Mon compte
    "Je veux qu'on se souvienne de moi..." : le triste destin de l'ado star Jonathan Brandis, partenaire de Chuck Norris dans Sidekicks
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Adulé au début des années 90 dans la série "SeaQuest" et "Sidekicks" aux côtés de Chuck Norris, Jonathan Brandis a eu une carrière à l'ascension aussi rapide que sa descente fut vertigineuse, avant de tragiquement disparaître à l'âge de 27 ans.

    Il fut une des stars ados les plus en vogue à Hollywood, au début des années 90. Jonathan Brandis a eu une carrière dont le démarrage fut aussi fulgurant que son déclin vertigineux. Frustré de la voir patiner et s'embourber, incapable de rebondir sur le succès qu'avait connu la série SeaQuest dont il était tête d'affiche, l'acteur plongea dans une profonde dépression, jusqu'à son issue fatale, un matin du mois de novembre 2003.

    Un démarrage canon

    Né le 13 avril 1976 à Danbury, une petite ville sans histoire de l'Etat du Connecticut, Jonathan Brandis est le fils unique d'un foyer de la classe moyenne américaine. Sa mère, Mary, est professeure et son père exerce les métiers de restaurateur et pompier. À l'âge de 2 ans, il commence sa carrière comme enfant modèle pour une marque de chaussures. Deux ans plus tard, il apparait déjà dans des publicités télévisées, et en tournera plus de 80.

    Grâce à cette carte de visite, il décroche quelques petits rôles dans diverses séries, comme La Loi de Los Angeles, La Fête à la maison, Madame est servie, Arabesque, ou Les Années coup de cœur. A l'âge de 9 ans, il emménage avec ses parents à Los Angeles afin de décrocher de meilleures opportunités pour son métier de comédien en devenir.

    1990 sera l'année de la révélation. Il obtient en effet le rôle convoité de Bastian Bux, le personnage principal de L'histoire sans fin II. Mais figure aussi au casting du formidable et culte téléfilm d'horreur Ca - il est revenu, en incarnant le jeune Bill, tourmenté par l'atroce clown Pennywise joué par un démoniaque Tim Curry. Ces prestations lui ouvrent des portes supplémentaires. En 1992, il donne la réplique à Chuck Norris dans Sidekicks; "le seul film pour lequel j'accepterai de sortir de ma retraite pour une éventuelle suite" dira d'ailleurs Norris, en 2023.

    NBC

    SeaQuest police des mers, la consécration

    Créée par Rockne S. O'Bannon et diffusée entre septembre 1993 et juin 1996 sur le réseau NBC le temps de trois saisons, SeaQuest police des mers, produite par Steven Spielberg, permet à Jonathan Brandis de voir sa notoriété mise sur orbite. Devenu une icône que la Presse spécialisée pour ados s'arrache, il multiplie ainsi les couvertures de magazines. Le Los Angeles Times rappellera dans un article que l'acteur recevait jusqu'à 4000 lettres de fans par semaine à cette époque-là.

    "Je ne me suis jamais perçu comme ça, comme un adolescent de magazine" déclarait Brandis dans une interview en 1994. "En tant qu’acteur, vous espérez simplement continuer à travailler. Et puis, quand vous commencez à recevoir du courrier ! Je ne pensais pas que ça allait arriver. Ce n'est pas quelque chose auquel on se prépare".

    Les fans devenaient tellement hystériques à sa vue qu'il a fallu que la production engage trois gardes du corps pour escorter l'acteur à chaque sortie du plateau de tournage de la série, situé aux studios Universal, en Floride.

    Pour Brandis, le métier d'acteur n'est pas une fin en soi. Son rêve, c'est devenir scénariste et réalisateur. "Je veux qu'on se souvienne de moi comme d'un acteur qui a fait du bon travail au début de sa carrière, un travail encore meilleur à la fin de sa carrière et qui a lentement réussi la transition vers l'écriture et la réalisation" expliquait-il dans une autre interview, en 1994.

    Hallmark Entertainment
    Jonathan Brandis dans "La croisière de la peur" (1997)

    Une carrière qui s'embourbe brutalement

    L'annulation de la série SeaQuest, en 1996, est un séisme pour lui; sa carrière s'embourbe brutalement. Alors qu'il est âgé de 20 ans, il continue d'être catalogué dans les éternels rôles d'adolescents. Tentant de s'éloigner de cette étiquette, il change son apparence, se teint les cheveux en noir, se laisse pousser la barbe, incarne à l'écran un toxicomane, un meurtrier ou s'essaie même au western (Chevauchée avec le Diable en 1999). Rien n'y fait, il n'imprime plus.

    Le manque de propositions accroissent logiquement son anxiété quant au devenir de sa carrière. Il attendra ainsi deux ans avant de se voir offrir un petit rôle dans Mission évasion, en 2002, aux côtés de Bruce Willis et Colin Farrell. Brandis espérait voir sa carrière redécoller avec ce film, ce sera peine perdue : la majorité de ses scènes furent coupées.

    Il aurait même passé l'audition pour le rôle très convoité de Anakin Skywalker dans Star Wars épisode II - l'attaque des clones, qui sera attribué à Hayden Christensen. Brandis, qui est déjà à la mi vingtaine, est jugé trop vieux.

    Vision PDG
    Dans "Sidekicks" (1992)

    Le drame

    Puerto Vallarta Squeeze sera son ultime film. Mais il n'aura pas la chance de le voir sortir quelques mois plus tard. Au matin du 11 novembre 2003, un ami découvre le corps de l'acteur pendu dans un couloir menant à son appartement, à Los Angeles. Transporté à l'hôpital Cedars Sinai, il sera déclaré décédé le lendemain. L'acteur a mis fin à ses jours à 27 ans.

    "L'acteur aurait fait part à son entourage de son envie de se suicider" expliquait le site People, dans un article daté de décembre 2003. "Mais personne ne semble avoir pris sa menace au sérieux". On rapporta que Brandis, plongé dans une dépression, s'était beaucoup mis à boire. "Nous savions que quelque chose lui pesait, mais nous ne savions pas ce que c'était ni à quel point c'était grave" commentera sa mère.

    Bien des années plus tard, en 2021, son père, Greg Brandis, expliquera que son fils souffrait très probablement de troubles bipolaires. "Sa mort n'était pas due à l'industrie du divertissement. Je regarde en arrière maintenant, et dans sa vingtaine, il montrait des signes de personne maniaco-dépressive. J'espère que toute personne qui souffre de cela pourra trouver de l'aide". Une bien triste fin pour ce jeune acteur, longtemps promis à un bel avenir, avant que tout ne s'écroule.

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Sur le même sujet
    Commentaires
    Back to Top