Un an et demi après Knock at the Cabin, et deux mois à peine après The Watchers, première réalisation de sa fille Ishana Shyamalan, qu'il produit, le prolifique M. Night Shyamalan revient avec Trap, son seizième long métrage de cinéma.
Avec Trap, il innove totalement en tournant un film du point de vue du méchant et en l'annonçant dès le lancement de la bande-annonce. Un fait surprenant pour le roi du twist final.
Décrit par le cinéaste comme "Le Silence des agneaux au concert de Taylor Swift", Trap se déroule durant un concert de la pop star Lady Raven, incarnée par son autre fille Saleka Shyamalan. 30 000 spectateurs. 300 policiers. Un tueur. Cooper, père de famille et tueur en série, se retrouve pris au piège par la police en plein cœur d’un concert. S’échappera-t-il ?
Josh Hartnett en tueur en série : on y croit !
Et c'est Josh Hartnett, acteur phare des années 2000, qui tient le rôle du tueur en série surnommé Le Boucher. Un rôle surprenant pour celui qui incarnait un héros dans Pearl Harbor.
A l'occasion de la promotion du long métrage nous avons pu nous entretenir avec le comédien qui nous confie : "M. Night a senti que je pouvais m'épanouir dans ce film et faire en sorte que le personnage soit quelqu'un que le public a envie de suivre. C'est un film assez inhabituel. M. Night Shyamalan fait toujours cela. Il prend un genre, que vous pensez connaître, il le retourne, et il vous offre une nouvelle perspective. Ainsi, vous voyez le genre d’un point de vue différent. C'est la même chose. C'est un thriller, presque un thriller des années 90. On suit le film du point de vue du méchant, nous avions donc besoin que le public soit avec mon personnage, et je pense que M. Night a senti que le public me suivrait".
M. Night Shyamalan a senti que le public me suivrait.
Car toute l'originalité du film réside dans la manière dont le spectateur est plongé dans l'histoire. Dès le départ nous suivons Cooper et sa fille Riley (incarnée par la brillante Ariel Donoghue). Un père de famille drôle et charmant qui accompagne sa fille adolescente au concert de Lady Raven. Outre le fait qu'il soit incarné par un acteur populaire et apprécié des années 90, le personnage est sympathique au prime abord. Si bien que le spectateur oscille entre l'envie qu'il parvienne à s'échapper et qu'il se fasse attraper pour ses atroces crimes.
Le premier film de tueur en série de Shyamalan
M. Night Shyamalan précise justement à ce sujet, qu'il souhaitait depuis longtemps faire une film avec un tueur en série : "J'adore les films de tueurs en série, et j'ai toujours voulu en faire un. Le Silence des agneaux est l'un de mes films préférés, et il y en a tellement que j'aime. Mais ça a été fait tellement de fois que j’ai souhaité le faire d’une manière différente. Je voulais quelque chose d'excitant, de différent et d'inattendu. Et j'ai imaginé cette histoire d'un père de famille à un concert. On sympathise avec lui, on le trouve charmant, et avant même de s'en rendre compte, on l'encourage. Cela m'a semblé très amusant." Il ajoute : "Josh est brillant. Je l’avais adoré dans Black Mirror et, bien sûr, dans son rôle d’Ernest Lawrence dans Oppenheimer. C’était l’acteur parfait pour ce rôle aussi ambigu."
Afin de préparer son rôle au mieux, Josh Hartnett s'est d'ailleurs beaucoup renseigné sur les tueurs en série. Il nous explique : "Il s'agit d'un tueur en série très particulier. J'ai donc dû faire beaucoup de recherches. En lisant des livres, parce qu’on ne peut pas rencontrer des tueurs en série et leur demander comment ils font ce qu'ils font. J'ai donc lu beaucoup de livres sur les tueurs en série, mais aussi sur la psychopathie en général, et j'ai ensuite créé une base vraiment solide sur ce qu'il est intérieurement. Et puis j'ai superposé à cela toutes les sortes d'artifices qui constituent le masque de sa vie, à savoir être un père formidable, un pompier, un pilier de la communauté, un mari adorable et aimant, et un membre de l'équipe de bowling. De toute évidence, il s'agit de quelqu'un que l'on a envie de connaître. Il pourrait s'agir de votre voisin. Cela pourrait être quelqu'un que vous connaissez, que vous ne soupçonnez pas d'avoir ce sombre secret. Et puis, au cours du film, on est censé voir les fissures..."
Un dispositif jamais vu
La première partie du long métrage se déroule dans une salle de concert remplie de fans hystériques. Et tourner un film pendant un concert n'est pas chose aisée. Si du point de vue de Josh Hartnett tout était bien coordonné puisque le comédien nous déclare : "L’équipe a passé deux mois à travailler, comme pour un vrai concert, à faire tous les éclairages, les chorégraphies et les costumes. Saleka [Shyamalan] avait écrit ces magnifiques chansons. Ils les ont ensuite envoyées aux figurants qui seraient dans le public. Des milliers de figurants ont reçu les chansons. Ensuite, ils sont venus au concert de nuit et ils se sont amusés."
C'était un défi herculéen.
Le réalisateur pour sa part nous explique le travail titanesque qu'a été l'organisation de ce concert: "Des caméras enregistraient le concert, le projetait sur l’écran géant et pendant ce temps je dirigeais les caméras de cinéma pour tourner les séquences du film entre Josh et Ariel. C'était très satisfaisant, mais c'était un défi herculéen. Mais c'était en quelque sorte la partie la plus excitante : nous filmions la partie thriller du film, mais il y a un vrai concert qui se déroulait au même moment. Cela a créé beaucoup de désordre intéressant. Ça apporte un certain charme.
Quand les spectateurs crient parce que Saleka a fait un mouvement de danse, alors que les acteurs essaient de dire la réplique, il faut s’adapter. Josh doit alors parler plus fort pour s’imposer ou doit s'arrêter et réagir à l’émulation, puis dire : "Hé, je dois quitter mon siège, je reviens tout de suite”. C'était donc très beau de voir que quelque chose de très réel se passait par-dessus son épaule."
Créer un véritable concert
Pour que tout cela soit crédible, il a donc fallu imaginer un concert, des chansons, des décors, des tenues de scènes et des chorégraphies . Et c'est Saleka Shyamalan qui s'en est chargée. La fille du réalisateur a ainsi écrit et chorégraphié 14 chansons (dont une intitulée "Divine" enregistrée avec Kid Cudi qui joue d'ailleurs dans le film) qu'elle a ensuite envoyé aux nombreux figurants chargés d'apprendre les titres avant de venir assister au concert.
La jeune femme nous explique :"Il y avait beaucoup de choses à gérer. Au début je me demandais comment j’allais parvenir à équilibrer toutes ces choses : écrire les chansons, créer la chorégraphie, jouer…. Je ne savais pas à quoi consacrer le plus de temps. Il y avait tellement d'aspects à prendre en compte. Mais une fois que je m'y suis attelée, tout s'est nourri mutuellement d'une manière merveilleuse. La musique a nourri mon jeu d'actrice parce qu'elle m'a fait entrer dans le personnage. Le personnage m'a aidé à interpréter les chansons sur scène et à les chanter. La danse m'a aidé à écrire les chansons, parce que j'ai été inspiré en regardant les danseurs bouger au rythme de la musique,... C'était donc une incroyable collaboration entre toutes les formes d'art, et c’est ce que nous voulions dans ce film, réunir toutes ces formes d'art. D'ailleurs le processus de création du film a également été inspiré de cette manière."
Elle ajoute ensuite : "C'était un peu fou parce qu'il y avait tellement de choses à filmer, nous l'avons traité comme un vrai concert. Donc quand vous voyez le côté de Josh ou le côté du public, nous jouons vraiment pour eux sur scène, et nous sommes vraiment à fond afin qu'ils réagissent à quelque chose de réel.
Et puis, il y avait beaucoup de caméras qui tournaient, celles qui filmaient le concert, celle qui filmait la scène pour projeter sur l'écran géant derrière moi, et les caméras du film. Mon père dirigeait donc simultanément ces caméras et la caméra du film et s'assurait que tout fonctionne ensemble. Elles devaient toutes tourner en même temps lors d'une même prise. Nous ne montons pas les morceaux ensemble, il fallait donc que tout se mette en place dans un timing parfait pour chaque scène."
Un travail titanesque pour ce long métrage qui sort en salles ce mercredi 7 août.
Un lien avec The Watchers d'Ishana Shyamalan ?
Les fans de Shyamalan seront donc comblés puisqu'après Les Guetteurs (The Watchers en VO), premier film d'Ishana Shyamalan produit par son père, sorti au mois de juin dernier, voici donc Trap.
Lors de notre rencontre avec Ishana Shyamalan nous lui avions demandé si les deux films étaient liés. Cette dernière était restée assez vague dans sa réponse. On vous donne la réponse : les spectateurs les plus attentifs remarqueront au début de Trap, lorsque les fourgons du SWAT arrivent à la salle de concert, un panneau publicitaire affichant le titre The Watchers...
Et comme à son habitude M. Night Shyamalan fait un caméo dans Trap.