Nous sommes le 16 décembre 1997. Il est 18h30. Et au Japon, dans de nombreuses services d'urgences médicales, le téléphone se met à sonner : à travers tout le pays, au même moment, on fait état de plusieurs centaines de crises d'épilepsies, de malaises ou de cécités passagères chez de jeunes enfants.
Le point commun des patients ? Ils étaient tous devant leur écran de télévision au moment de présenter les symptômes, en train de regarder l'épisode 38 de la série animée Pokémon.
Le soldat virtuel Porygon
Célébrissime franchise vidéoludique déclinée dans de multiples formats, la licence créée en 1995 par Satoshi Tajiri aura fait parler d'elle à de très nombreuses reprises. Mais cet événement à tout le moins indésirable fait sans doute partie des histoires les moins glorieuses que l'on raconte à son sujet.
Intitulé "Le soldat virtuel Porygon", l'épisode en question suivait une nouvelle aventure de Sacha, Pierre et Ondine. Les trois jeunes protagonistes de la série animée devaient cette fois-ci s'infiltrer dans un système informatique (façon Tron) pour arrêter la Team Rocket.
C'est à la vingtième minute de l'épisode, lorsque Pikachu provoquait une énorme explosion électrique, que les choses se gâtaient sérieusement, et que de nombreux flashs de couleurs se succédaient à l'écran de manière stroboscopique, faisant passer le nombre d'images diffusées par seconde de 3 à 10 selon une étude.
700 enfants aux urgences
Le résultat : près de 700 enfants japonais emmenés aux urgences (et 208 d'entre eux hospitalisés), d'après un article du magazine Science et vie Junior publié à l'époque. Mais en tout, environ 12 000 enfants auraient été affectés de près ou de loin par les images de l'épisode, selon les informations d'un récent article de Slate (même si la possibilité d'une hystérie collective a également été évoquée pour expliquer l'ampleur du phénomène).
Ce terrible accident, mentionné par le Livre Guinness comme ayant le record de crises épileptiques causées par une émission de télévision, a entraîné un arrêt de la série de 4 mois au Japon, et une censure pure et simple du fameux épisode en France et dans les autres pays du monde.