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    Dos Madres : entre le mélodrame et le film noir, ce long-métrage inspiré d’un vrai scandale qui a marqué l’histoire espagnole est à voir au cinéma
    Solène Boutillier
    Solène Boutillier
    -Rédactrice ciné-séries
    Bercée aux rediffs de Walker Texas Ranger, Docteur Quinn et tant d'autres, elle raffole des séries en tout genre, sans jamais oublier son amour pour les comédies musicales et les œuvres fantastiques.

    À voir en salle, le film Dos Madres revient, à travers l’histoire de deux mères et de leur fils, sur un scandale qui a ébranlé l’Espagne moderne : les 300 000 bébés retirés à leurs mères par le régime franquiste pendant plusieurs décennies.

    Ça parle de quoi ?

    Il y a 20 ans, on a séparé Vera de son fils à la naissance. Depuis, elle le recherche sans relâche, mais son dossier a mystérieusement disparu des archives espagnoles. Il y a 20 ans, Cora adoptait un fils, Egoz. Aujourd'hui, le destin les réunit tous les trois. Ensemble, ils vont rattraper le temps perdu et prendre leur revanche sur ceux qui leur ont volé.

    "L’histoire d’un crime atroce"

    "Ça va être une histoire de terreur. Ça va être une histoire policière, un récit de série noire, et d’effroi. Mais ça n’en aura pas l’air parce que c’est moi qui raconterai." Avec cette citation du romancier et poète chilien Roberto Bolaño en introduction de son tout premier long-métrage de fiction, le réalisateur espagnol Víctor Iriarte nous prépare pour toute la nuance et la subtilité de son projet cinématographique.

    Dans Dos Madres, présenté à Venise en 2023, dans la section Giornate degli Autori, et à découvrir dès aujourd’hui en salle, il met en scène l’histoire de deux femmes, deux mères : l’une est prête à tout pour retrouver son enfant, l’autre est prête à tout pour ne pas perdre le sien. Leur rencontre, mais avant tout la solidarité et le respect mutuel qui en découlent, vont changer le cours de leur existence.

    Shellac

    Si ce résumé quelque peu sommaire semble annoncer un mélodrame classique, il n’en est rien. Par son style d’une singularité déconcertante, au croisement des genres, Víctor Iriarte dépeint une histoire de vengeance, de violence, de cruauté, de séparation, mais aussi de persévérance, de rencontres, d’amitié, et de beaucoup plus encore.

    Car à travers Vera, Cora et Egoz, le réalisateur revient sur une affaire tragique bien réelle : entre 1940 et les années 1980, des milliers de bébés, environ 300 000 enfants selon les estimations des associations, ont été volés en Espagne pour des raisons idéologiques. Un scandale de l’histoire espagnole contemporaine qui apporte une autre ampleur à ce film d’une grande humanité !

    Lola et Ana sont Vera et Cora

    Pour porter ce long-métrage et donner corps à ces personnages dans toutes leurs nuances, Víctor Iriarte a eu le plaisir de s’entourer de deux grandes actrices espagnoles. Lola Dueñas, que les amateurs du cinéma de Pedro Almodóvar reconnaîtront sans aucun doute pour ses rôles dans Volver, Étreintes brisées et Les Amants passagers, incarne Vera, cette mère piégée par le système et en quête de vengeance.

    Shellac

    Face à elle, dans le rôle de Cora, la mère adoptive, Ana Torrent confirme toute l’étendue de son talent, elle que les spectateurs ont pu découvrir sur grand écran dès son plus jeune âge, seulement âgée de 7 ans dans L'Esprit de la ruche de Victor Erice. "Initialement, j’étais intimidé, j’avais peur de cette icône, de ce visage, de ces yeux qui incarnent tout une histoire du cinéma espagnol," confie le réalisateur lors d’un échange avec le cinéaste Isaki Lakuesta.

    Leur fils est quant à lui interprété par Manuel Egozkue, que Víctor Iriarte connaissait par le théâtre, et qui fait ici ses débuts dans un long-métrage.

    Dos Madres est à découvrir dès aujourd’hui au cinéma.

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