Une première ! Jamais Natalie Portman n'avait incarné de rôle conséquent sur le petit écran. Adaptée du roman éponyme de Laura Lippman, La Voix du lac - ou Lady in the Lake dans sa version originale - marque donc ses premiers pas dans le monde des séries.
Elle joue Maddie, une femme au foyer juive, qui s'improvise journaliste d'investigation après le meurtre d'une jeune militante noire, Cleo, interprétée par Moses Ingram.
L'histoire se déroule à Baltimore, en 1966. Deux ans plus tard, la ville deviendra le théâtre de violentes émeutes suite à l'assassinat de Martin Luther King Jr. Proposée par la créatrice israélienne Alma Ha'rel, la série nous embarque dans un récit nourri par de nombreux sujets toujours actuels, comme la misogynie, le racisme et l'antisémitisme.
Un monde hostile
Pour Natalie Portman, née en Israël de confession juive, et Moses Ingram, femme noire, ces thèmes résonnent forcément avec leur identité personnelle.
"J'ai été très intéressée par la façon dont la série explore ces individus qui subissent cette haine, sans nécessairement leur donner une leçon sur la façon dont ils traitent les autres, révèle Natalie Portman à AlloCiné. Je pense que c'est quelque chose que nous ne reconnaissons pas souvent, que l'on peut être opprimé et oppresseur."
Du côté de Moses Ingram, ciblée par des attaques racistes dès son apparition dans la série Star Wars, Obi-Wan Kenobi, le sujet de la discrimination tient un rôle important dans sa vie professionnelle :
"Il serait faux de prétendre le contraire. Je pense que j'avance en espérant que chaque jour, les choses changent un peu plus pour être plus égales qu'elles ne le sont actuellement."
Sous son vernis de thriller noir - avec quelques touches bienvenues d'horreur -, La Voix du lac est une série à-propos, dessinant le portrait de deux personnages féminins complexes faits de nuances et de paradoxes.
Le sujet est sublimé par une production aux moyens impressionnants. Des costumes aux décors en passant par la photographie, le résultat est spectaculaire.
Pour la créatrice Alma Ha'rel cette ambition a signé un changement radical avec ses expériences précédentes. "Mon premier film, c'était moi, une caméra et mon chien, lance-t-elle à AlloCiné. Tout à coup, je me suis retrouvée avec 300 ou 500 personnes sur le plateau, ce qui m'a fait perdre beaucoup d'innocence."
"Être une femme réalisatrice ne va pas sans difficultés, ajoute-t-elle. Certaines personnes ne vont pas vous faire confiance et supposer que vous ne savez pas ce que vous faites. Il y aura toujours des moments où vous réalisez que votre liberté vous est retirée et que vous devez vous battre pour la récupérer." Un sentiment que l'on retrouve dans la chair de cette série, à voir absolument.
Propos recueillis par Thomas Desroches, à Paris, le 11 juillet 2024.
La Voix du lac est disponible sur Apple TV+ et sur myCANAL.