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    "C'était mon coup de boule de Zidane" : le réalisateur du Nom de la Rose revient sur le plus gros échec de sa carrière
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Sorti en 2007, c'est peu dire que "Sa Majesté Minor" s'est fait tailler en pièce par la critique et le public. Le plus terrible échec jamais encaissé par Jean-Jacques Annaud dans sa carrière. Le cinéaste est récemment revenu dessus...

    Être un cinéaste mondialement reconnu, avoir une très solide carrière et afficher sur son tableau de chasse de nombreux succès dans sa filmographie, n'a évidemment jamais été la garantie ad vitam aeternam d'insolents succès au box office; comme une martingale inépuisable.

    Même un réalisateur chevronné et émérite comme Steven Spielberg a essuyé au cours de son immense carrière de cuisants échecs. A l'image du résultat catastrophique au box office de son West Side Story; un désastre financier absolu; le pire de sa carrière.

    Si Jean-Jacques Annaud a, dans ce registre, quelques douloureux retours de manivelle dans son parcours artistique avec des oeuvres n'ayant pas su ou pas pu trouver leurs publics, c'est peu dire que rien ne l'avait préparé à encaisser la gifle en forme d'uppercut qu'a été son film Sa Majesté Minor, sorti en 2007.

    Dire que cette fable se déroulant dans la Grèce Antique, à la fois rabelaisienne et fellinienne, portée par Vincent Cassel et José Garcia, s'est faite tailler en pièce par la presse et le public, relève encore de l'euphémisme...

    Armé d'un gros budget de 26 millions d'euros, Sa Majesté Minor n'a attiré qu'un peu plus de 139.000 spectateurs. Le pire résultat jamais enregistré pour Annaud. Même son film Or noir, très gros échec aussi et sorti quatre ans plus tard, avait attiré 215.000 spectateurs.

    Studiocanal

    "J'avais prévenu tout le monde que ca serait un projet très risqué"

    Jamais réticent à évoquer les hauts et les bas de sa carrière, Jean-Jacques Annaud est revenu dans le numéro de mai du magazine Les Années Laser sur ce cinglant échec.

    "Je voyais avec ce film l'occasion me renouveler, de sortir de ce que beaucoup considéraient comme ma zone de confort. Mon passé d'helléniste m'est revenu, j'ai pensé à l'aspect incroyablement transgressif, sexué, souvent violent, de la mythologie grecque" se souvient Annaud.

    "J'avais prévenu tout le monde que ca serait un projet décalé, paillard, tout sauf politiquement et cinématographiquement correct, donc très risqué... Et j'ai eu la confirmation, que ce soit au niveau de l'accueil critique ou commercial, haineux d'un côté, catastrophique de l'autre".

    Le tir de barrage de la critique fut effectivement violent. "Une grosse farce [qui] reste un produit d'une composition mystérieuse" avait asséné Ouest France. "Parler de ratage spectaculaire est sans doute encore faible" balançait entre autres amabilités le journal Libération. "Jean-Jacques Annaud signe hélas un film qui ne peut in fine prétendre qu'à un record : celui du mauvais goût. Navrant" écrivait Positif. Des critiques un peu plus tempérées par celles du Journal du dimanche, 20 minutes ou Le Parisien. Il n'empêche.

    Studiocanal

    "C'était mon coup de boule de Zidane"

    Annaud poursuit sa réflexion : "cet échec terrible, auquel je n'étais pas habitué, me renvoie d'une certaine manière au coup de tête de Zidane pendant le Mondial 2006 : un homme à qui tout souriait et qui a couru le danger de faire perdre son équipe parce qu'on avait insulté sa soeur. Sa Majesté Minor, c'est un peu mon coup de boule de Zidane dans mon propre cinéma".

    Pas question de renier son oeuvre cela dit. Annaud assume. "J'ai fait ce film en toute sincérité. Mon seul regret est d'avoir fait perdre de l'argent aux investisseurs qui avaient cru en lui. Ca, je reconnais que ce n'est absolument pas professionnel".

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