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    Nommé aux César, cet acteur est bouleversant dans Le Roman de Jim, en salle cette semaine
    Isaac Barbat
    Isaac Barbat
    -Rédacteur ciné-séries
    Biberonné aux films de genre dès son plus jeune âge, amoureux des monstres et de l'hémoglobine, ses excursions cinématographiques le mènent parfois jusqu'à Truffaut ou Duvivier… pour son plus grand plaisir !

    En salle cette semaine, Le Roman de Jim place la question de la paternité au cœur d’une chronique familiale bouleversante, signée des frères Larrieu. AlloCiné a pu les rencontrer, ainsi que Karim Leklou, tête d’affiche de ce long-métrage.

    Le Roman de Jim, au cinéma cette semaine

    Aymeric (Karim Leklou), photographe amateur, retrouve Florence (Laëtitia Dosch), une ancienne collègue de travail, au hasard d’une soirée à Saint-Claude dans le Haut-Jura. Elle est enceinte de six mois et célibataire. Quand le petit Jim naît, Aymeric est là. Ils passent de belles années ensemble, jusqu'au jour où Christophe (Bertrand Belin), le père naturel de Jim, débarque... Ça pourrait être le début d’un mélo, c’est aussi le début d’une odyssée de la paternité.

    Le Roman de Jim
    Le Roman de Jim
    Sortie : 14 août 2024 | 1h 41min
    De Arnaud Larrieu, Jean-Marie Larrieu
    Avec Karim Leklou, Laetitia Dosch, Sara Giraudeau
    Presse
    4,1
    Spectateurs
    3,9
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    Le Roman de Jim est adapté du roman éponyme de Pierric Bailly.

    L’intrigue du Roman de Jim se déroule dans la région de Saint-Claude, dans le Jura. Pourquoi ? Comment s’est passé le tournage ?

    Pierric Bailly (auteur du Roman de Jim) : Je suis jurassien, donc je connais bien le coin ! J’avais choisi Saint-Claude comme cadre pour le côté encaissé de la ville, multiple et multiculturel. J’aime beaucoup ce qui s’en dégage. C’est une ville ouvrière et les grandes entreprises ayant péréclité dans la région ces dernières années, ça a fait beaucoup de mal à l’économie locale et à tout le monde. Cette ville a une âme, une humanité qui m’intéresse particulièrement, pour des raisons sociales avant tout. J’avais décidé que ce roman serait celui du Haut-Jura.

    Jean-Marie Larrieu (réalisateur) : C’est plutôt notre terrain favori, de tourner hors de Paris, dans des territoires “inconnus”, même si c’est beaucoup dire, surtout qu’on adore la montagne. Mais des territoires nouveaux, en tous cas ! C’était très agréable, le tournage s’est très bien passé, avec pas mal de gens de la région. Le film a été adapté dans le Jura, là où se déroulait le roman. Nous avons demandé à Pierric de faire les repérages avec nous.

    Karim Leklou (acteur) : Je ne connaissais pas le Jura avant de venir ici, mais j’ai été ébloui par la région. C’est fantastique, et ça se retrouve dans le film. Je suis très attaché aux gens que j’ai rencontrés à Saint-Claude.

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    Pourquoi avoir décidé d’adapter ce roman de Pierric Bailly ? Quel a été le travail d’adaptation, avec les acteurs notamment ?

    Arnaud Larrieu : Je ne sais pas à quel moment on découvre l’âme d’un pays, je pense que c’est plutôt quand on y va. Mais à lire ce roman, il y avait une attraction. D’abord par la précision des personnages et de leurs activités : ils travaillent à l’usine la journée, remontent sur les plateaux de Bellecombe le soir… Là-haut, sur les plateaux montagneux, c’est un autre monde, c’est le western et le romanesque !

    Karim Leklou : Le roman de Pierric Bailly est assez formidable et l’adaptation des frères Larrieu a du sens. J’ai été très touché parce que tous les personnages font avec les événements. Au cinéma, faire les choses les plus simples, c’est souvent le plus compliqué. Là, il y avait un élan romanesque, puisqu’on suit le destin d’Aymeric et de Jim sur plus de 25 ans. C’est une histoire qui montre comment, dans l’intime, on est marqué par l’amour, à quel point l’amour peut vous élever et vous mettre à terre également. C’est hyper touchant, ancré socialement, fort. J’aimais l’idée que ce ne soit pas manichéen, que les personnages puissent faire des erreurs énormes par amour. C’est un destin universel ancré dans une région de cinéma très forte !

    Pourquoi avoir choisi Karim Leklou pour incarner Aymeric ? En quoi correspondait-il à son personnage ? Est-il lui aussi amateur de photographie ?

    Jean-Marie Larrieu : Il fallait trouver quelqu’un qui puisse jouer le personnage de Jim de 25 à 45 ans, donc ça réduisait le choix. On a rencontré Karim en dernier et on avait peur qu’il soit trop mélancolique pour le rôle. On a bu un café avec lui et, en dix minutes, on savait que c’était le bon !

    Arnaud Larrieu : C’est un personnage qui encaisse beaucoup, émotionnellement. Mais à chaque fois qu’il encaisse, il gagne en puissance, et ça Karim l’avait compris dès la première rencontre. Il est doux, gentil, intelligent. Il nous a très bien parlé du film et du personnage qu’il allait incarner, ça nous a convaincus.

    Pierric Bailly : Je ne voulais pas du tout intervenir, je ne voulais pas donner mon avis, mais j’ai été très emballé par le choix de Karim Leklou. Le tournage et la rencontre ont confirmé tout ça : il est proprement exceptionnel. Son visage, ses expressions, sa voix et son corps suscitent l’empathie et l’adhésion des spectateurs. Il s’est totalement approprié le rôle et s’est reconnu dans le personnage, sur la question de la paternité et la question sociale, le fait d’avoir fait des petits boulots, de l’intérim…

    Jean-Marie Larrieu : Il incarne d’ailleurs le personnage d’Aymeric avec toute la diversité présente dans le roman. Il fait de l’intérim, va en soirée techno’, fait la fête… Ce n’est pas le cliché de l’ouvrier déprimé, alcoolique ou violent. Il encaisse, mais rebondit et ne tombe jamais dans la violence.

    Karim Leklou : Ce personnage est une figure de gentillesse, de résilience même. Il ne cède pas à la colère, il fait face. Quand j’ai commencé le cinéma, je m’en rappelle, j’avais des fantasmes d’acteur autour des films de voyous, de gangsters ! (rires) Aujourd’hui, je me sens plus proche d’aller jouer un père de famille, dans mon existence. C’est un joli traitement des pères, du lien entre parent et enfant.

    Pour ce qui est de la photographie, je vais être sincère… Je suis un tocard ! Mais j’aime le traitement du temps qui passe : le personnage développe ses photos en négatif, puis il passe au numérique. Je suis très nostalgique des appareils photo jetables !

    Comment avez-vous choisi Eol Personne pour interpréter le petit Jim ? Dans quelles conditions se fait un tournage avec un enfant ?

    Jean-Marie Larrieu : Eol vient de Grenoble et avait joué dans des courts-métrages. On tenait à l’aspect physique, à créer un grand écart entre un petit blond et son père, le grand Karim. On voulait montrer ce lien de filiation malgré ce grand écart physique, et c’était l’une des grandes forces du roman. Ça s’est passé naturellement, Eol aime jouer et tourner !

    Karim Leklou : Il y avait plusieurs bébés pour interpréter le petit Jim, des remplacements, parce qu’au cinéma on n’a pas le droit de tourner un certain nombre d’heures avec des petits. C’est les seuls qui pouvaient vraiment improviser dans ce film ! (rires) J’avais passé des essais de casting avec Eol et j’ai été marqué par son regard.

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    Karim, comment êtes-vous parvenu à créer cette sensation de complicité avec vos partenaires ?

    Karim Leklou : C’est un beau casting ! Sara Giraudeau est solaire, Noée Abita est à mourir de rire avec ses solutions radicales, on dirait un personnage tout droit sorti d’un film des frères Coen. C’était la première fois que je tournais avec elle, mais c’était très simple, comme avec tous les acteurs de ce film. Je trouvais déjà que c’était une superbe actrice de drame et j’ai découvert une grande actrice de comédie.

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    Le Roman de Jim est la chronique d’une filiation, le film est lui-même tiré d’un roman… Quelles ont été vos références, notamment littéraires ?

    Arnaud Larrieu : Il y a un auteur américain qui s’appelle Jim Harrison. On aime sa manière de relier la nature aux gens. Le Jura, la présence des gens, la diversité… On peut trouver des liens !

    Karim Leklou : C’est une écriture presque Nord-Américaine. Sur le tournage, je pensais beaucoup à Steinbeck, notamment à Des Souris et des hommes. Je trouve ça très beau que les personnages soient pris dans la vie. La qualité du scénario m’a fait penser à celle de Moi, Daniel Blake, un film de Ken Loach, pour la gentillesse de son personnage. Le film fait la part belle à cette gentillesse mais montre que, par gentillesse, on peut aussi louper sa vie !

    Propos recueillis pour AlloCiné par Isaac Barbat.

    Le Roman de Jim, dès maintenant au cinéma.

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