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    MaXXXine au cinéma : une ambiance années 80 parfaite pour ce film interdit aux moins de 12 ans
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Après "X" et "Pearl", place à "MaXXXine". Le troisième (et dernier ?) volet de la saga horrifique de Ti West et Mia Goth. Qui nous plonge, cette fois-ci, dans le Hollywood de 1985, sur fond de tournages et de tueur en série menaçant.

    Ça parle de quoi ?

    Los Angeles, dans les années 80. Star de films pour adultes et aspirante actrice, Maxine Minx décroche enfin le rôle de ses rêves. Mais alors qu’un mystérieux tueur traque les starlettes d’Hollywood, des indices sanglants menacent de dévoiler le sombre passé de Maxine.

    MaXXXine
    MaXXXine
    Sortie : 31 juillet 2024 | 1h 44min
    De Ti West
    Avec Mia Goth, Elizabeth Debicki, Moses Sumney
    Presse
    3,6
    Spectateurs
    3,1
    Séances (40)

    3 bonnes raisons de voir "MaXXXine"

    Si vous aimez le cinéma d'horreur, la question ne se pose même pas, et ce qui suit pourrait avoir un impact très réduit sur vous. Sinon, voici quelques arguments.

    1 - La fin de la trilogie

    Si vous avez déjà vu (et aimé) le début et le milieu, il serait dommage de rater la fin. Qui n'a pas voulu connaître l'issue des retrouvailles entre Luke Skywalker et Dark Vador, après un premier combat qui a laissé le fils d'Anakin avec une main en moins ? Peut-on vraiment abandonner Le Seigneur des Anneaux avant que Frodon ne jette le précieux dans la Montagne du Destin ? Laisser Batman loin de Gotham, sans possibilité de se racheter et de prouver son statut de héros ?

    Bref, si vous avez déjà vu X et Pearl, il n'est pas nécessaire de beaucoup insister pour vous convaincre de ne pas passer à côté de MaXXXine. Qui peut, globalement, se comprendre indépendamment, à quelques détails près. Mieux vaut donc être à jour sur la saga de Ti West, histoire de mieux saisir l'ensemble. Et comme le hasard fait parfois bien les choses, les deux premiers volets ressortent au cinéma, en parallèle du troisième.

    Qui, pour ne rien gâcher, s'offre un beau casting, puisque Mia Goth est entourée par Elizabeth Debicki, Kevin Bacon, Michelle Monaghan, Lily Collins, Bobby Cannavale ou encore Giancarlo Esposito. Dans une histoire qui boucle la boucle (définitivement ?) du parcours de son personnage de Maxine Minx.

    2 - Bienvenue dans les années 80

    Trois films pour autant d'époques : la fin des années 70 pour X. La Première Guerre Mondiale pour Pearl, le prequel sur sa méchante (également jouée par Mia Goth). Et les 80's pour MaXXXine, sa suite. Plus précisément, le récit nous propulse dans le Hollywood de 1985, où les lueurs fluos des néons et les paillettes contrastent avec la noirceur et la saleté de certaines rues mal famées.

    "X se déroulait en 1979, et je ne voulais pas aller trop loin dans le temps avec MaXXXine. Je savais donc qu'il se déroulerait dans les années 80", nous dit le réalisateur Ti West lors de son passage à Paris. "Et ce qu'il y a de particulier avec l'année 1985, et son été plus précisément, c'est que vous avez d'un côté un endroit comme Hollywood, qui est l'un des plus glamours du monde, et de l'autre des bas-fonds sordides avec, en toile de fond, un tueur en série satanique qui assassine des gens sans que l'on ne sache pourquoi."

    "Mais il fonctionne comme la grippe espagnole dans Pearl : cela participe à l'atmosphère de l'époque, et permet de vous situer dans un temps et un lieu. Cela créé un sentiment de danger et des enjeux. Il ne s'agit pourtant pas d'une autre histoire sur le Traqueur de la Nuit, qui a déjà donné lieu à d'autres films et documentaires. Je voulais que ce soit comme si vous viviez et travailliez à Hollywood en 1985 : vous pensez être dans un endroit extraordinaire et glamour, mais il y a un autre aspect de la vie sur place."

    Condor Distribution

    C'est effectivement l'une des grandes forces du film : sa capacité à immerger le spectateur dans l'époque dépeinte, en lui donnant l'impression d'y être plutôt que devant une reconstitution fétichiste. Y compris dans sa manière d'aborder ses références, le giallo en tête : "Cela faisait longtemps qu'il n'y avait pas eu de giallo américain, donc je me suis dit que nous devions y aller. Et, en ce qui concerne le côté plus sombre d'Hollywood, il y a un certain nombre de films qui font office de capsule temporelle."

    "Il y a notamment Descente aux enfers, Angel ou Les Rues de l'enfer. Ils ne sont pas nécessairement comme MaXXXine, mais ils existent dans le même monde. Ce qui est amusant avec les années 80, c'est qu'elles sont souvent représentées aujourd'hui, mais de façon kitsch, pop et commerciale. Moi je voulais donner un sentiment de vécu."

    "Donc si vous faites un film en 1985, tout ce que vous voyez à l'écran ne doit pas dater de 1985. Très peu de choses le devaient même, car les voitures, vêtements ou meubles n'appartiennent pas à la génération qui, à ce moment précis, aurait adopté la tendance la plus populaire."

    Ce qui est amusant avec les années 80, c'est qu'elles sont souvent représentées aujourd'hui, mais de façon kitsch, pop et commerciale. Moi je voulais donner un sentiment de vécu

    "Il y en a peut-être un peu, mais on voit trop souvent des films qui ne reprennent que les jambières les plus populaires ou les coiffures les plus étranges de l'époque. Alors que tout le monde ne les avait pas. Si vous regardez les annuaires des lycées de 1985, tout le monde n'a pas l'air d'être sorti de The Wedding Singer, mais c'est ce que tous les films montrent."

    On ne sait pas si c'est dû au fait que son action se déroule l'année de sortie de Retour vers le futur, mais le soin apporté à la reconstitution fait de MaXXXine l'un des plus beaux voyages dans le temps de l'année.

    3 - Du cinéma qui parle de cinéma

    La "lettre d'amour au cinéma" est devenue une tarte à la crème depuis quelques années. Mais il y a quand même de cela dans la trilogie de Ti West. Dont deux films se déroulent dans le milieu, et qui met en avant plusieurs genres et formats : l'horreur, bien sûr, mais également le thriller et le porno, ou encore la pellicule, la VHS ou le Technicolor. "Oui, l'idée était que cela tourne autour de la fabrique des films", confirme le metteur en scène.

    "Un grand succès, pour moi, serait que les gens qui voient ces films aiment les histoires et personnages, mais également qu'ils aiment être en compagnie des films. Si vous aimez les films que j'aime, qui couvrent toutes sortes de styles et de générations, et que vous voyez MaXXXine au cinéma, c'est fantastique. Mais si vous le ratez et que vous le regardez plus tard à la télévision, vous pourriez vous demander ce que c'est."

    "Ou bien encore que vous ayez toujours envie de le regarder si vous l'avez déjà vu plusieurs fois. Je ne peux pas expliquer pourquoi certains de mes films préférés me plaisent, mais j'aime être en leur compagnie. Et cela a à voir avec l'esthétique, avec les personnages, avec un sentiment." Un cadre qui lui permet également de parler du puritanisme, fil rouge très actuel des trois intrigues, et de son impact sur le cinéma, sans pour autant chercher à faire un commentaire social.

    Condor Distribution

    "L'idée n'a pas été de se dire 'Faisons une histoire sur la confrontation avec le puritanisme' mais, ceci dit, les personnages de X étaient un peu libérés pour l'époque. Or, dans le cinéma d'horreur de ce type, ils sont punis par des personnages puritains plus âgés, pour ce mélange de sexe, de drogues et de rock'n'roll. J'ai trouvé plus intéressant de voir que les personnages plus âgés étaient tout simplement jaloux, envieux et rancuniers, et cela m'a semblé être une nouvelle perspective sur cette histoire. Et ce thème, ce choc des générations, est devenu partie intégrante du film."

    "Puis, au fil des autres films, il était difficile d'avoir quelque chose de transgressif, de controversé ou même de progressiste sans avoir le revers de la médaille. Dans le cas de Pearl mais aussi - et surtout - de MaXXXine, cette panique morale et les pulsions puritaines des plus conservateurs à l'encontre des arts ont été intégrées à l'ensemble. À tel point que le film qu'ils tournent ici s'appelle Le Puritain, pour garder tout ceci dans l'éther."

    BONUS - Martin Scorsese est fan de la trilogie

    En septembre 2022, alors que le public français attendait encore de découvrir X en salles, Martin Scorsese devenait le meilleur ambassadeur de Pearl, tout juste sorti aux États-Unis, en précisant qu'il était "captivé, perturbé et mal à l'aise", à tel point qu'il avait eu du mal à s'endormir ensuite. Le réalisateur de Taxi Driver qui persiste et signe en vantant les mérites de MaXXXine et du travail "audacieux et totalement cinématographique" de Ti West.

    Pour le réalisateur, la trilogie se compose de "trois histoires liées qui se déroulent dans trois moments différents de la culture cinématographique, en réfléchissant sur la culture générale." Et il n'est donc pas surprenant de le voir, aux côtés de Quentin Tarantino ou Edgar Wright, parmi les cinéastes remerciés par Ti West dans le générique de MaXXXine : "Il m'a beaucoup soutenu, aussi bien sur Pearl que sur celui-ci, en coulisses", nous raconte le metteur en scène.

    Les remerciements s'inscrivent dans la capsule temporelle du moment où il film a été fait, en mettant en avant ceux qui étaient là, sans même avoir besoin d'aider le film en question. Martin Scorsese a été l'un d'eux

    "Pas de manière à ce qu'il y ait des grandes histoires à raconter sur son implication. Mais il a été un vrai supporter de ma trilogie, en disant des choses aussi gentilles ou en organisant des projections de MaXXXine. Et, pour moi, ces remerciements s'inscrivent dans la capsule temporelle du moment où il film a été fait, en mettant en avant ceux qui étaient là, sans même avoir besoin d'aider le film en question. Martin Scorsese a été l'un d'eux. Et c'est un peu fou de le voir là, aux côtés de gens que j'ai connus toute ma vie."

    Si nos arguments, sur MaXXXine et les films précédents, ne vous ont pas convaincus, espérons que Martin Scorses saura vous encourager à aller voir la conclusion sexy et sanglante de la trilogie de Ti West.

    Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Paris le 5 juillet 2024

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