On l’a découvert à la télévision dans Les Bracelets Rouges, on l'adoré sur scène avec Le Cercle des poètes disparus et cette semaine c’est dans un premier rôle au grand écran qu'on retrouve Audran Cattin avec Le Larbin. Pour AlloCiné, le comédien revient sur sa carrière.
AlloCiné : comment avez-vous découvert la comédie ?
Audra Cattin : J'étais dans un collège à Bordeaux où il y avait une option "ouverture" : ouverture pâtisserie, ouverture cheval, etc... Et j'ai eu la chance de tomber sur "ouverture théâtre" avec un prof de français incroyable, qui était un peu mon monsieur Keating dans Le Cercle des poètes disparus et qui m'a donné envie de faire ce métier-là. Je me suis dit que je voulais absolument faire ça tout le temps donc je suis rentré dans une troupe extra-scolaire de théâtre. J’y suis resté de mes 12 ans à 18 ans et j'y ai vécu mes plus belles années.
Vous avez été révélé avec "Les Bracelets Rouges", est-ce que vous vous voyez toujours avec les autres comédiens de la série ?
Oui. En plus, là on a fait une sorte de réunification pour la saison 5, les anciens sont revenus donc on a pu se revoir. Sinon, je vois beaucoup Louna Espinosa, qui était mon amoureuse dans la série. J’ai revu Azize Diabate Abdoulaye à l'occasion de la sortie, et on se tient beaucoup au courant, on s'appelle pas mal. Tom Rivoire, lui, c'est un gros voyageur, il est souvent à l'étranger donc on se voit un peu moins. Et puis les équipes techniques aussi, on se voit pas mal parce que c'était la même pendant trois ans. C'est un peu comme Harry Potter, à moindre échelle bien sûr, mais j’ai grandi avec toute cette team donc c'est une famille.
Vous avez regardé les autres saisons ?
Je n'ai pas encore vu la saison 5, mais j'ai vu la saison 4 et je les trouve formidables. Je les ai rencontrés, ils sont adorables et je les trouve très talentueux.
C'est un peu comme Harry Potter, à moindre échelle bien sûr, mais j’ai grandi avec toute cette team donc c'est une famille
Qu’est-ce que cette expérience vous a apporté ?
Quand je suis arrivé sur Les Bracelets rouges, ce qui m'a manqué et ce que je voulais retrouver après au théâtre, c'était un peu l'excentricité que j'ai naturellement. Au début, on m'a dit : "Fais en moins, fais en moins, fais en moins", parce que j'en faisais des caisses, mais ça m'a permis d'avoir un jeu très naturaliste. C'est trop bien parce que maintenant, au cinoche, je joue de façon hyper naturelle.
Mais pour Le Larbin, c'est marrant parce que mon jeu naturaliste crée un peu une sorte de comédie hybride parce que tout le monde en fait trop, et moi, par contre, je crois à tout. Je suis hyper naturaliste, hyper premier degré, là où parfois, sur certaines scènes, j'aurais pu ajouter un peu plus de comédie. Et pour la suite de ma petite carrière, j'aimerais vraiment faire beaucoup de comédie parce que je me rends compte que c'est très précis, très rigoureux, peut-être plus que le drame, et qu'à partir du moment où tu fais rire les gens, tu peux leur faire passer plein de messages.
On vous voit également du théâtre, avec la troupe du "Cercle des poètes disparus”. Avec une vraie émotion sur scène...
On a été assez surpris. Il y a eu plein de mélanges. Ça a été l'accueil du public, ce qu'on raconte, et les standing ovation tous les soirs. On a été vraiment bouleversé par ça. Et le fait d'être une troupe, une bande. On s'aime. Donc tout se mélange. Et quand tu finis une histoire, et que les gens se lèvent, et que tu sens que ton métier a été utile... Même de le dire, ça me fout les frissons. Dire que ce métier est utile avec ce côté populaire de l'art, dans le bon sens du terme, le divertissement qui fait du bien, avec un message simple qui ne prétend pas révolutionner la philosophie, qui dit juste "saisir l'instant".
Pas "fait n'importe quoi yolo", c'est n'est pas ça Carpe Diem. C'est prendre conscience de qui tu es, d'où tu viens et tu saisis l'opportunité de la vie. La vie est tellement courte. Et ça, quand tu vois que ça touche énormément de gens, et que tu n'as pas fait un truc pouet pouet populaire de m****, c'est bouleversant. Tu vois que tu as fait du bien aux gens. Quand tu te rends compte qu'il y a des gens qui sauvent des vies et que ton métier de comédien-saltimbanque, est un peu futile, quand tu fais rire des gens, ça te fait du bien.
Je crois que je préfère le confort du théâtre
Maintenant que vous faites les deux, avez-vous une préférence entre cinéma et théâtre ?
Je crois que je suis de nature à aimer le théâtre et son côté "spectacle vivant", d'avoir cette interaction directe avec le public, la chaleur, le côté sportif d'éprouver une pièce pendant deux heures. J’ai besoin d'avoir tout l'ensemble de la pièce pour pouvoir être ému à la fin. Par exemple, dans Le Cercle des poètes disparus, je joue un petit con tout le long pour après apprendre et être beaucoup plus dans le côté dramatique. J'ai besoin de cette évolution-là pour vraiment ressentir et arriver à la scène finale. Là où le cinéma, tu viens de bouffer à la cantoche et tu dois te taper une grosse scène où tu dois chialer, par exemple. Cette immédiateté-là, je peux l'avoir, mais je crois que je préfère le confort du théâtre.
Je joue mieux quand j'arrive à m'oublier
On verra ce que la vie m'amène, mais pour l'instant, j’adore le théâtre et le côté troupe aussi, le fait de m'oublier, que l'ego prenne moins de place. Être acteur au cinéma est un métier d'images, tu te vois tout le temps, et ça, moi, je sais que ça me pèse parce que je suis ultra-sensible et que je joue mieux quand j'arrive à m'oublier que quand je sens que je suis le centre de l'attention. Au fur et à mesure du temps je vais prendre de l'assurance et je vais arriver à me détendre. Mais dans une équipe de foot, je suis plus milieu défensif, je ne suis pas attaquant. J'aime être dans un groupe et dans Le Cercle des poètes disparus justement, il n'y a pas de rôle principal. C'est choral et j'adore ça.
Dans ce film, "Le Larbin", c'est la première fois que vous êtes la tête d'affiche d'un film. C'est une pression ?
Oui, évidemment. Je ne peux pas nier ça, c'est évident. Mais c'est cool parce que c'est arrivé au bon moment. J'ai passé le casting du Larbin il y a trois ans, j’avais 26 ans. Si j'avais eu un premier rôle comme ça à l'âge des Bracelets Rouges j'aurais été moins prêt et j'aurais mis beaucoup d'ego, ça aurait été trop tôt. Là, c'est une pression, mais une bonne pression. Tu as un objectif, tu sais où tu vas, tu as envie de bien faire ton travail. C'est plus la pression de vouloir faire un beau film plutôt que de vouloir briller.
Est-ce que ça impressionnes de travailler avec des partenaires comme Kad Merad et Clovis Cornillac ?
Un peu au début, forcément. Mais dès le tournage, ils te mettent au même stade qu’eux. C'est bienveillant, on est collègues, on travaille, point barre. Il n'y a pas de question de star ou je ne sais quoi. En fait, tu te rends vite compte que ce sont plus les gens autour qui créent la starification. Mais c'est normal, c'est notre métier d'images qui crée ça. Mais non, aucun souci avec eux, c'est des gens normaux, bienveillants et talentueux.
C'est plus la pression de vouloir faire un beau film plutôt que de vouloir briller
Quel était le challenge dans ce rôle ?
Le Larbin c'était très épuisant parce que c'était deux mois non-stop. La comédie demande beaucoup de rythmiques et de précisions donc c’était fatigant. Et puis j'ai décidé de faire mes cascades tout seul donc je me suis rajouté ça alors que j'aurais pu me tranquilliser. Puis aussi le fait d'être premier rôle sur un film c’est dur, là où Les Bracelets rouges, on était plusieurs, c'était choral, donc c'était plus étendu sur le temps.
Vous vous êtes également essayé à la musique. Est-ce que vous aimeriez en faire quelque chose à l’avenir ?
Oui, j'ai déjà sorti des EP et j'ai un album en préparation. Mais j'ai appris à ne pas trop me disperser. Comme je suis très curieux, je faisais beaucoup de choses, donc j'ai essayé de me canaliser un peu pour pas être moyen partout. Mais être curieux permet d'accumuler des "skills". Par exemple, je joue du saxophone et pour ma pièce de théâtre en ce moment ça a été une valeur sûre pour le rôle. J’ai aussi envie de savoir faire de la danse, de jouer de la batterie donc j'ai pris des cours de batterie. Tu vois, même là, sur Le Larbin, j'ai fait du cheval donc pour le futur ça peut me servir. D'ailleurs, pour le casting, ils m'ont demandé si je savais faire du cheval, j’ai dit oui... mais en fait pas du tout ! Donc ils m'ont payé des cours après.
Propos recueillis à Paris le 11 juin 2024 par Romane Balderani et Nina Dorso