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    Présenté à Cannes, ce film a un score de 100% sur Rotten Tomatoes : découvrez Santosh au cinéma
    Isaac Barbat
    Isaac Barbat
    -Rédacteur ciné-séries
    Biberonné aux films de genre dès son plus jeune âge, amoureux des monstres et de l'hémoglobine, ses excursions cinématographiques le mènent parfois jusqu'à Truffaut ou Duvivier… pour son plus grand plaisir !

    Thriller implacable et brillante critique sociale, Santosh est à découvrir cette semaine au cinéma. Présenté à Cannes dans la catégorie Un certain regard, le film fait l’unanimité, avec notamment un score de 100 % sur Rotten Tomatoes.

    Santosh mène l’enquête

    Après la mort de son mari, la jeune Santosh (Shahana Goswami) hérite de son poste et devient policière comme la loi le permet.

    Santosh
    Santosh
    Sortie : 17 juillet 2024 | 2h 08min
    De Sandhya Suri
    Avec Shahana Goswami, Sanjay Bishnoi, Sunita Rajwar
    Presse
    3,8
    Spectateurs
    3,9
    louer ou acheter

    Lorsqu’elle est appelée sur le lieu du meurtre d’une jeune fille de caste inférieure, Santosh se retrouve plongée dans une enquête tortueuse aux côtés de la charismatique inspectrice Sharma (Sunita Rajwar), qui la prend sous son aile.

    Copyright Taha Ahmad

    Sous ses airs de thriller subtil et insidieux, Santosh est avant tout un portrait féminin d’une grande finesse et le cri d’alerte d’une réalisatrice engagée, Sandhya Suri, contre la normalisation des violences faites aux femmes dans son pays d’origine, l’Inde. Décryptage.

    “J’étais dans l’impasse”

    Née en Angleterre de parents indiens, Sandhya Suri destinait sa carrière à prendre la direction de la réalisation documentaire avant de se heurter à une cruelle réalité : il n’est pas possible de tout filmer. Outrée depuis son plus jeune âge par le traitement des femmes en Inde, dont elle tire ses origines familiales, la jeune cinéaste avait à cœur d’alerter sur la banalisation des violences dont ses pairs sont victimes. Mais malgré d’importants travaux de recherches et de préparation, impossible pour elle de traiter son sujet comme elle le désirait.

    J’ai fait cette fiction car il est impossible de faire un documentaire sur la police indienne, explique-t-elle. J’avais envie d’un projet sur la violence faite aux femmes en Inde. Je suis allée voir des ONG, mais je ne suis pas une cinéaste militante, et je ne parvenais pas à trouver un moyen de raconter l’histoire de manière adéquate. Je ne souhaitais pas simplement montrer la violence, mais traiter le sujet de l’intérieur. J’étais dans l’impasse.

    Nommée à deux reprises au prestigieux festival de Sundance, ainsi qu’aux BAFTA, pour des longs et courts-métrages tels que I for India et The Field, Sandhya Suri raconte que c’est à l’occasion d’un fait divers particulièrement violent qu’elle est parvenue à définir le prisme de son projet, appelé à devenir Santosh.

    Est survenue [en 2012] « l’affaire Nirbhaya » – ce viol collectif d’une jeune femme dans un bus à Dehli –, qui a fait la une des médias dans le monde entier. La presse a montré les manifestations de femmes à Dehli, et sur une photo, parmi les policiers en charge du maintien de l’ordre, il y avait une seule et unique femme. Je n’arrivais pas à saisir l’expression de son visage : qu’avait-elle en commun avec ces autres femmes ? Comment réagissait-elle face à leur impuissance ? Quel pouvoir ressentait-elle dans son uniforme ? J’ai pensé également aux violences policières, qui sont un autre grand sujet. Je me suis alors dit que cette femme serait au bon endroit pour raconter l’histoire.

    Copyright Taha Ahmad

    Des premières critiques plus qu’élogieuses

    Pari réussi pour la cinéaste, puisque Santosh est parvenu à obtenir la validation des critiques du monde entier. Sur le site Rotten Tomatoes, le film a décroché le score parfait de 100 % à sa sortie et a créé l’unanimité auprès de célèbres rédactions, telles que celles de Variety, Time Out ou encore IndieWire. La raison de ce succès ? Un habile mélange de genres et d’idées, aboutissant à un équilibre plus que remarquable.

    D’abord, son intrigue, qui emprunte aux plus grands titres du genre : Le Silence des agneaux, Mystic River ou encore Les Nuits de Mashhad, autant de références convoquées par Santosh pour créer un suspense haletant et maintenir les spectateurs sur le qui-vive.

    La très populaire Shahana Goswami, vedette montante du cinéma indien, parvient quant à elle à éveiller l’empathie par la tendresse qu’elle apporte à son personnage de Santosh, jeune veuve légèrement en marge de la société que la perte du mari vient mettre à mal.

    Perturbée par ses premières investigations, cette enquêtrice inexpérimentée n’a pourtant pas dit son dernier mot et compte bien tout faire pour se faire respecter et gagner la confiance de ses collègues. La mort d’une adolescente, symptomatique des violences faites aux femmes, va mettre le feu aux poudres et réveiller en Santosh l’envie de se dévouer corps et âme à son nouveau métier pour trouver le coupable.

    Copyright Taha Ahmad

    Inspirant et courageux, le personnage de Santosh est la figure même d’une nouvelle génération de femmes indiennes déterminées à se battre pour leurs droits. Santosh se reconnaît dans la victime, comme beaucoup de femmes craignant d’être elles-mêmes au cœur d’un sinistre fait divers. “Nous avons beaucoup discuté de cet aspect avec les actrices sur le plateau, explique la réalisatrice, de leur relation en miroir.

    Miroir d’une société en crise où les femmes cherchent à faire entendre leur voix, thriller implacable et parfaitement orchestré, Santosh est à découvrir en salle dès maintenant.

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