. Et elle va découvrir son attirance pour un homme d’au moins 20 ans plus jeune qu'elle.
Catherine, même si elle ne montre rien, est troublée par Owen (Liam Hemsworth), le beau, charmant et discrètement désillusionné compagnon d'une autre autrice dans cette retraite. Owen est donc excité par le désintérêt apparent de Catherine à son égard. Elle passe la majeure partie de leurs premières interactions à l'ignorer au profit de son roman en cours d’écriture.
Un charme indéniable
L'alchimie entre les deux est indéniable et la magie des lieux avec les paysages époustouflants du Maroc contribuent à faire naître l’étincelle. Et curiseusement, Owen est attiré chez Catherine par ce qui le lasse chez sa petite amie.
Elle s’appelle Lily (Diana Silvers) et son personnage est conçu pour rendre les téléspectatrices jalouses : taille mannequin, très jolie, un succès littéraire du jour au lendemain pour son premier roman bien qu'elle n'ait jamais rien publié auparavant. Et même si Catherine, romancière au caractère solitaire et Owen, un ex quarterback de lycée devenu financier new-yorkais qui ne lit pas de livres, n’ont rien à faire ensemble, tout les attire.
Passées quelques niaiseries qui ne méritent pas l’échafaud, Lonely Planet se révèle avoir plus de substance que le film ne veut bien l’assumer. Les personnages sont loin d’être exempts de défaut, peuvent se montrer antipathiques, mais le regard posé sur ce couple est plutôt juste et touchant. C’est sans compter sur le female gaze de Susannah Grant, salvateur dans ce genre d’histoire, et notamment lors de l’unique scène de sexe.
Si la fin est un peu trop abrupte et convenue, Lonely Planet fait honneur à ces femmes de 50 ans et plus qui désirent et ont envie d’être considérées comme désirables. Alléluia !