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    25 ans de carrière, 10 films : Alexandre Aja revient avec Mother Land, un thriller fantastique interprété par une Halle Berry transcendée
    Laëtitia Forhan
    Laëtitia Forhan
    -Chef de rubrique cinéma
    Fan de cinéma fantastique, de thrillers, et d’animation, elle rejoint la rédaction d’AlloCiné en 2007. Elle navigue depuis entre écriture d'articles, rencontres passionnantes et couvertures de festivals.

    "Mother Land", le dixième long métrage du réalisateur français Alexandre Aja sort en salles ce mercredi 25 septembre. A cette occasion, le cinéaste nous a accordé un entretien dans lequel il revient sur son évolution et son amour du cinéma d'horreur.

    Mother Land, le dixième long métrage du réalisateur français Alexandre Aja, sort ce mercredi dans nos salles obscures. Porté par une Halle Berry transcendée, le film suit June, une mère qui, depuis la fin du monde, protège ses fils Samuel et Nolan, en les confinant dans une maison isolée. Ils chassent et cherchent de quoi survivre dans la forêt voisine, constamment reliés à leur maison par une corde que leur mère leur demande de ne surtout « jamais lâcher. » Car, si l’on en croit June, la vieille cabane est le seul endroit où la famille est à l’abri du « Mal » qui règne sur la Terre. Mais un jour, la corde est rompue, et ils n’ont d’autre choix que de s’engager dans une lutte terrifiante pour leur propre survie…

    Mother Land
    Mother Land
    De Alexandre Aja
    Avec Halle Berry, Percy Daggs IV, Anthony B. Jenkins
    Sortie le 25 septembre 2024
    Séances (240)

    Alexandre Aja : 25 ans de carrière

    Fils du réalisateur Alexandre Arcady et de la critique de cinéma Marie-Jo Jouan, Alexandre Aja (nom qu'il s'est choisi en contractant ses initiales), a débuté sa carrière de cinéaste en 1999 avec Furia, un film fantastique dans lequel il dirige Marion Cotillard et Stanislas Merhar. Depuis, Alexandre Aja a mis en scène dix longs métrages et produit une quinzaine de films surtout aux Etats-Unis.

    Après le brillant Haute Tension, son premier film d'horreur porté par Cécile de France, Maïwenn et Philippe Nahon, et un passage par Sundance, Hollywood lui ouvre les bras. Depuis, Alexandre Aja travaille quasiment exclusivement Outre-Atlantique. 25 ans après son premier film et à l'occasion de la sortie en salles de Mother Land, AlloCiné s'est entretenu avec le metteur en scène. Nous lui avons demandé, quel regard il porte aujourd'hui sur son premier jour de tournage sur Furia en 1998.

    AlloCiné
    Alexandre Aja

    Ce dernier nous explique : "Il y a une vraie différence entre le réalisateur qui venait d'avoir 20 ans sur Furia et moi aujourd'hui, c'est peut-être qu’à l'époque, je dois avouer, que j'avais peut-être un peu peur des acteurs.

    A l'époque, je dois avouer, que j'avais peut-être un peu peur des acteurs.

    Je n'étais pas à l'aise avec les acteurs et je m'en excuse d'ailleurs. J'ai eu la chance sur Furia de travailler avec Marion Cotillard, avec Stanislas Merhar, et avec plein de gens extrêmement doués et je n'étais peut-être pas assez présent avec eux parce que j'avais un petit peu peur de la direction d'acteurs. C'était quelque chose qui m'impressionnait, alors que la technique, c'était quelque chose qui était vraiment très instinctif.

    Aujourd'hui, quand je fais un film comme Mother Land, pour moi les acteurs sont au cœur du processus. C'est peut-être une des parties les plus intéressantes et ce qui m'excite le plus quand je commence un film. C'est me jeter dans une scène avec Halle Berry, Percy et Anthony, qui sont deux acteurs exceptionnels, d'avoir ces trois acteurs magnifiques ensemble et de créer quelque chose tous ensemble. "

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    Mother Land

    Un personnage complexe

    Alexandre Aja a rejoint le projet alors qu'Halle Berry avait déjà été engagée. Lors de leur rencontre, chacun voulait s'assurer que la vision de l'histoire écrite par KC Coughlin et Ryan Grassby ne serait pas dénaturée. Alexandre Aja revient à notre micro sur sa première rencontre avec Halle Berry.

    "Toute la complexité du personnage d'Halle Berry dans Mother Land, est ce qui m'a vraiment donné envie de faire ce film. Quand je l'ai rencontré la première fois, ce qui m'a vraiment convaincu, c’est qu’elle partageait exactement la même vision. Et elle voulait s'assurer de son côté que moi, je n'allais pas dénaturer ou aplatir son personnage, le rendre plus hollywoodien, plus aimable, plus Halle Berry… Et qu'on allait ensemble pousser jusqu'au bout, développer, réécrire, aller chercher toutes ces nuances qui font que ce personnage est extrêmement paradoxal. June est à la fois une mère aimante, qui est prête à tout pour protéger ses enfants, mais aussi peut-être la personne la plus dangereuse pour eux, qui les tient prisonniers. Nous voulions explorer cette complexité jusqu'au bout."

    Et justement, avec Mother Land, Halle Berry trouve peut-être l'un des rôles les plus complexes de sa carrière. Cette mère aimante prête à tout pour protéger ses enfants est-elle en réalité celle qui leur fait du mal ? Faut-il couper ces cordes - métaphore du cordon ombilical - qui relient Samuel et Nolan à la maison ?

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    Mother Land

    Lors de son arrivée sur le projet, Aja avait son interprétation du message du film et s'est rendu compte que chaque membre de l'équipe avait sa propre vision de l'histoire. Il souligne : "Chacun a sa propre lecture du film et c’était déjà le cas lors de la lecture du scénario. Chacun projetait sa propre interprétation à partir des mêmes thèmes."

    Des films d'horreur qui vous hantent

    Et c'est justement ce qui intéresse le cinéaste avec l'horreur. Grand fan et grand faiseur de films d'horreur, Alexandre Aja aime surtout faire des films porteurs de messages, des films dont l'histoire vous suit en dehors de la salle et auxquels vous repensez.

    "Je ne sais pas ce qui me plaît parce que je réagis toujours d'une manière instinctive. Je suis vraiment toujours un spectateur avant d'être un réalisateur. Et c'est vrai que j'ai toujours l'impression de faire les films que j'ai envie de voir. Je me dis que si j'ai de la chance, il y aura d'autres gens qui ont envie de voir les mêmes sujets.

    Dans la peur elle-même, il y a quelque chose d'extrêmement immersif.

    Mais dans la peur elle-même, j'ai l'impression qu'il y a quelque chose d'extrêmement immersif. Il y a quelque chose d'assez primal. On creuse dans les tripes. C'est-à-dire que ce n'est pas des films qu'on regarde, c'est des films qu'on vit, qu'on vit de l'intérieur, qui viennent vous habiter, qui viennent vous hanter. C'est des films dont, en général, on n'arrive pas à se sortir, on n'arrive pas à faire autre chose que de regarder. Il y a un côté dans la peur qui me plaît beaucoup.

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    Mother Land

    Mais au-delà de ça, j'ai l'impression que le cinéma d'horreur, en général, comme le cinéma de science-fiction, a une dimension qui, parfois, peut être plus riche. Parce que, au-delà du divertissement, ça devient presque un outil psychologique pour se confronter à notre part d'ombre, pour pouvoir, justement, comme dans les contes de fées les plus sombres, se confronter aux monstres qui existent d'une manière ou du nôtre.

    C'est ça qui m'intéresse, c'est quand, tout d'un coup, un film de genre, en poussant des caractères humains à leur extrême, va explorer toute la complexité, va nous permettre de nous exorciser de certaines de nos terreurs. J'ai l'impression que ça va plus loin. C'est une réflexion, parfois, sur le monde dans lequel on vit, qu'on retrouve évidemment dans la science-fiction, mais qu'on retrouve aussi dans le cinéma de genre. Il y a un cinéma de genre, évidemment, de pur divertissement, mais je trouve que le plus intéressant, c'est celui qui explore notre noirceur."

    Réussir à se réinventer

    Et c'est ce que le cinéaste tente de faire à chacun de ces films, explorer l'âme humaine et sa complexité. Et Mother Land en est l'exemple parfait. La principale difficulté pour ce grand amateur d'horreur est de parvenir à se réinventer constamment.

    Bestimage
    Alexandre Aja à la première de Mother Land

    Il nous confie : "J'essaie toujours de me dire : Je ne vais pas refaire le même film. J'essaie toujours de trouver des sujets qui sont différents. J'aime ce cinéma d'émotion, ce cinéma qu'on vit, ce cinéma qui vous prend au trip, ce cinéma d'immersion. Ça, c'est pour moi quelque chose dont je parle depuis longtemps, qui est important. Après, il y a plein d'histoires qui parlent de ça. C'est-à-dire les histoires qu'on vit et qu'on ne regarde pas. Ça va du survival, par exemple, ça peut être historique, ça peut être de la science-fiction, ça peut être dans tous les genres. Mais à chaque fois, je tente de trouver une histoire qui a un écho plus intime. C'est vrai que je travaille beaucoup à l'instinct, je travaille beaucoup à la réaction, je travaille beaucoup, je lis...

    Je tente de trouver une histoire qui a un écho plus intime.

    Pour Crawl, on avait déjà tout un plan d'attaque, on n'a pas cessé d'écrire et de développer pendant toutes ces années. J'espère que cette année, ça va être l'année où on va pouvoir justement revenir à nos Alligators pendant la tempête. Je suis très, très excité. J'ai très envie de le faire."

    Alexandre Aja ajoute : "C'est important de tomber amoureux d'un scénario. C'est important parce que des fois, on fait des films, surtout dans ce que je fais. Quand on fait un film comme Crawl, où on est dans l'eau en tournage avec la tempête, la pluie, en permanence pendant des semaines et des semaines, il faut se souvenir du moment où on a lu, on s'est dit: C'est génial. Parce que sinon, on se dit: Qu'est-ce que je fais là ?"

    Toujours aussi enthousiaste et passionné, le réalisateur sort ce mercredi 25 septembre son dixième long métrage : Mother Land et a déjà plusieurs projets sur le feu !

    Les 5 fois où Alexandre Aja a eu très peur au cinéma

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