Deux fois César du Meilleur réalisateur pour La Guerre du feu et L'Ours, Jean-Jacques Annaud est un nom qui compte dans le paysage cinématographique hexagonal. Alors quand celui à qui l'on doit Le Nom de la Rose (film où il a eu une très mauvaise expérience avec un grand acteur) nous révèle sa scène de cinéma préférée, on ouvre grandes ses oreilles et on profite de l'occasion cinéphile qui se présente.
La scène de cinoche préférée de Jean-Jacques Annaud est tirée de Dersou Ouzala, le chef-d'oeuvre d'Akira Kurosawa sorti en salles en 1976. L'histoire d'un officier-topographe russe qui, alors qu'il mène une expédition chargée d’explorer la région de l’Oussouri, rencontre Dersou Ouzala, un chasseur qui connaît parfaitement le territoire. Ensemble, les deux hommes affronteront une nature hostile et finiront par se lier d’amitié.
"Il y a une scène qui m'a toujours beaucoup frappée par sa simplicité, dans un film que j'aime tellement que j'en avais fait acheter une copie à l'époque où je préparais La Guerre du feu", nous racontait Jean-Jacques Annaud il y a quelques années. "Je travaillais à Londres et j'avais demandé à la 20th Century Fox d'acheter une copie de Dersou Ouzala, le film de Kurosawa, parce qu'il y avait un traitement des espaces, une harmonie avec le monde naturel qui me semblaient importants à comprendre et à faire comprendre à mes acteurs et mes techniciens."
"J'ai trouvé cette scène bouleversante"
"Il y a dans Dersou Ouzala une scène très simple avec ces deux hommes qui ne se sont pratiquement pas parlés, qui ne se sont pratiquement jamais rien dit", poursuit Jean-Jacques Annaud. "À un moment, le capitaine doit finir sa mission, on sent qu'il a beaucoup apprécié être avec ce vieux chasseur."
"Et il y a un plan large, qui dure... En avant-plan, il y a le vieux chasseur", détaille alors le cinéaste (l'interview d'Annaud accompagnée de la séquence en question est à découvrir dans notre player ci-dessus). "Le capitaine s'en va vers l'horizon en montant une colline enneigée et au bout de quelques dizaines de secondes, il se retourne et dit simplement "Dersouuuuuuu". Et le vieux Dersou répond "Capitaiiiiine". Et c'est à pleurer. Ce n'est qu'un plan large. Mais c'est la séparation. Et avec simplement ces deux noms, on sait que ces deux hommes se sont compris. J'ai trouvé ça bouleversant."
La bande-annonce de "Dersou Ouzala" :