À l'occasion de la 50ème édition du Festival du cinéma américain de Deauville, l'actrice et chanteuse Juliette Lewis était présente pour accompagner la projection en avant-première en France de The Thicket, un western moderne intense et visuellement hypnotique, dans lequel elle partage l'affiche avec Peter Dinklage, inoubliable Tyrion Lannister dans Game of Thrones.
Juliette Lewis en méchante sanglante dans un western avec une star de "Game of Thrones"
Le film écrit par Chris Kelley (scénariste sur les géniales séries Banshee et Preacher) et réalisé par Elliott Lester (Blitz, Aftermath, Nightingale) est une adaptation du roman de Joe R. Lansdale, publié en 2013, qui nous ramène au début du XXème siècle au Texas.
On y suit l'histoire de Jack (Levon Hawke, fils d'Ethan Hawke et Uma Thurman), qui fait appel aux services du redoutable chasseur de primes Reginald Jones (Peter Dinklage) pour sauver sa soeur Lula (Esme Creed-Miles), kidnappée par une violente tueuse, surnommée Cut Throat Bill (Juliette Lewis).
The Thicket marque le grand retour sur grand écran de Juliette Lewis, cinq ans après son dernier film. Mais comme elle l'a expliqué à notre micro, il tient aussi une place spéciale dans son coeur puisque ses premiers pas sur un plateau de cinéma était dans un western aux côtés de son père Geoffrey Lewis, qui a travaillé avec des légendes comme Sergio Leone, Clint Eastwood et Michael Cimino :
"Quand j'avais environ huit ans, il nous emmenait sur des plateaux. C'est mon premier souvenir du travail de mon père. Et quand j'ai fait The Thicket, c'était un moment spécial où j'étais comme autrefois entourée de chevaux et de cow-boys à essayer de me réchauffer dans un froid glacial.
Cela m'a rappelé mon père et ce qu'il a pu endurer quand il tournait ces films parce que les westerns sont des films difficiles à faire. Ce ne sont pas des films de grand studio, confortables et glamour comme on pourrait le penser."
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Son personnage Cut Throat Bill n'est pas qu'une simple méchante, elle a des failles, une enfance faite de violence et de blessures psychologiques qu'elle porte à travers ses cicatrices et sa voix rauque qui la font passer pour un homme aux yeux des autres. Et Juliette Lewis s'est investie corps et âme dans son interprétation.
"J'ai créé beaucoup de choses pour incarner le personnage. La voix est la première chose qui m'est venue à l'esprit. Avec ce rôle, je pouvais en faire trop ou pas assez. Il fallait que je trouve un équilibre. Mais quand je joue, je tiens aussi à pouvoir me transcender et faire honneur à mon personnage. J'essaie vraiment de créer une vérité qui est si crédible que vous avez une sensation viscérale."
Une actrice habitée par ses personnages
Depuis qu'elle a crevé l'écran dans Les Nerfs à vif de Martin Scorsese en 1991, Juliette Lewis s'est souvent illustrée dans des rôles décalés, sombres, organiques et souvent badass, dont elle a fait sa marque de fabrique au cours de sa carrière.
À tel point que certains pouvaient penser qu'elle ressemblait à ses personnages dans ce qu'il y a de plus fou. Et cette mauvaise étiquette, qui lui a collé à la peau au début de sa carrière, elle ne l'a réalisé que plus tard, notamment avec Mallory Knox, personnage de tueuse dans Tueurs nés d'Oliver Stone :
"Tueurs nés a pu intimider ou effrayer des hommes d'affaires très pragmatiques, mais pas des créatifs. Mais je me souviens avoir travaillé avec George Clooney, et il m'a dit en plaisantant: 'Oh, je vais devoir dire à mes amis que tu n'es pas folle'.
J'ai entendu ça de la part de tellement de gens avec qui j'ai travaillé. 'Oh, mon Dieu, tu travailles avec Juliette Lewis, est-ce qu'elle est folle ?' C'était dans les années 90. Ils ne demandaient pas ça sur Woody Harrelson. Mais quelque part dans mon cœur, j'en ris parce que je les ai bien eus. Je suppose que j'ai bien joué."
Denis Guignebourg / Bestimage
L'actrice et chanteuse peut se targuer d'avoir tourné avec de grands noms du cinéma comme Oliver Stone, Kathryn Bigelow, Robert Rodriguez, Christopher McQuarrie, Todd Phillips, Drew Barrymore, Zal Batmanglij ou encore M. Night Shyamalan.
Ses grands succès et ses rôles marquants, elle les doit aux films Les Nerfs à vif, Gilbert Grape, Tueurs nés, Basketball Diaries, Une nuit en enfer et aux séries Wayward Pines, I Know This Much Is True et plus récemment Yellowjackets.
Même si elle a aimé ses expériences télévisuelles, notamment Yellowjackets dont "l'accueil [l]'a beaucoup encouragé dans son art et sa créativité", Juliette Lewis trépignait de revenir au cinéma :
"J'adore les films parce que c'est ce que je comprends le mieux. C'est un engagement plus court. Vous avez un seul réalisateur avec qui vous travaillez. J'ai grandi avec Oliver Stone, Martin Scorsese, Lasse Hallström, et j'apprécie vraiment cette collaboration. À la télévision, il y a beaucoup de pression, même de la part des créateurs de séries. C'est géré par des grosses entreprises, c'est triste à dire."
Voilà que Juliette Lewis signe donc son grand retour sur grand écran avec The Thicket, qui devrait sortir en France en mars 2025 selon le distributeur. Mais l'actrice ne s'arrêtera pas là puisqu'elle a d'autres projets cinématographiques à venir.
Propos recueillis par Mégane Choquet le 9 septembre 2024 à Deauville.
La 50ème édition du Festival de Deauville se tient du 6 au 15 septembre 2024.
