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    "Oublie ce film pendant 6 ans, la technologie n'existe pas !" : personne ne croyait possible ce chef-d'oeuvre aux 7 Oscars
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Alfonso Cuaron s'est récemment replongé au cours d'une master class dans sa carrière. Evoquant notamment le souvenir du cuisant échec de son extraordinaire film "Les Fils de l'homme", Harry Potter, ou encore le tour de force technique de Gravity.

    Invité au Festival international du film de Locarno pour y recevoir un prix saluant sa carrière, le réalisateur Alfonso Cuaron s'est aussi livré à l'exercice de la Master Class, pour la plus grande joie des spectateurs. Balayant avec franchise sa carrière, il a notamment évoqué son travail sur le film Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban, que beaucoup de fans de l'apprenti sorcier de Poudlard considèrent comme un des meilleurs films de la saga.

    Des réserves vite balayées

    Cuaron avait initialement des réserves sur le projet, avant qu'elles ne s'évaporent après la lecture du roman de J.K. Rowling. "J'ai vu que c'était génial", soulignant que le récit de Rowling se concentrait sur le passage de l'enfance à l'adolescence et le contexte social de certaines classes plutôt que sur la simple magie. "J'aime l'univers qu'elle a créé, parce qu'il est tellement ancré dans l'Humanité. C'était une joie de faire ce film". Sorti en 2004, le film récoltera au box office plus de 800 millions de dollars.

    Au-delà de la satisfaction d'avoir livré ce film, Cuaron explique aussi que c'est grâce à celui-ci qu'il a pu s'atteler à son film suivant, Les Fils de l'homme, et, plus tard, Gravity. "Je savais que pour faire "Les Fils de l'homme", j'aurais besoin d'effets visuels. J’ai dit : "d’accord, je ne connais rien aux effets visuels. Ce sera mon jardin d'enfants". Le prisonnier d'Azkaban a donc permis au cinéaste de se familiariser un peu avec les effets visuels et spéciaux.

    Universal Pictures

    "Après l'échec de mon film, l'envie de travailler avec moi s'est envolée"

    Cuaron livre ensuite quelques réflexions sur le très douloureux échec de son film suivant, le pourtant extraordinaire Les Fils de l'homme. Unanimement salué comme l'un des plus grands films de science-fiction des années 2000, porté à bout de bras par un sensationnel casting dont Clive Owen tient le rôle principal, le film s'était pourtant fracassé sur les portes du marché américain en ne ramassant que 35 millions $, sur les 76 millions $ du budget. Même chose à l'international.

    "Après Les Fils de l'homme, qui a été un échec commercial terrible, l'envie de travailler avec moi s'est envolée" commentait le cinéaste, selon ses propos rapportés par IndieWire. "J'ai donc commencé à écrire et à développer un film avec mon fils. J'ai commencé la préparation et au casting il y avait Charlotte Gainsbourg et Guillaume Canet. Il s’agissait d’un road trip du sud de la France au nord de l’Écosse. Le financement a été très difficile et le film s'est effondré. En même temps, je traversais les pires moments de ma vie personnelle".

    Et de révéler qu'à ce moment là, il n'avait quasiment plus d'argent, expliquant à ses collaborateurs qu'il avait besoin de continuer à travailler pour faire bouillir la marmite. Pas un film d'auteur, bien trop risqué et de toute façon un luxe qu'il ne pouvait pas se permettre à ce moment-là, mais "un projet qui permettrait à un studio de me faire un chèque". Ce sera Gravity, qu'il écrira avec son fils.

    Warner Bros.

    "James Cameron nous a expliqué comment nous pourrions le faire, mais c'était un film à 400 millions de dollars"

    Warner Bros. ne souhaitait manifestement pas investir trop d'argent dedans, pas tout à fait convaincu du projet. Et Cuaron se rend compte que son film est technologiquement bien plus ambitieux que prévu. Il sollicite les conseils de son ami David Fincher, qui tente de le dissuader. "Oublie ce film pendant six ans, la technologie n'existe pas".

    "James Cameron nous a expliqué comment nous pourrions le faire, mais c'était un film à 400 millions de dollars. Nous lui avons dit que lui seul pouvait faire ça. Et il a dit "ouais tu as raison". Nous avons donc développé notre propre voie. Nous avons développé le film sur le plan technologique pendant trois ou quatre ans".

    A force de patience, d'ingéniosité et surtout de ténacité, Cuaron finira par livrer son film, effectivement un véritable tour de force technique, qui sera présenté à la Mostra de Venise où il fera sensation. Le coup d'envoi d'un buzz impressionnant qui ne retombera pas. Bien au contraire. Le film, auréolé de 7 Oscars, dont celui du Meilleur réalisateur, rapportera 732 millions de dollars au box office. De quoi effacer le douloureux souvenir laissé par le piètre résultat commercial de son film précédent.

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