En 1974, Emmanuelle devenait un phénomène cinéma. Le film réalisé par Just Jaeckin, avec Sylvia Kristel dans le rôle principal, devenait le plus grand succès de l'année, avec près de 9 millions d'entrées. Après avoir reçu des critiques parfois glaciales à ses débuts, le film triomphe en restant 10 ans à l'affiche, soit 553 semaines d'affilée, dans un cinéma des Champs-Elysées, aujourd'hui disparu, l'UGC Triomphe. Dans le monde, plus de 50 millions de spectateurs ont vu Emmanuelle en salles.
Si la nouvelle Emmanuelle qui arrive au cinéma ce mercredi n'est pas un remake du film érotique de 1974, il s'inscrit néanmoins dans les pas du mythe, en reprenant son prénom iconique, et en quelque sorte cette "marque" devenue incontournable de l'histoire du cinéma, et entourée d'un parfum de scandale.
Partant de cela, comment la réalisatrice de cette nouvelle Emmanuelle appréhende-t-elle la sortie du film ? S'il est bien sûr impossible de prédire, nous lui avons demandé ce qu'elle imaginait pour la réception du film et notamment l'accueil, qui pourrait se distinguer entre le public féminin et le public masculin ?
Je pense que ça crée débat, ça crée de la confrontation, mais ça crée aussi un espace de discussion
"Je ne suis pas du tout sûre que ça se joue à l'endroit du genre, déjà. J'ai l'impression que ça se joue vraiment à l'endroit de l'intime, à l'endroit des attentes, à l'endroit du vécu, à l'endroit du secret, je dirais même.
Je suis persuadée qu'un film érotique a vocation à ouvrir une discussion et pas du tout à faire le consensus. On ne peut pas parler de l'intime - et parler d'un intime qui est différent pour chacun - et penser qu'on va avoir une fonction de rassemblement. Je pense qu'au contraire, ça crée débat, ça crée de la confrontation, mais ça crée aussi un espace de discussion. Et en plus, moi, j'ai vraiment voulu que le film laisse un espace mental que le spectateur pouvait investir, si tant est qu'il ait envie de l'investir. Un espace que certains vont trouver passionnant, que d'autres vont trouver ennuyeux parce que ça manque de ce qu'ils appellent des scènes physiques. Chacun va avoir une appréhension différente.
Je sais que le film va déplaire, et puis qu'à d'autres endroits, il va plaire.
D'ailleurs, peut-être qu'au cours de quelques interviews que j'ai déjà faites*, je le ressens déjà. Je trouve que, c'est à cet endroit-là, que l'expérience du film devient passionnante et que je suis contente d'avoir fait le film.
Et pour faire ce film qui parle de lâcher prise, ma seule injonction, c'est de ne pas penser au regard. Je sais que le film va déplaire, et puis je sais qu'à d'autres endroits, il va plaire. Mais je sais aussi que si je veux continuer ma route, surtout après L'Evénement et puis après, avec le fait de m'emparer d'Emmanuelle, il faut que j'arrive à m'affranchir. Donc, le bout du chemin pour moi, c'était de me dire: OK, donc j'accepte de présenter ce film, il y aura des moments de confiance et des moments de peur. Et en fait, j'ai envie de traverser tout ça."
Le pitch d'Emmanuelle version Audrey Diwan : Emmanuelle est en quête d’un plaisir perdu. Elle s’envole seule à Hong Kong, pour un voyage professionnel. Dans cette ville-monde sensuelle, elle multiplie les expériences et fait la rencontre de Kei, un homme qui ne cesse de lui échapper.
Emmanuelle sort au cinéma ce mercredi 25 septembre 2024.
* Propos recueillis le mardi 17 septembre 2024, à Paris