De quoi ça parle ?
Josie, sa soeur Billie et leur mère célibataire Deb manquent souvent de discernement et leur estime d’elles-mêmes se basent sur des personnes qui ne se préoccupent pas le moins du monde d’elles. Vaniteuses, égoïstes, lourdement endettées, en manque pathologique d’affection, elles débordent d’un amour mal placé et gênant.
Such Brave Girls, une série créée par Kat Sadler avec Kat Sadler, Louise Brealey, Lizzie Davidson
Humour noir et grands moments de gêne
Il n'y a pas si longtemps, une scène gênante de sitcom était celle d'un enfant qui surprenait ses parents au lit. Le premier épisode de Such Brave Girls va un peu plus loin lorsque Josie (interprétée par la créatrice de la série, Kat Sadler) entre dans la cuisine et voit sa mère Deb (Louise Brealey) partager un moment intime avec son petit ami Dev (Paul Bazely) au-dessus de l'évier... Voilà qui donne le ton d'une comédie qui fait grimacer, ne plus savoir où se mettre et rire en même temps.
La série, qui a remporté le BAFTA (équivalent des Emmys outre-Manche) de la meilleure comédie, se concentre sur la vie désordonnée des sœurs Josie et Billie (interprétée par Lizzie Davidson, la vraie sœur de Kat Sadler), de leur famille et de leurs amis. C'est un monde où l'on compte chaque sou, où l'on se défile et où l'on essaie de s'amuser malgré les difficultés quotidiennes liées au manque d'argent et aux problèmes de santé mentale.
Ce n'est pas Friends, c'est certain. Ce n'est pas une sitcom tournée en studio avec un public qui dit aux téléspectateurs quand il faut rire. Quand le rire survient chez le téléspectateur, c'est toujours au pire moment. Et certaines scènes du premier épisode sont aussi douloureuses à regarder que terriblement drôles. Problèmes relationnels, menaces de suicide, violence. Kat Sadler a ce génie de réussir à nous faire prendre conscience de la situation aussi terrible que pathétique de cette famille, tout en nous faisant pleurer de rire.
Une famille dysfonctionnelle
Such Brave Girls nous présente une cellule familiale pas ordinaire. Josie et Billie sont toutes deux adultes mais vivent encore avec leur mère. Josie est une lesbienne encore dans le placard, profondément déprimée qui parle souvent de son récent séjour dans un service psychiatrique et qui essaie de "se trouver", ce qui consiste à rompre avec son petit ami qui la soutient de manière complaisante.
De son côté, Billie n'a qu'une idée en tête et un objectif dans la vie : trouver un homme qui ne la quittera jamais – contrairement à leur père, parti acheter du thé dix ans plus tôt sans jamais revenir. Et cerise sur le gâteau, leur mère Deb (Louise Brealey, hilarante de franchise), a elle aussi un objectif très clair : s'assurer de trouver un petit ami qui a une belle et grande maison en mentant sans réserve sur sa vie et sa famille. Et en intimant l'ordre à Josie de ne surtout pas parler de sa santé mentale en présence de Dev.
Elles sont absolument horribles les unes envers les autres, et envers tout le monde. Mais elles fonctionnent ainsi pour une raison, qui devient plus claire au fur et à mesure que la saison avance. Mais surtout, elles sont tristement, brutalement drôles.
Presque vrai
Mais il y a aussi des moments de franche rigolade, sans malaise, comme lorsqu'une séance de décoloration de cheveux tourne mal parce qu'un sac plastique a été posé sur la tête de Billie pendant le processus et elle se retrouve avec le nom de la marque imprimé sur ses cheveux. L'alchimie entre les deux sœurs est sans surprise très forte. D'autres touches comiques sont plus subtiles. Et Kat Sadler ne va pas chercher le rire par la gêne à tout prix.
Si, au fur et à mesure des épisodes, on se dit que tout cela va bien trop loin pour être vrai, il faut se raviser... Au cours de la promotion de la série au Royaume-Uni en novembre dernier, Kat Sadler et Lizzie Davidson ont confie s'être inspirées de leur vie pour la série.
"Tous les traumatismes dont nous parlons dans la série sont vrais – je ne me sentirais pas à l'aise d'écrire sur ce sujet autrement", confie Sadler à ABCNews. On comprend alors que l'humour est sa façon de reprendre le pouvoir. Car lorsque l'on peut rire de quelque chose, ce n'est plus aussi effrayant.
Les deux premiers épisodes de Such Brave Girls sont diffusés mercredi 3 juillet à 22h15 sur Canal+ et disponibles sur MyCanal. Deux épisodes par semaine.